J’étais chez Collins.

Parce que Howard.

Etait en Afrique.

Et les jumeaux.

Etaient avec leur papy

Et mamy.

J’aimais bien…

Etre chez Collins.

C’était un beau…

Petit appartement.

Avec des briques apparente.

Et une belle décoration.

Toute simple.

Qui rappelais un peu…

L’ambiance de Noël.

Je m’y sentais bien.

J’étais dans le salon.

Concentré.

En train de trier.

Tout un tas de photos.

C’était des photos que j’avais prises.

Moi-même.

Des fois en studio.

Des fois chez Howard.

Ces derniers temps.

J’en avais fait beaucoup.

Surtout des jumeaux.

Et plus récemment encore.

De ma filleule.

La petite Lola.

J’étais calme.

J’étais bien.

Les voix me laissaient

Un peu de répit.

Et Collins

N’y était pas pour rien.

Ma garde du corps,

Etait plus une amie.

Qu’une simple roadie.

De chez MTI.

Dexter vint presque de moi.

Pour réclamer des caresses.

Que je lui donnai.

Avec plaisir.

-J’aime cette photo-là… Dexter…

C’était une photo d’Howard et moi.

Avec chacun un des bébés jumeaux.

Sur les bras.

Dans la cuisine.

J’entendais la voix de Collins.

Au téléphone.

Mais je n’y faisais pas vraiment

Attention.

Je collai la photo.

Dans l’album que j’avais commencé

A remplir.

-Comme ça… Si un jour… Si un jour mon cerveau oublie… Des choses… je pourrai me rappeler.

Je dû demander à Jack Perry de me répéter deux fois si ce n’était pas trois, ce qu’il venait de m’annoncer. BSC venait d’être informé de l’horrible nouvelle concernant Olivia Cortez et Howard Stone et tentait à leur tour d’avertir les proches des artistes disparus. Il n’était pas question de décès, bien que dans les circonstances, les chances de les retrouver en vie étaient minces.

Je me passais une main sur le visage puis je me retournais à moitié pour jeter un coup d’œil par-dessus mon épaule vers David qui continuait de remplir son album photo, un petit projet qui le tenait occupé pendant son séjour chez moi. J’adorais passer du temps avec lui et je devais même avouer que sa présence chez moi me faisait du bien.

David et moi avions développé une très belle relation, une amitié solide qui dépassait largement les limites de mon engagement professionnelle envers lui. Je renoncerais volontiers à mon salaire si je n’en avais pas besoin pour vivre.

- Ok. Merci d’avoir prévenu. Oui, ça ira je… Enfin, je trouverai. Merci.

Je reposais le cornet du téléphone sur son socle et j’allais me prendre un grand verre d’eau, le visais d’un trait puis je rejoignis David au salon qui disait que, si un jour il oubliait, il pourrait regarder les photo et ainsi se souvenirs de ces beaux moments. Doucement, je m’accroupissais au sol jusqu’à finir assise sur le sol, près de mon ami et je posais ma main sur la sienne.

- David, je dois te parler de quelque chose de très sérieux.

J’avais ouvert la porte de la conversation et je le regrettais déjà, cependant, je n’avais pas le choix de le faire. Ce n’était qu’une question de temps avant que la presse ne s’empare de la nouvelle et la répande comme une trainée de poudre.

Je ne pouvais pas broder autour du sujet, ça ne ferait que prolonger le supplice et David n’avait pas besoin d’être infantilisé. Il n’était pas attardé, il était juste très sensible.

- L’avion dans lequel voyageait Howard et Olivia s’est crashé dans la jungle. Pour le moment, ils ignorent s’ils vont bien car ils n’ont pas été retrouvés dans l’avion contrairement aux…

Je toussotais et même, je réprimais un petit frisson en imaginant le triste sort des pilotes.

- Les corps des pilotes ont été retrouvés. Les gens qui sont sur place croient qu’Howard et Olivia doivent avoir fuit le danger de l’avion. Ils vont ratisser un très, très large périmètre pour les retrouver.

Ça n’avait rien de rassurant mais comme je l’avais dit à Jack, tant qu’il n’y avait pas de corps, il y avait de l’espoir. C’était à ça que nous devions nous raccrocher.

Il y avait plein de photos.

J’étais vraiment content.

Et puis remplir l’album.

Etait une tâche apaisante.

Et agréable.

Mais tu sais David…

Ce qui arrive quand ça

Quand ça va trop bien.

Non.

Non, je ne veux pas…

Croire ça.

Tout va super bien.

Pourquoi ça changerait ?

Je collai la photo.

Puis pris mon stylo.

Et écrivit lentement.

« Howard et Pénélope. David et Phénix. »

Comme ça…

Je n’oublierai pas.

-Hein, Dexter….

Je caressai encore.

La tête de Dexter.

Entre ses oreilles…

Il…

Il adorait ça.

Il remuait la queue.

David, je dois te parler de quelque chose de très sérieux.

Collins était près de moi.

Elle était pas au téléphone ?

Si…

Non.

Enfin…

Elle a fini.

Son coup de fil.

J’ai pas suivi.

Je relevai doucement

Le regard vers elle.

-Très sérieux ?... Tu ne… Tu ne vas pas… démissionner ?

J’avais peur.

Là d’un coup.

Elle allait m’abandonner ?

Oui.

Non.

Non, elle…

Elle ne ferait pas ça.

Je regardai sa main.

Posée sur la mienne.

Qui tenait mon stylo.

Je déposai le stylo.

L’avion dans lequel voyageait Howard et Olivia s’est crashé dans la jungle. Pour le moment, ils ignorent s’ils vont bien car ils n’ont pas été retrouvés dans l’avion contrairement aux…

J’ouvris de grands yeux.

Et ma mâchoire tomba doucement.

Je soufflai…

Presque sans voix.

-Non…

Les corps des pilotes ont été retrouvés. Les gens qui sont sur place croient qu’Howard et Olivia doivent avoir fui le danger de l’avion. Ils vont ratisser un très, très large périmètre pour les retrouver.

Je secouai la tête.

-NON !

Howard !

Il ne pouvait pas !

Il ne pouvait pas

Avoir disparu !

-United for… Youth… A dit que c’était… C’était sans danger… Qu’ils seraient… en sécurité.

Je pris ma tête.

Dans mes mains.

Et gémis.

Il est mort, David !

Comme Kayden !

MOUHAHAH

The Burning Fire est maudit.

Savannah va mourir aussi.

The Burning Fire.

Finira en cendres.

-NON !

Je me levai brusquement.

Faisant voler des photos.

Des éclats de souvenirs.

Un peu partout.

Je pointai Collins du doigt.

Furieux maintenant.

-NON ! Tu es incohérente !

C’était ce qu’on

Me disait souvent.

Je filai à la cuisine.

Et en tremblant.

Cherchai frénétiquement.

Mes médicaments.

Car le stress.

La tristesse.

Faisait revenir les voix.

Un long soupire s’envola d’entre mes lèvres quand je raccrochais le téléphone après ma conversation d’avec Jack Perry. J’avais comme une énorme boule d’appréhension qui flottait dans mon estomac et même, qui remontait dans ma gorge. Je regardais David quelques longues secondes avant de me décider d’aller le rejoindre au salon. Je ne pouvais pas lui cacher l’information, elle serait diffusée largement dans les prochaines heures, ça ne faisait aucun doute. Je ne pouvais pas non plus jongler avec des métaphores sucrées comme on le ferait avec un enfant qui n’a pas encore le concept de la mort et de la vie. David n’avait pas un retard mental, il était simplement très anxieux et très sensible.

Je m’installais près de lui au sol, entre le divan et la table du salon sur laquelle se trouvait des dizaines de photos que David triait pour monter son album. Elles étaient toutes très belles et il se plaisait à les regarder. Moi aussi, avant que le téléphone ne sonne.

Sans tourner autour du pot, je lui annonçait avoir quelque chose de très sérieux à lui annoncer. Je mettais la table, pour la suite des choses, pour qu’il puisse se concentrer sur ce que j’avais à lui dire, pour qu’il fasse une transition entre les photos et ma nouvelle.

- Non, je ne vais pas démissionner. On ne démissionne pas d’une amitié.

Je caressais doucement son bras en esquissant un frêle sourire puis je repris mon courage pour lui confier ce que je venais d’apprendre. Je lui avouais tout simplement ce que je savais, sans édulcorer mais sans trop en mettre. Juste les grandes lignes, enfin, conformément à ce que Jack m’avait dit lui-même.

David souffla un non puis en souffla un autre, plus fermement avant de dire que United For Youth avait dit que le voyage était sans danger et que la sécurité d’Howard et d’Olivia était garantie.

- Je sais… C’est ce qu’ils ont dit mais…

Pouvions-nous vraiment garantir qu’un vol était sans danger ? Non ! Les compagnies aériennes se prévalaient de ce risque en inscrivant dans les tous petits minimes infimes caractères qu’en achetant un vol, nous avions conscience qu’un accident était une possibilité. Ça faisait partie des closes hors de contrôle.

Bref ! Le résultat était là et nous devions affronter la réalité de ceux qui restaient dans l’attente des nouvelles.

Bonnes ou mauvaises, nous les attentions.

David prit sa tête entre ses mains et poussa un gémissement douloureux alors que je frottais son dos doucement. Puis il se leva en faisais voler les photo et d’un doigt accusateur pointé sur moi, il m’accusa d’être incohérente. Il alla ensuite vers ma cuisine alors, je me levais moi aussi et m’y dirigeais. Il semblait chercher quelque chose.

- Je sais que tout cela est… incohérent.  Je…  David. Je n’ai fait que te transmettre la nouvelle que Jack vient de me donner. J’aimerais tant te dire autre chose, pouvoir te jurer que ce n’est pas vrai mais… je ne peux pas… Je le voudrais tellement !

Ma voix était tremblante, j’avais beaucoup de chagrin. J’étais inquiète pour Howard et Olivia, j’avais mal pour David et je stressais. Ça faisait beaucoup d’émotions différentes à gérer et intégrer et l’émotifs n’était pas ma tasse de thé.

- On doit attende le prochain appel de Jack… On va prendre ça une heure à la fois, d’accord ?

Non, je ne vais pas démissionner. On ne démissionne pas d’une amitié.

Je souris.

Sans…

Sans la regarder

Dans les yeux.

Parce que j’y arrivais pas.

Mais je pouvais voir.

Sa bouche.

Et elle…

Elle ne souriait pas.

Quoi qu’elle ait à dire.

C’est mauvais, David.

Très mauvais.

Je mordis ma lèvre.

-Quoi, alors ?

David !

Quoi ?

Non.

Pas fuir.

Il fallait que j’écoute.

Ce que Collins.

Devait me dire.

Howard…

Howard avait disparu.

Un crash.

Disparu.

Il est mort, David !

Comme Kayden !

Tout le monde t’abandonne.

Tu vas finir seul.

A l’hôpital psychiatrique.

Et tu ne pourras plus.

Faire de musique.

The Burning Fire.

Fireworks.

C’est fini.

Mais ils avaient dit !

Ils avaient promis !

Que tout irait bien !

Je sais… C’est ce qu’ils ont dit mais…

Je ne pouvais pas y croire.

Mon cerveau

Se retourna dans mon crâne

Mon cœur…

Mon cœur allait éclater.

J’avais envie de vomir.

Et un peu envie de mourir.

Même si ça aussi…

Ça me faisait peur.

Je gémis.

De douleur.

Littéralement.

Parce que quand mon corps

Etait soumis à un stress

J’avais mal

Très mal.

Mes membres se liquéfiaient.

Je me levai brusquement.

Manquai de perdre l’équilibre.

Et en tremblant.

Cherchai ma bouée de sauvetage.

Du Xanax.

Je sais que tout cela est… incohérent.  Je…  David. Je n’ai fait que te transmettre la nouvelle que Jack vient de me donner. J’aimerais tant te dire autre chose, pouvoir te jurer que ce n’est pas vrai mais… je ne peux pas… Je le voudrais tellement !

Je secouai la tête.

J’avais trouvé la boîte.

Mais j’arrivais pas

A l’ouvrir

Tellement je tremblais.

-C’est ma faute… C’est… J’aurais du… Allez avec lui… C’est ma faute. J’y ai pensé… au crash… J’en ai rêvé…

C’était ma faute.

Parce que mon esprit.

Avait un grand pouvoir.

Ce que je pense.

Ce que je rêve.

Devient réel.

On doit attendre le prochain appel de Jack… On va prendre ça une heure à la fois, d’accord ?

Et cette foutue boîte !

Qui ne veut pas s’ouvrir !

-ET MERDE !

Je la balançai à travers l’appartement.

Pris ma tête entre mes mains.

Et me laissai glisser à terre.

En pleurant.

-J’en peux plus… J’en peux plus… Je veux mourir.

Quand j’eue annoncée à David que j’avais quelque chose de très important à lui dire, i demanda si j’allais lui remettre ma démission. Je crois que cela aurait été plus simple comme discussion à avoir parce qu’en réalité, si je quittais mon job auprès de lui, je demeurerais son amie, ça ne faisait aucun doute. Ce que j’avais à lui dire était tout autre, bien plus compliqué, douloureux et effrayant. Ce que j’avais à lui dire était tellement abstrait que même moi je ne savais pas par quel bord le prendre. Il y avait tant d’incertitude et peu d’espoir !

La panique s’empara de David, je pouvais la sentir monter comme le mercure grimpe sur un thermomètre. Ce n’était qu’une question de temps avant que le presto ne saute.

Évidement, il se souvenait que United For Youth avaient certifié la sécurité d’Howard et d’Olivia mais le fait était que même avec toutes les précautions du monde, personne ne pouvait anticiper et éviter un crash d’avion.

Le gémissement que poussa David me tordit le cœur.

Je savais que tout ce que je pourrais dire, absolument tout, n’aiderait en rien mon ami à se calmer, le temps de filtrer les information et trouver une toute petite lueur d’espoir à laquelle s’accrocher. Si j’avais pu avoir une baguette magique et l’agiter pour aider la situation d’une manière ou d’une autre je l’aurais fait.

David se leva brusquement et les photos volèrent au sol. Je regardais les souvenirs éparpillés avant de me lever à mon tour et de suivre David jusque dans ma cuisine. Il était à la recherche de quelque chose, son médicament probablement. Il n’y avait que ça pour l’aider à se calmer en situation de crise.

Il m’accusa d’être incohérente, il avait raison ! Il n’y avait absolument rien de cohérent dans ce que nous étions entrain de vivre. Pourquoi la vie s’acharnait sur Howard ? N’avait-il pas eu son lot de mauvais sorts depuis la mort de sa femme ?

Doucement, je m’approchais de David qui forçait sur sa boîte de Xanax pour l’ouvrir. S’il faisait mine de me la tendre, je l’aiderais mais pas avant. Je ne voulais pas entrer dans sa bulle et le brusquer. Et puis peut-être que de se battre avec le couvercle l’aidait à passer tout ce qu’il ressentait de stressant.

David tremblait alors qu’il se culpabilisait en avouant avoir rêvé au crash et qu’il aurait dû y aller avec Howard. Je connaissais le sentiment qu’il exprimait mais il n’était pas légitime. Même s’il était allé avec Howard, il n’aurait pas pu empêcher l’accident. Je croyais fermement que lorsque nus étions destiné à quelque chose, ça se produisait que l’on le veuille ou non. Puis, si David y était allé, nous serions en attente de nouvelles de trois disparus…

Tout ce que je pouvais lui dire était que nous devions attendre le prochain appel. Nous devions passer au travers une heure à la fois.

David lança sa boîte de Xanax au travers mon appartement avant de se laisser aller au sol en prenant sa tête entre ses deux mains et de pleurer. Mon cœur se serra davantage, je me sentais tellement impuissante. J’allais chercher les comprimés et je retournais auprès de David, m’installant au sol à ses côtés.

Il n’en pouvait plus, le pauvre. Je ne pouvais que le comprendre ! Si je pouvais prendre pour moi ne serait-ce que la moitié de son stress et de sa douleur, je le ferais !

- Je sais… C’est très difficile d’encaisser tout ça.

Je lui ouvris les bras pour le prendre contre moi, s’il en avait envie. Je resterais là avec lui aussi longtemps qu’il en aurait besoin.

- On va attendre le prochain appel… Quoi qu’il arrive, je ne bougerai pas, je reste avec toi.

Je ne pouvais pas lui promettre que tout irait bien, je n’en avais aucune putain d’idée mais une chose était certaine, je ne le laisserais pas tomber !

Non.

Non, ce n’était pas vrai.

Ce n’était

Pas réel

J’avais encore peur.

De quelque chose

Qui n’était pas réel.

Ça m’arrivait souvent.

Avoir peur.

Paniquer.

Parce que je voyais des choses.

Parce que j’entendais des choses.

Ou que je sentais des choses.

Ou que je croyais.

Que j’allais mourir.

Pff…

C’était con.

Parce qu’il y avait d’autres fois

Où je voulais mourir.

Pour que tout s’arrête.

Pour que la douleur s’en aille.

Parce que flipper.

Ça fait mal.

Vraiment mal.

Et cette boîte de Xanax

Qui ne veux pas s’ouvrir !

Nom de Dieu !

-Bordel !

Je bavais…

Et les larmes coulaient.

Tout en même temps.

Cette boîte.

Pouvait pas sauver Howard.

Mais elle pouvait.

Me calmer moi.

Au moins pour un temps.

Juste un petit coup de pouce.

Mais pas moyen.

Je ne voyais plus Collins.

J’étais trop envahi.

Par ma propre peur.

Dans ces cas-là.

Mes sensations…

Me rendaient vraiment…

Vraiment égoïste.

Parce que Collins aussi.

Devait être triste.

Avoir peur.

Même si elle connaissait

Un peu moins Howard que moi.

Puis je m’en voulais.

Parce que j’avais imaginé

Le crash.

Je l’avais vu.

Et ce que je pense.

Surtout le pire.

Devient réel.

Jamais ce qui est bien.

Toujours le mauvais.

Je balançai la boîte.

Et me laissai aller à terre.

Il fallait que mes larmes sortent.

Que mes gémissements sortent.

Le Dr. Storm…

M’avait dit.

De laisser sortir.

De ne pas retenir.

Mais surtout.

La clé.

C’était de parler.

Et soudain.

Collins réapparut.

Dans ma réalité.

Je sais… C’est très difficile d’encaisser tout ça.

Elle avait ouvert mes bras.

Je tressautais.

Sous les sanglots.

Doucement,

En tremblant.

Je la pris dans mes bras.

Et la serrai contre moi.

Sa chaleur me rappelait.

Que dans la Mort.

Il y avait toujours le Vivant.

Je pleurais dans le creux de son cou.

Mouillant son t-shirt.

Je m’accrochai à elle.

Seule personne tangible.

Dans un monde qui partait en morceaux.

On va attendre le prochain appel… Quoi qu’il arrive, je ne bougerai pas, je reste avec toi.

Merci.

Tout haut, c’est mieux.

-Merci…

Je sentis.

Dans ses mains entre mes omoplates.

La boîte de Xanax.

J’éloignai un peu.

Collins de moi.

-Tu… Tu veux bien ouvrir et… m’en donner un ? S’il te plait.

Le temps qu’elle faisait ça.

Je serrai mes bras.

Autour de moi.

J’avais une furieuse envie

De me balancer

D’avant en arrière.

Parler.

Il fallait que je parle.

-J’ai peur…

Je tentai de regarder

Collins.

Sans succès.

-Qu’est-ce… que… Je vais faire ? Sans Howard ? Je vais me retrouver… à l’hôpital… Ou dans une maison… Spéciale… Et ça je veux pas…

J’étais égoïste.

Et je m’en rendis compte.

-Il y a des gens qui… Qui cherchent Howard ? Déjà ?

Je regardai le sol.

Etendit mes jambes

Liquéfiées.

-Tu as… Peur toi ? Comment c’est… de ressentir les choses… Quand on a pas… Tu sais…

Je fis un moulinet de la main

Au niveau de ma tempe.

Il n’y a rien de pire au monde que ce moment où l’on peu voir la réaction dans les yeux d’un être cher après l’annonce d’une mauvaise nouvelle. Je venais de la voir passer dans le regard de David et je devais supporter maintenant le rôle de l’oiseau de malheur. J’aurais préféré que Jack m’appel pour me dire qu’Howard avait trouvé l’amour de sa vie, prise deux, en Afrique et qu’il désirait prolonger son voyage plutôt que d’annoncer à David qu’on était sans nouvelle de son ami et de la chanteuse, Olivia Cortez.

La réaction de David fu vive, à la hauteur de sa douleur, sans filtre et tant pis pour les photos qui valsaient comme feuilles au vent. Avoir ressenti exactement ce qu’il avait ressenti, j’aurais probablement fais la même chose, pire même.

Je ne connaissais pas Howard comme le connaissait David. Je ne partageais pas une grande amitié avec le batteur pourtant, cette nouvelle m’affectais. Beaucoup. La vie pouvait parfois être tellement injuste. Pourquoi toujours s’acharner sur la même tête ? Pourquoi toujours chercher à enfoncer quelqu’un qui tentait de faire le bien autour de lui ? Howard avait accepté de se rendre en Afrique pour apporter son soutiens et du bonheur.

J’avais suivis des yeux la trajectoire de la boite de Xanax au travers de mon appartement et, quand David se laissa aller au sol, j’allais simplement chercher la boite avant de retourner auprès de mon ami qui avait besoin plus que jamais de réconfort. Je lui ouvrit mes bras et il fit de même. On s’étreignait comme ça, tout simplement, sur le plancher de ma cuisine. Il pleurait et je lui balayais le dos de mes mains. Il n’y avait rien de plus à faire, son chagrin devait sortir et mon t-shirt était prêt à absorber toutes les larmes qu’il y déverserait.

Je resterais là avec lui, au sol ou ailleurs, tant et aussi longtemps qu’il aurait besoin de moi. Je ne le laisserais pas tomber et je lui en fis la promesse. Je traverserais cette violente tempête avec lui.

David brisa un peu l’étreinte pour me demander de bien vouloir lui ouvrir la boîte de Xanax et de lui en donner un.

- Bien sûr !

Rapidement, je me levais et lui prit une bouteille d’eau puis je j’ouvris la boîte et vidais un comprimé dans ma main que je lui tendis avec la bouteille.

- Tiens. Ça ira mieux après.

David, après avoir prit son médicament, avoua avoir peur. Rien de plus normal ! J’avais peur, moi aussi ! Avec se sentiment, venait un tas de questions. Je n’avais pas toutes les réponses et il était beaucoup trop tôt pour y songer mais je supposais que dans son état, il était normal de voir une tempête quand il ne tombe que quelques flocons.

- David, je vais te faire une promesse, d’accord ? Quoi qu’il arrive, tu auras toujours ta place ici, chez moi, avec moi. Je ne laisserai personne t’amener à l’hôpital ou ailleurs où tu ne veux pas être.

Je pris sa main dans la mienne et je déposais un baiser dessus. Il comptait pour moi, comme s’il était l’un de mes frères. Je donnerais ma vie pour eux. Je donnerais ma vie pour David !

- Oui…Enfin, Jack m’a dit qu’il y avait une équipe de recherche locale qui arpentait tout le périmètre et qu’il était question que des gens d’ici s’y rendre. Probablement envoyé par la fondation ou bien… Ils sont connus, peut-être que le gouvernement s’en mêle…

J’avais déjà entendu ça une fois. Un couple de milliardaire Américain avait été porté disparue en Thaïlande et le gouvernement avait envoyé une équipe de recherche sur place.

David me demanda ensuite si j’avais peur. Je fis oui de la tête avant d’inspirer profondément alors qu’il voulait savoir comment c’était de ressentir les choses quand on n’avait pas sa particularité. Je secouais un peu la tête en soulevant mes épaules. Je cherchais comment l’expliquer sans que ça soit trop abstrait alors qu’en réalité, ce n’était que ça, de l’abstrait.

- Eh bien… J’ai comme une boule ici, dans mon ventre et… euh…Elle gonfle et se dégonfle, comme une douleur latente et parfois, quand ma peur devient encore plus grosse, ça va jusque dans ma tête. On dirait que… le son…en fait c’est comme si je portais ton casque anti-bruit, tout est feutré à l’exception des battements de mon cœur qui sont eux très très fort. C’est ce que je ressens, quand j’ai peur et en ce moment, je ressens cette boule dans mon ventre. Elle me donne l’impression de nausée.

DAVID !!!

DAAAAAAAAAVID

MOUHAHAHA !!

Howard ne reviendra pas.

Il est mort.

Non.

Non il ne l’est pas.

Mais si.

L.A.PEOPLE

Va le dire.

Tu es seul,

David.

A jamais.

C’est toi.

Qui maudit The Burning Fire.

Non !

Si.

J’étais dans les bras

De Collins.

Et je pleurais.

Je pleurais pour Howard.

Je pleurais pour moi.

Je pleurais.

Parce que j’avais peur.

Et la peur.

C’est la porte ouverte.

Aux voix.

Aux films que mon cerveau.

Aime se faire.

Il me fallait du Xanax.

Juste pour aider un peu.

Collins l’avait en main.

Il m’en fallait.

Bien sûr !... Tiens. Ça ira mieux après.

Je pris le cachet.

La bouteille.

Et les joues toutes mouillées.

Avalai le Xanax.

Puis je baissai les yeux.

En soupirant.

DAVID !

Ce ne serait pas assez.

Pour les voix.

Pour le hurlement.

Qui me vrillait la tête.

Mais ce serait assez.

Pour arrêter de pleurer.

Je ne voulais pas.

Que mon avenir.

Se résume à l’hôpital.

Et il me semblait que

Sans Howard.

C’était là que j’allais…

Finir.

David, je vais te faire une promesse, d’accord ? Quoi qu’il arrive, tu auras toujours ta place ici, chez moi, avec moi. Je ne laisserai personne t’amener à l’hôpital ou ailleurs où tu ne veux pas être.

Je hochai la tête.

Tordant douloureusement

Mes mains.

-Mmm… Merci… Collins. Vraiment.

Je ne voulais…

Etre un boulet pour personne.

Tu en es un, David.

Pour Howard.

Howard.

Qui cherchait Howard ?

Jack m’a dit qu’il y avait une équipe de recherche locale qui arpentait tout le périmètre et qu’il était question que des gens d’ici s’y rendre. Probablement envoyé par la fondation ou bien… Ils sont connus, peut-être que le gouvernement s’en mêle…

Je laissai échapper.

Un sanglot.

-Je veux aller le chercher… Je veux… aller le chercher moi-même.

Il me semblait

Que c’était la seule

La seule chose logique à faire.

Si on se perd.

On se perd ensemble.

Je voulais moi aussi

Etre englouti par la jungle.

Je voyais bien…

Que Collins n’était pas bien

Non plus.

Alors je voulus savoir.

Comment c’était

Pour les autres.

Comment ils géraient.

La peur.

L’angoisse.

Eh bien… J’ai comme une boule ici, dans mon ventre et… euh…Elle gonfle et se dégonfle, comme une douleur latente et parfois, quand ma peur devient encore plus grosse, ça va jusque dans ma tête. On dirait que… le son…en fait c’est comme si je portais ton casque anti-bruit, tout est feutré à l’exception des battements de mon cœur qui sont eux très très fort. C’est ce que je ressens, quand j’ai peur et en ce moment, je ressens cette boule dans mon ventre. Elle me donne l’impression de nausée.

J’avais écouté.

-Han… Je vois…

Attentivement.

Comptant sur la voix de Collins.

Pour supplanter

Mes voix à moi.

-Moi j’ai… J’ai mal partout… C’est… très douloureux et ma tête… Mon cœur… Va exploser. Mon cœur bat vite et fort.

Je passai ma langue

Sur mes lèvres.

-Et j’entends tout… Tout très fort. Tous les petits bruits. Deviennent assourdissants. Envahissants… Il y en a même… qui…

Je réprimai un sanglot.

Frottai mes yeux.

Avec mon avant-bras.

-Y en a même qui… N’existent pas… Je ne sais plus… Ce qui est réel… Et ce qui ne l’est pas.

DAVID !

Je me retournai brusquement.

Faisant un bond.

Je me relevai difficilement.

Et recommençait à pleurer.

Criant à qui voulait l’entendre.

-Laissez-moi ! Laissez-moi tranquille !

La réaction de David était vive mais totalement justifiée. Si l’on m’annonçait ce genre de malheur pour un membre de ma famille ou pour Abel, je crois que je serais déjà en train de mettre le monde sans dessus dessous. Puis connaissant assez bien David depuis le moment, je savais qu’en dedans de lui, ça devait exploser de partout. Le vol plané de la boîte de Xanax était donc minime à comparer de ce qu’il devait avoir envie de faire.

J’allais la lui chercher et je lui en donnais un avec une bouteille d’eau. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à faire à l’instant présent, sauf absorber le choc et attendre que ça se calme…Si pour autant cela venait par se calmer.

David se faisait déjà des scénarios sur ce qui lui arriverait. Je voulais qu’il comprenne… qui sache et qu’il en soit certain. Jamais, au grand jamais, je ne le laisserais tomber ! Je serais toujours auprès de lui et je ne laisserais personne l’amener là où il n’avait pas envie d’aller. Je ne serais pas capable de toute de ne pas agir sans réagir. David me remercia et je lui caressais les mains en lui souriant doucement.

- Mais, c’est tout naturel, David. Tu comptes pour moi.

Il était pour moi bien plus qu’un contrat ! Il était un ami que je considérais comme un frère et si parfois les frères sont emmerdants, lui, il était comme le dernier de la fratrie. Celui qu’on protège et qu’on traine partout.

Parce qu’il voulait savoir qui est-ce qui cherchait Howard sur le terrain, je lui expliquais ce que Jack m’avait dit un peu plus tôt. Je ne savais pas s’il m’avait dit ça pour me que je puisse plus facilement rassurer David mais je faisais confiance à Perry. Puis il ne fallait pas oublier que Jimmy Reed était le père d’Olivia Cortez, elle aussi disparue alors je me disais qu’il ferait en sorte de remuer ciel et terre à coup de milliers de dollars pour qu’on retrouve sa fille saine et sauve. Sinon, à quoi ça servait d’être pété de thunes si ce n’était pas pour s’en servir quand ça comptait vraiment ?

- Oui… mais non. Je ne crois pas qu’on te laissera aller sur le terrain. Ils vont faire gaffe que ça ne soit que des gens expérimentés pour éviter les accidents ou bien une autre disparition.

Je reconnaissais bien le sentiment de David, j’aurais envie de faire exactement la même chose, à sa place ! Je voudrais m’y rendre et retourner chaque buisson, soulever toutes les roches, vider les rivières, à la recherche du moindres petits indices. Je me sentirais tellement impuissante à tourner en rond dans mon appartement ! C’était bien beau et généreux comme intentions mais la réalité demeurait la même. Valait mieux rester ici et attendre le prochain appel.

J’expliquais à David ce que ça me faisait, ce que je ressentais quand j’avais peur. Ce n’était pas facile comme exercice que de verbaliser cette sensation mais je crois que j’étais parvenue à mettre les bons mots sur ma peur et comment elle agissait sur moi. Ça devait être différent pour chaque personne, peut-être que certains, même morts de trouille parvenait à garder la tête froide.

Pas moi.

David se prêta lui aussi à l’exercice en m’expliquant comment de son côté il vivait la gestion de la peur. Je le regardais, désolée d’entendre à quel point ça lui pourrissait jusque les entrailles. Si je pouvais prendre toute sa peur ou en partie, je le ferais volontiers mais malheureusement ça ne fonctionnait pas comme ça. Puis il se leva brusquement, manquant de me renverser au passage et, pleurant à chaudes larmes, hurla qu’on le laisse tranquille. Je me levais et lui parlais doucement.

- Ça ira David, ça va aller. Viens, on va retourner au salon. Si tu veux, allonges toi sur le divan et je vais masser ta tête. On mettra un film rigolo à la télé pour passer le temps… le temps que ça passe. Ok ?

Je ne voulais pas.

Retourner à l’hôpital.

Je ne voulais pas.

Que tout ce que j’avais

Réussi à plus ou moins

Reconstruire

S’effondre.

Mais Collins.

Collins ne laisserait pas…

Faire ça.

Mais, c’est tout naturel, David. Tu comptes pour moi.

Elle comptait.

Pour moi aussi.

Même si parfois.

Souvent.

Je pouvais paraître.

Distant.

Sans aucune émotion.

Alors qu’en dedans.

Je bouillonnais.

Alors qu’à l’intérieur.

Ça explosait.

Sans que j’arrive

A verbaliser.

Pour l’instant.

Je ne voulais qu’une chose.

Retrouver Howard.

Retrouver ma vie.

Comme s’il n’était

Jamais rien arrivé.

Oui… mais non. Je ne crois pas qu’on te laissera aller sur le terrain. Ils vont faire gaffe que ça ne soit que des gens expérimentés pour éviter les accidents ou bien une autre disparition.

Han…

-Han… Je comprends…

Je ne pouvais rien faire

J’étais impuissant.

Et ça faisait rigoler.

Toutes les voix.

Je voulais savoir.

Comment c’était pour Collins.

Parce que même si.

J’étais tourné vers moi-même.

Vers mon propre ressenti.

Je savais

Je sentais

Que la nouvelle.

Faisait mal à Collins aussi.

Comment c’était…

Pour elle ?

Elle me l’expliqua.

Puis je lui expliquai.

Puis la peur revint.

Me tordant les tripes.

Faisant battre mon cœur.

A le faire péter.

Et tendant mes muscles.

Jusqu’à la déchirure.

Les larmes revinrent.

Collins se mit dans mon champ de vision.

Juste ce qu’il fallait faire.

En me parlant doucement.

Elle était réelle.

Pas le reste.

Ça ira David, ça va aller. Viens, on va retourner au salon. Si tu veux, allonges-toi sur le divan et je vais masser ta tête. On mettra un film rigolo à la télé pour passer le temps… le temps que ça passe. Ok ?

Je hochai la tête.

Puis je sentis.

Littéralement.

Le Xanax faire effet.

Me calmant doucement.

-Ok… Ok…

Je m’appuyai sur Collins.

Littéralement.

Comme au sens figuré.

On s’installa au salon

Je fermai les yeux.

Et laissai la peur.

Exister.

Parce que je n’avais pas le choix.