Assis à mon bureau, un verre de cognac en main, je me frottais la tempe du bout de l’index en fixant le dernier document légal signé par Peyton Stone, son testament. Elle me l’avait fait parvenir il y avait un peu moins d’un mois de ça, avec des modifications substantielles. Cependant, ma cliente à ce moment était en proie à des idées noires et caressait l’idée de divorcer de son époux, de congédier son manager, de trainer en justice un pauvre roadie maladroit.

Mon cognac avait un goût amer.

Je venais de perdre ma cliente la plus lucrative bien que la plus exigeante.

Ma cravate était complètement dénouée, ma veste lâchement suspendu de travers sur mon fauteuil et j’avais défait mes boutons de manchette pour rouler les manches de ma chemise.

Je déposais mon verre et reprit le document entre mes mains pour en refaire la énième lecture. Normalement, je n’avais aucun scrupule à agir comme je m’apprêtais à le faire mais ce soir, j’avais un sentiment que ma secrétaire nommait comme étant des remords. Pouvais-je vraiment avoir des remords à agir contre les dernières volontés de ma cliente ?  

Le document que j’avais entre les mains ne différait pas beaucoup de la version précédente. Il avait été modifié en vitesse sous le coup de l’émotion, je pouvais invoquer un trouble de santé mental et prétendre que ma cliente n’avait pas toute sa tête au moment de modifier son testament.

- Si ce que je m’apprête à faire se sait, je risque la perte de mon droit de pratique et ma réputation !

Glenda, ma secrétaire me répondit d’un signe de tête avant de me tendre un briquet que je prit entre mes doigts puis , posant mon verre sur mon bureau, je saisi la dernière version du testament de Peyton Stone et en le tenant au-dessus de ma corbeille à papier, j’en allumais un coin à l’aide du briquet. Il ne fallu pas longtemps pour que le document de plusieurs pages ne s’enflamme et que je le laisse tomber dans la corbeille vide.

- Il n’y avait que moi qui savait qu’elle avait modifié son testament.

Le testament complètement consumé, je poussais du pied la corbeille vers Glenda qui, avec sa jupe beaucoup trop serrée, dû s’accroupir pour la ramasser et aller la vider dans la cuvette. Personne ne saurait lire des cendres mais je préférais ne prendre aucune chance.

Je repris une gorgée de mon cognac et je grimaçais. Il avait toujours ce goût amer et peu satisfaisant. Ça irait mieux quand la lecture officielle du testament de la défunte serait lue et connue de tous.

- Glenda, trouve moi ce Delfino Alvarez. Je dois aussi contacter Howard Stone, June et Holden Stone, Timmy Evans et, compose le numéro de l’hôpital où se trouve Faith Bennett. Elle doit produire du lait pour nourrir les bébés.

Parce que jusqu’à preuve du contraire, Howard Stone ne saurait pas encore en faire et que Peyton tenait absolument à ce que ses bébés soient nourrit le plus naturellement possible. Ce n’était pas mentionné dans le testament mais lorsque nous en étions encore à établir les termes de l’entente avec la mère porteuse, très prévoyante, Peyton avait émit la possibilité qu’elle ne soit pas en mesure de nourrir ses bébés et que, si tel était le cas, la mère porteuse devrait assurer cette tâche si toutefois elle en avait la possibilité.

Je me frottais encore les tempes en réfléchissant à comment j’allais régler ce détail qui, en ce moment, était plus un caillou dans ma chaussure tant cela était insignifiant en comparaison à tout ce qui était en suspens.

@ Billy Lighter