Putain, je venais de passer du rêve au cauchemar en quelques jours seulement ! Il y a peu, je vivais encore dans un appartement de luxe avec une fille canon et, maintenant, j’étais quasi à la rue sans plus de Faith pour m’épauler !

La cause : Howard Stone ! Cet enfoiré nous avait tout simplement mis dehors. Après l’assassinat de Samantha Ricci, il a complètement flippé et le statut de témoin protégé de Faith lui a foutu les jetons au point qu’il a préféré la virer comme nounou des gamins. Et comme Faith n’était plus employé pour lui, le prix de la location de l’appartement est devenu impayable pour nous au point où on a dû s’en aller !

Je hais les artistes. Ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas ! Sans Faith, il aurait pas eu de Penelope, le Stone, hein ! Il aurait pu avoir bien plus de reconnaissance que ça. Mais comme tous les gens comme lui, il s’en fiche de nous, simple foutus mortels !

Bref, avec Faith, on avait retrouvé un appart’ de merde à South L.A.. Sauf qu’il n’a pas fallu deux jours avec que, cette fois, ça soit Faith qui me casse les couilles. Maintenant qu’elle n’allait plus voir Penelope, l’idée d’avoir ses propres gosses recommença à la torturer sauf que, moi, j’en voulais pas des gosses ! Du moins, pas maintenant ! J’étais trop jeune pour ces conneries ! On s’est disputé et elle a fini par me largué !

Résultat, je me suis retrouvé à la rue ! Et depuis je squatte chez un pote en attendant de retrouver un appartement dans mes prix. J’étais roadie chez MTI mais j’étais pas le mieux payé des roadies ! Je n’ai aucune expertise et je fais que le travail merdique. Celui que personne veut faire !

C’est d’ailleurs, ce que j’étais en train de faire à l’instant. J’étais en train de faire l’inventaire du foutus matériels dans l’une des pièces de stockage des studios. Le genre de travail bien chiant que je déteste faire. L’avantage, ici, c’est que j’étais seul et que je pouvais me faire des lignes quand je voulais. Ouais ! A défaut d’avoir une jolie fille dans mon lit, j’avais au moins, à nouveau, la coke pour me tenir compagnie !

J’en sniffai une d’ailleurs déjà crevé par ce boulot merdique. Et le coup de boost que ça me donna me poussa à quitter la pièce pour aller faire un foutu tour. C’est à la salle de repos que je terminai et devant le distributeur de bonbons. Je n’avais pas vraiment pris conscience en entrant de qui était là où pas. Je pestai simplement devant le foutu distributeur.

-Putain, je bosse ici et il faut encore que je paye pour bouffer, hein ?! C’est quoi cette merde !

Sans raison, je shootai une fois dans le distributeur. J’étais shooté, donc, mon coup avait été assez fort. Suffisamment pour attirer l’attention.  

Avec mon groupe, on était en train de répéter à fond ! On voulait partir en tournée et pour ça, il fallait que notre set list soit parfaite ! On avait sélectionné nos meilleurs titres, on les avait mis dans un ordre qui nous paraissait logique.

Et on avait hâte de montrer ça à Daniele, notre manager. Le pauvre avait bien besoin qu’on lui change les idées après la mort tragique de Samantha… C’était une histoire horrible et triste parce qu’il y avait des enfants orphelins de mère, dans l’histoire.

Mais ça allait quand même, hein ! Daniele tenait bon, justement, entre autres, pour ses enfants. Quant à nous ben… On connaissait très mal Samantha alors, sans dire que ça ne nous avait fait ni chaud ni froid, ça ne nous avait pas vraiment impactés.

On venait de jouer pendant des heures… Et… J’avais craqué et repris une bière… je me disais que c’était quand même pas une petite bière qui allait me faire replonger dans mon addiction à l’alcool. Mais je ne savais pas encore si j’avais raison ou tort. C’était trop tôt pour le dire.

Le fait était que j’en avais marre de voir les autres boire à tout bout de champ et moi rester à l’eau ou au coca.

A partir d’un moment, la tentation était devenue trop forte, alors voilà.

J’avais retrouvé cette douce sensation de léger tournis après la première bière…

Et jusque-là, ça m’avait suffi.

-Eddy… Il nous faudrait un autre ampli… Je crois que celui-ci est mort…

Clepto, une bouteille de bière à la main me regardait avec des yeux de merlan frit comme s’il ne savait pas quoi faire.

-Oh… il doit bien y en avoir un de stock quelque part…

Je déposai ma guitare sur son support.

-Je vais voir, j’arrive…

Il fallait que je trouve un roadie. Eux savaient où se trouvait le matériel en générale… Alors j’allai direct vers la salle de repos où il y en avait toujours quelques-uns qui prenaient une pause.

Et quand j’entrai, ce fut pour voir un jeune roadie shooter dans la machine à snacks… Il râlait qu’il devait payer pour manger. La machine avait carrément basculé avant de se remettre en place.

-Wow… hey… T’en as de la force… Attends…

Je fouillai dans la poche de mon jeans hyper moulant et en sorti un vieux dollar tout froissé que j’aplatis sur un coin de la machine. Je le glissai ensuite dans la fente et la machine l’avala.

-Voilà… Choisis ce que tu veux… Puis peut-être que tu pourras m’aider… On a besoin d’un ampli…

Puis, fronçant les sourcils.

-T’es bien roadie ici, hein ?

J’étais aussi shooté que révolté ! Je n’en revenais pas que je doive payer pour avoir de la bouffe à la pause sur mon lieu de travail ! Tout me révoltait depuis que ce connard de Stone avait décidé de foutre Faith à la porte de son appartement de luxe ! Depuis, j’étais revenu à une foutue vie de misère ! Les riches se prennent vraiment pour ce qu’ils ont pas ! Ils se fichent de nous et le big boss de MTI fait pas exception à la règle vu qu’il fait payer son personnel pour de la bouffe !

Alors, j’avais frappé sur la machine qui avait presque basculée ce qui attira l’attention d’un type que je reconnus immédiatement comme étant Eddy Cort, le chanteur de Roadtramp. Il déclara que j’avais de la force.

-Pas encore assez que pour foutre cette foutue machine à terre !

Mais je ne m’attendis pas à ce qu’il sorte un dollars de sa poche pour le mettre dans la machine avant de me permettre de choisir ce que je veux. Je plissai des yeux méfiant avant d’appuyer sur un bouton pour faire tomber un paquet de chips alors que j’écoutai Eddy Cort me demander un foutu ampli. Je pris alors un air sceptique.

Voilà ! Il me paye ma bouffe mais c’est parce qu’il a besoin d’un service, hein ! Quand il demanda si j’étais roadie, j’ouvris brutalement mon paquet de chips au point que quelques chips du paquet tombèrent au sol.

-Ouais, je suis un roadie ! Ça environs deux ans que je bosse ici et que je voyage dans ce foutu studio et tu n’as pas encore retenu que j’étais roadie ? On est vraiment rien pour vous, hein ? Juste des gens qu’on appelle que quand on a besoin…

Je mangeai un poignée de chips avant de fixer Eddy.

-Les amplis sont dans la réserve… Pourquoi vous avez besoin d’un ampli supplémentaire ? Vous avez cassé l’autre ? Les artistes font vraiment attention à rien !

Je parlais vite et fort à cause de la coke que je venais de prendre. Mes gestes étaient brusques. J’étais révolté contre Stone et tout le monde en prenait pour son grade.  

Wow… Le gars était vraiment pas content. Il était pratiquement prêt à démolir la machine à snacks. Bon, je comprenais un peu sa frustration. Il travaillait ici et il fallait encore qu’il paye pour des bonbons… Je trouvais que la maison de disque aurait pu mettre des collations gratuites à disposition des employés, mais ce n’était pas le cas.

-la machine en peut rien…

Je sortis un dollar de ma poche, l’insérai dans la machine et lui offrit ainsi sa collation. Il choisit un paquet de chips qui tomba mollement dans le bac de réception.

A voir les gestes nerveux du gars, il était vraiment furieux sur quelque chose et je doutais que ce soit simplement la machine.

Je demandai s’il était roadie et s’il pouvait m’aider pour un ampli… Mais il s’emballa directement comme quoi ça faisait deux ans qu’il bossait ici et que je n’étais même pas encore foutu de le reconnaître.

Il avait ouvert son paquet de chips en en faisant tomber quelques-uns à terre.

Je grattai l’arrière de ma tête.

-Heu… je suis désolé… Il y a beaucoup de gens qui travaillent ici et c’est pas facile de retenir tout le monde…

Je haussai les épaules.

-Vous n’êtes pas rien pour nous… On pourrait pas faire ce qu’on fait si on devait faire votre boulot en plus.

Il râla ensuite qu’on avait cassé notre ampli et disait qu’on ne faisait attention à rien. Je le regardai dans les yeux… les siens étaient injectés de sang, comme s’il avait pleuré.

-Heu… Et si on s’asseyait deux minutes et que tu me disais quel est ton vrai problème, hein ? On va commencer facile : comment tu t’appelles ?

J’avais posé une main sur son épaule pour le guider jusqu’à des chaises.

Eddy Cort disait que la machine ne pouvait rien si BSC n’en avait rien à foutre de ses employés et qu’il osait les faire payer alors que manger est putain de vital pour faire ce foutu job.

-Peut-être mais si elle ne marche plus, les gens se révolteront peut-être !

C’était débile ce que je disais mais je ne m’en rendais pas compte. J’étais shooté et révolté. Un très mauvais cocktails dans mon cas. J’avais déjà fait pas mal de connerie dans cet état-là.

Cort finit par me la payer, ma bouffe. Mais depuis le sale coup qu’avait fait Stone, j’étais méfiant d’un foutu riche qui me proposait son argent. Je voyais toujours un foutu plan derrière et le geste du leader de Roadtramp ne fit pas exception à la règle. Et je compris assez vite qu’en échange de ça, il voulait que je me bouge le cul à lui trouver un foutu ampli. Il voit pas que je suis en pause, là ?

Mais le comble fut quand il demanda si j’étais roadie alors que ça fait deux ans que je suis ici. Je le lui fis remarquer non sans bien montrer ma mauvais humeur. Il s’excusa disant qu’il y avait beaucoup de gens qui travaillaient ici.

-Ouais ! Plein ! Mais bon, quand même, hein ! J’ai pas l’air d’un foutu artiste en plus !

Pas du tout. Je n’avais rien n’à voir avec eux. Quant à Eddy, il disait qu’on était pas rien et qu’ils pourraient pas faire ce qu’ils faisaient sans nous. Ouais ! Ça c’est bien vrai ! Sans nous, ils passeraient une éternité à chercher un foutu ampli !

-Ouais ! Mais certains artistes ne pensent pas comme toi ! Certains s’en foutue complètement de nous et nous traite comme de la merde !

Je repensai, notamment, à mon altercation avec Peyton. Si Ricci était pas intervenu en ma faveur, elle aurait ruiné ma vie avec un foutu procès. Et j’arrive même pas à remercié Ricci parce que, malgré tout, il m’a quand même viré de la foutue tournée sur laquelle j’avais été engagé.

Je râlai sur le fait que Roadtramp avait sûrement déjà cassé l’autre ampli. Pourquoi en vouloir un autre, sinon ? Eddy chercha alors à savoir pourquoi j’étais tant énervé. Eddy Cort voulait savoir comment je m’appelle. Je grommelai :

-Monty Guerra.

Je me laissai guidé jusqu’à la chaise où je m’installai non sans taper du poing sur la table.

-Mon problème c’est les foutus artistes qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas. Ma petite amie était engagée comme nounou par Stone pour s’occuper de ses enfants. Dernièrement, il l’a viré sans raison valable et nous a foutu à la porte de l’appartement qu’il nous louait. Résultat ? Je me suis fait largué et je suis obligé de dormir chez un pote en attendant de trouver un appartement valable et dans mes foutus prix !

Je me frottai nerveusement les yeux.

-Stone est un connard. Comme son ex-femme. Elle n’avait aucun respect pour les roadies. Elle a voulu m’envoyer en justice, un jour, parce que j’avais, sans le faire exprès fait tombé un spot tout près d’elle alors qu’elle n’avait rien à foutre là !

Je balançais mes déboires, récents et anciens, sans vraiment de transitions.

Le gars était vraiment furax au point que sa force semblait décuplée. Il voulait une révolution apparemment. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé aujourd’hui, mais il y avait quelque chose qui n’allait pas.

Et comme je n’étais pas un de ces artistes contre lesquels il fulminait (tout du moins, je l’espérais), je lui payai de quoi manger pour essayer qu’il se calme.

Mais il était complètement tendu et ne semblait pas près de redescendre dans les tours.

Je m’excusai donc de ne pas l’avoir reconnu. Il y avait tellement de roadies qui travaillaient pour BSC que c’était pratiquement impossible de retenir les noms et les visages de tout le monde. En plus, je ne pensais pas que ce gars-là avait déjà travaillé pour nous. Ou alors, c’était vraiment un travailleur de l’ombre… il y en avait.

Il confirma donc être roadie en disant qu’il n’avait pas l’air d’un artiste.

Je haussai les épaules.

-Bah… Pourquoi pas ? Il y a des artistes de tous les styles…

Il réitéra que les artistes étaient des enfoirés qui n’en avait rien à foutre des roadies… Il disait qu’on les traitait mal et tout ça. Je pris un air sceptique. Je ne me rappelais pas avoir une seule fois dit un mot de travers à un roadie.

Mais bon, après, il n’y avait pas que Roadtramp, chez BSC.

-Ok, je vois…

Je lui proposai de s’asseoir et lui demandai son nom. Il se nommait Monty Guerra.

-Enchanté de te rencontrer, Monty…

Il s’asis non sans frapper du poing sur la table, me surprenant, ce qui me fit sursauter. Mais une fois assis, il se mit à déballer ce qui n’allait pas. Et ce qui n’allait pas datait déjà du vivant de Lola alors il fallait pas demander depuis quand il ruminait.

-Pas étonnant que tu exploses, si tu gardes ça en toi depuis tout ce temps.

Je m’approchai du frigo.

-Je vais me prendre une bière.

J’en pris en fait deux et en ouvris une pour Monty… Je m’étais promis de n’en boire qu’une et c’était déjà ma deuxième. Boh ! Pas grave ! Ce n’était pas des bières fortes.

Je m’assis en face de lui, poussant la bière décapsulée avec vers dents vers lui.

-Tu ne sais vraiment pas pourquoi Howard Stone a décidé de virer ta copine ? Tu m’aurais dit que Lola aurait fait ça, j’aurais compris, elle n’était pas sur un caprice… Mais Howard ? ça m’étonne un peu.

Je marquai une pause…

-Il y a de beaux petits appartements abordables, sur Hollywood… Tu gagnes quand même pas mal ta vie ici, j’imagine ?

Je n’avais en fait aucune foutue idée de ce que pouvais gagner un roadie.

-T’es spécialisé dans quelque chose ?

Je ne voyais pas vraiment quoi d’autre je pourrais être qu’un roadie ! Je n’avais pas l’air d’un artiste ! Mais Eddy Cort rétorqua qu’il y avait des artistes de tous les styles. Il voulait vraiment avoir le dernier mot, hein ! Je grommelai ça mais en mâchant tellement mes mots que je doutais qu’Eddy Cort comprenne.

Je tapai sur la gueule des artistes qui, pour moi, étaient tous les mêmes. Ils se fichaient des gens comme moi. Il n’y en avait que pour leur propre poire. Ce que j’avais vécu avec Stone en était la preuve ! Il n’en avait rien à foutre que Faith et moi, on soit à la rue !

Eddy me demanda alors mon nom en m’entrainant avec lui pour qu’on s’asseye. Je lui avais dit comment je m’appelais avant que je ne m’asseye et que je tape violement du poing sur la table faisant sursauté le musicien chevelu. Après quoi, je me mis à causer des mes problèmes. Ceux que j’avais eu avec Stone et avec Lola ! Deux enfoirés qui ne pensent qu’à leur cul !

Eddy semblait comprendre disant que c’était norma que j’explose si je gardais ça pour moi.

-Je te le fais pas dire ! Je l’aurais bien étranglée, la petit diva, ce jour-là. Elle m’a vraiment traité comme de la merde. Elle m’a même traité de meurtrier alors qu’elle avait rien n’à foutre là. C’est dangereux de se promener sur scène quand les roadies bossent ! Mais elle en avait rien à foutre. Elle disait qu’elle pouvait aller où elle veut alors que c’était même pas pour elle qu’on préparait la scène !

On la préparait pour une autre diva !

Eddy se leva alors et se prit une bière. Il m’en amena une autre que j’ouvris avant de boire une grosse gorgée. Cort s’étonna que Stone nous ait fait un coup pareil à Faith et moi.

-Parce qu’il a la trouille. Mon ex est un témoin protégé. Ses parents se sont fait assassiné par la mafia. Stone a appris ça je ne sais plus trop comment et quand Samantha Ricci a été assassiné, il a flippé et à viré Faith. Il ne nous a même pas laissé le temps de nous retourner avant de nous viré de l’appart’ qu’on squattait !

Stone est un enfoiré, voilà tout ! Il n’avait eu aucun remords à nous foutre dehors pour s’éloigner le plus rapidement possible de Faith. Résultat, je dois squatter chez un pote ! Eddy, lui, déclara qu’il y avait de beaux appart’ sur Hollywood. Abordable ? Il n’a pas la même vision que moi « d’abordable ». Faut dire que le Cort vit dans un manoir de luxe alors qu’est-ce qu’il en sait, hein ?! Je ricanai.

-Non, je ne suis spécialisé dans rien ! Et crois-moi, il y a une différence de salaire entre un ingénieur son, par exemple, et un foutu roadie qui sert au rangement et à la mise en place du matériel sur la scène comme je le fais. J’ai pas les moyens pour un foutu appart’ sur Hollywood. Je dois me contenter de l’Eastside ou de South L.A.. Et j’ai pas encore trouvé un truc valable jusqu’ici.

J’avais juste trouvé quelques trucs miteux. Mais je ne veux pas vivre dans un truc miteux. Pas après avoir vécu à Beverly Hills !

-Mais bon, toi, tu t’en fiche, tu vis dans un manoir… Pourtant, tu fais que faire de la musique. Je comprends pas pourquoi vous gagner autant !

Je bus une autre gorgée de bière avant de lever mon regard sur Eddy Cort.

-Mais bon… T’as pas l’air d’être comme Stone. Quoi que Stone avait pas l’air d’un connard au début. Il y a de la place dans ton manoir ?

Monty état vraiment, vraiment très énervé, contrairement à moi que l’alcool qui coulait à nouveau dans mon sang depuis un bail m’anesthésiait gentiment et agréablement. Du coup, je ne réalisais pas vraiment que le roadie était en fait shooté à mort et pas au LSD !

Je l’invitai à me parler de ses problèmes et il commença par Lola… Il déballa tout ce qu’il avait sur le cœur : la façon dont la diva l’avait traité, comme elle avait trainé dans ses pattes pendant qu’il travaillait, etc.

Je fis la moue…

-C’est vrai que c’est pas cool mais…

Je le regardai dans les yeux…

-Tu sais qu’elle est mort, hein ? Elle ne posera plus de problème à personne maintenant…

Je m’étais levé pour nous prendre deux bières dans le frigo.

-Tu devrais vider ton cœur de ça. Ça ne sert plus à rien de ressasser.

Le passé était le passé alors à moins que le fantôme de Lola ne lui coure après…

Autre problème : Monty et sa petite-amie avaient été mis à la rue par Howard Stone. Une affirmation qui avait failli me faire m’étrangler avec ma gorgée de bière. Parce que je n’aurais pas cru que le batteur pouvait faire une chose pareille.

Monty m’expliqua que c’était parce que sa copine était un témoin protégé parce que la mafia était après elle et avait buté ses parents. Une histoire qui me fit boire plusieurs longues gorgées de bière avant que je ne redépose ma bouteille sur la table.

-C’est vrai que c’est pas cool ce qu’il a fait là, Howard. Il aurait pu au moins vous aider à vous reloger…

Sincèrement, j’étais vraiment étonné… Je dis d’un air très pensif :

-Il avait sûrement ses raisons…

Je lui dis alors qu’il y avait moyen de trouver un appartement abordable sur Hollywood… Et ce serait d’autant plus facile pour lui maintenant qu’il était séparé d’un témoin protégé, que les propriétaires ne voudraient peut-être pas parce que c’était potentiellement dangereux.

Le problème, c’était qu’apparemment, Monty, qui n’était spécialisé dans rien, gagnait des clopinettes et ne pouvait pas s’offrir ou même louer ce genre de bien. Il était obligé de ses rabattre sur des quartiers comme l’Eastside et South L.A.

-Wow, pas cool.

Et il avait raison quand il disait que je n’avais pas vraiment le sens des réalités, moi qui partageais un manoir immense avec mon groupe. Il disait qu’il ne comprenait pas pourquoi on gagnait autant pour faire de la musique.

-Bah… on fait rêver les gens, je suppose. Tu verrais la foule à nos concerts ! On ne peut même plus jouer dans les clubs de L.A. comme le Stryge parce que ça poserait de sérieux problèmes parce qu’il y aurait trop de monde. C’est plus comme à nos débuts…

Je haussai les épaules.

-Puis on est quand même à quatre pour payer ce manoir.

Monty disait que j’avais l’air différent de Stone. Ouais… Déjà, j’étais plus jeune… J’avais un seul groupe là où Howard en avait deux dans deux maisons de disque différentes… Ouais, on était pas les mêmes.

Monty demanda s’il y avait de la place dans notre manoir… Alors là, je me mis à réfléchir intensément, reprenant une longue gorgée de bière.

-Si… il y a de la place… Je te propose un deal : on t’héberge le temps que tu fasses une formation d’ingénieur son ou en pyrotechnie pour gagner plus et pourvoir t’offrir ton propre appartement, qu’est-ce que t’en dis ?

Je connais ce gars depuis cinq minutes et je le recueillais comme un chiot perdu… Du Eddy Cort tout craché…

J’avais raconté mes déboires avec cette petite diva de Lola ! Elle qui avait bien failli me foutre un procès sur le dos pour tentative de meurtre sur elle et ses bébés à naitre. Finalement, c’est eux qui avait fini par la tué ! Au fond, je pensais que, finalement, c’était bien fait pour elle !

D’ailleurs Eddy Cort déclara que Lola était morte, désormais et qu’elle ne posera plus de problèmes. Il disait que ça ne servait plus à rien de ressasser.

-Ouais, je sais qu’elle est morte ! Quelque part, c’est bien fait pour elle ! C’est le karma qui l’a tué !

Mais son mari, Howard Stone, avait, lui aussi, était un enfoiré en nous mettant à la rue Faith et moi sans raison valable. J’avais raconté tout ça à Eddy en parlant de la mafia et tout. Faith n’était plus ma petite amie alors je m’en foutais complètement de révéler ça au premier venu. Et j’étais shooté alors je n’imaginais pas que trop parler pouvait la mettre en danger.

Eddy disait que c’était pas cool et qu’Howard aurait dû nous aider à nous reloger.

-Ouais, il aurait dû. Mais il s’en foutait apparemment !

Eddy disait que le batteur avait sûrement ses raisons. Je fronçai les sourcils. Des raisons ? Quelles raisons ? Il n’en avait aucune ! Notre déménagement aurait pu attendre quelques jours non, hein ?

-C’est un connard ! Voilà la raison !

Eddy disait qu’il y avait des appartements abordables sur Hollywood sauf que je n’avais pas du tout le salaire pour vivre là-bas. Il ne semblait avoir aucune idée de ce que gagnait un roadie comme moi et des prix des appart’ d’Hollywood ! Il faut dire que Monsieur Eddy Cort vit dans un foutu immense manoir ! Il trouvait ça pas cool.

-Je te le fais pas dire !

Et ça me faisait rager que des gens comme lui gagnent plus que des gens comme moi. Il faisait pas grand-chose, hein ! Mais d’après lui c’était parce qu’ils faisaient rêver les gens. Je grommelai :

-Ouais n’empêche que, sans nous, ces concerts n’auraient pas lieu. On devrait être payé aussi bien que vous !

Il ajouta qu’ils étaient quand même quatre pour payer le manoir dans lequel ils vivaient. Je ricanai.

-Et il en faudrait plus cent comme moi pour payer ce même manoir. Quatre pour un truc pareil c’est pas beaucoup, hein ! Vous gagnez la blinde !

Mais je me rendais bien compte qu’Eddy, aux premiers abords, n’était pas vraiment comme Stone. Alors, j’eus le culot de lui demander de squatter son grand manoir. Et, contre toute attente, il accepta. Il voulait bien m’héberger le temps que je me spécialise et que j’ai de quoi m’offrir un bon appart’. J’ouvris de grands yeux.

-C’est sérieux ?

Il semblait sérieux et, au fond, je me disais que si je gérais bien ça, je pourrais squatté super longtemps dans ce manoir de luxe.

-J’accepte ! J’espère que tu tiendras ta parole et que tu feras pas comme Stone. Sinon, ça sera pas cool…

Je lui tendis la main pour sceller le deal. Je venais de me faire inviter pour squatter dans le manoir d’Eddy Cort. C’était pas rien ! Comme quoi, le culot, ça marche parfois.

Monty avait eu des problèmes avec Lola et Stone. Et il ressassait et ressassait encore alors que de là où elle était, la chanteuse ne pouvait plus rien lui faire. Il en avait conscience et disait que c’était bien fait pour elle qu’elle soit morte. Je le regardai d’un air un peu triste.

-C’est pas cool de se réjouir de la mort des gens mais… Ouais, je peux comprendre, si elle t’a vraiment traité comme un moins que rien.

Ce dont je ne doutais pas, hein ! Je vivais dans le même monde que Lola ou plus ou moins et il n’y avait pas beaucoup de monde qui l’appréciait. D’ailleurs, je me demandais encore comment quelqu’un comme Howard avait pu finir marié à quelqu’un comme elle.

Moi, si je l’avais croisée deux fois sans lui parler, c’était déjà bon.

Quant à Howard, il aurait dû laisser le temps à Monty et à sa copine de trouver un nouveau logement avant de les mettre dehors. C’était la moindre des choses, surtout si la fille lui avait rendu service. Mais Monty déclara qu’il semblait s’en foutre et ne voyait qu’une seule raison à ça : c’était un connard.

-D’après ce que tu racontes, je dirais plutôt que c’était un trouillard, sur ce coup-là… Et je peux comprendre… la mafia, tout ça…

Là-dessus, il commença à râler sur les sommes que nous, artistes, on gagnait. Il se demandait pourquoi on gagnait autant. Je n’avais qu’une réponse à ça : on faisait rêver les gens. Mais Monty sortit quelque chose de très vrai…

-C’est clair que sans les Roadies, nos concerts ne ressembleraient pas à grand-chose.

Je frottai mes yeux et pris une gorgée de bière.

-Pourquoi tu demandes pas une augmentation ?

S’il pensait qu’il la méritait, pourquoi pas ?

Je lui dis quand même que pour payer le manoir qu’on s’était offert, on était quatre. Mais lui disait qu’il en faudrait cent comme lui pour se payer la même chose. Je pinçai les lèvres et haussai les épaules.

-Les choses sont comme ça, qu’est-ce que tu veux que je dise ?

Alors, comme pour réparer une erreur que je n’avais pas commise, mais que le système avait commis, je lui proposai de l’héberger le temps qu’il trouve de quoi se payer son propre appart’. Il me demanda si j’étais sérieux et je hochai la tête.

-Ouais, je tiendrai parole. Tu peux t’installer ce soir, si tu veux. J’en parlerai aux autres mais ça dérangera pas. Plus on est de fous, plus on rit.

Je le regardai vaguement dans les yeux.

-J’ai juste une question : tu carbure à quoi, là ? Tes yeux sont tout rouge.

Eddy disait que ce n’était pas cool de se réjouir de la mort des gens… Il avait déjà rencontré Lola ? Si c’était le cas, je crois qu’il s’en réjouirait aussi ! Mais il semblait comprendre tout de même mon foutu sentiment.

-Elle m’a traité comme un moins que rien et un meurtrier alors que c’était elle qui était en tort !

Mais la petit princesse prétentieuse était morte, maintenant. Sans doute que si elle avait été encore vivante, elle nous aurait foutu à la porte, Faith et moi, bien avant que Stone ne le fasse.

Ce fut, ensuite, sur Stone que je crachais. Eddy Cort semblait penser qu’il avait eu des raisons d’agir comme ça. Moi, je pensais simplement que comme bien des stars, Stone était simplement un gros connard. Mais Eddy le voyait plutôt comme un trouillard. Il disait comprendre la peur du batteur.

-Ouais mais ça fait un moment qu’il le savait, le Stone ! Si personne avait éliminé Samantha Ricci, il aurait pas flippé comme un abruti ! De toute façon, je vois pas trop ce qu’il risquait, hein, la cible c’était Faith, pas lui. Mais les artistes comme lui ont l’art de tout ramener à eux.

Puis, j’avais parlé du manoir de Roadtramp ce qui m’avait conduit à cracher sur le fait que les artistes étaient largement trop payé alors que les roadies comme moi n’avaient que des clopinettes alors que, sans nous, ces artistes ne pourraient pas faire de concerts. Eddy confirma que leurs concerts ne ressembleraient à rien sans nous.

-C’est évident !

Il se demanda pourquoi je ne demandai pas une compensation. Je grommelai.

-Parce qu’on ne me la donnerais pas. J’ai pas beaucoup d’expériences et le truc avec Lola a pas joué en ma faveur… Alors que c’était sa faute à elle !

Je n’avais pas parlé de la fois où j’avais fait un bad-trip devant Livia dans les studios… Ou le fait que BSC me foutait souvent un chaperon depuis ce jour-là. Je préférais taire tout ça.

Je pestai encore un peu alors qu’Eddy Cort disait que les choses étaient comme ça… Ouais ! Et c’est injuste !

Il me proposa alors, sérieusement, de m’héberger et je sautai sur l’occasion sans hésiter me disant que je pourrais rester là un bon moment si je jouais ça stratégiquement. Faudra sans doute me faire aimer par les membres de Roadtramp mais je savais comment me faire des amis. J’en avais plein quand j’étais à l’école !

Eddy déclara qu’il allait tenir parole et que je pourrais m’installer dés ce soir. Mon pote aillait pas en revenir !

-Super ! On va se marrer !

Je savais très bien me marrer. Et j’en avais même retrouvé le sourire. Un sourire qui disparu quand Cort me demanda à quoi je carburais.

-Aux boissons énergétiques. Avec tout ça, j’avais besoin d’un max d’énergie pour me sortir de mon lit ! J’en ai bus au moins dix cannettes. C’est de la merde ces trucs mais ça fait tenir !

J’avais menti mais je ne voulais pas que Cort change d’avis sur le manoir à cause de la foutue coke qui voyageait dans mon sang.

-La bière c’est mieux !

J’avais levé ma bière et en avait bu un autre gorgée. Et avait qu’il ne change d’avis, je lançai :

-Je devrais retourner bosser avant de me faire virer. Je vais te trouver ton ampli.

C’était vrai que c’était pas cool de la part de Lola de traiter un gars de meurtrier alors qu’elle n’avait rien à faire sur la scène pendant que les roadies la montaient. On savait tous que c’était dangereux. Je ne connaissais Lola que de réputation mais ouais…

-Ouais, je la voyais bien faire ça… D’après ce que j’en sais, ce n’était pas la plus sympathiques des artistes.

A se demander, et ça resterait toujours un mystère pour moi, comment Howard Stone, qui était tout l’opposé de Lola, avait fini marié avec elle.

Si Stone avait décidé de mettre le roadie et sa copine dehors, c’était parce qu’il avait peur de la mafia à laquelle, je ne savais trop comment, la copine de Monty était liée. Il pestait parce que Howard savait ça bien avant de les mettre dehors.

C’était le meurtre de Samantha Ricci qui avait été le déclencheur. J’étais bien sûr au courant de cette histoire vu que mon manager n’était autre que son mari, Daniele. Heureusement pour nous, il tenait bon, il gardait la tête haute malgré sa tristesse…

Je soupirai.

-Je crois que cette exécution a été un choc pour tout le monde, tu sais, Monty…

Bien que je ne me sentais pas plus en danger qu’avant. J’avais pas de quoi m’en faire… J’étais pas lié à la mafia, moi… J’étais juste un petit gars de L.A.

Et Monty était safe aussi maintenant puisqu’il m’avait dit qu’il s’était fait plaqué après s’être retrouvé dehors.

Monty se plaignait de gagner des clopinettes pour ce qu’il faisait ce qui voulait dire qu’il n’avait pas de quoi s’héberger. Ça me rendait triste pour lui. Et apparemment, une augmentation était hors de question. Il avait peu d’expérience, plus sa mésaventure avec Lola…

Du coup, mon grand cœur se mit à parler et j’invitai Monty à venir loger le temps qu’il faudrait au manoir de Roadtramp. Cela sembla illuminer sa journée et la mienne aussi, du coup… Une journée déjà bien illuminée par mon corps qui était en train avidement d’absorber l’alcool que je lui offrais pour la première fois depuis un bail !

Je rigolai quand Monty affirma qu’on allait se marrer.

-Tu verras, c’est la fête tous les soirs. Même quand j’ai mon fils ! Il dormirait même si la bombe atomique tombait à côté de sa chambre.

Mais je voulais savoir à quoi Monty carburait parce que vu l’état de ses yeux, ce n’était pas qu’à la colère et à la révolte contre Stone, son boulot, son ex et sa vie en générale.

Il avait bu dix boissons énergétiques, en fait. J’éclatai de rire.

-Putain ! Tu vas faire une crise cardiaque !

Il déclara que la bière c’était mieux. Je levai la mienne avant de la vider d’un trait.

-Tu l’as dit.

Il devait maintenant retourner au travail, mais il me promit mon ampli.

-Ok ! On est dans le studio 2. Je te présenterai les autres, comme ça.

Aucun d’eux n’allait être conte un petit squatteur en plus… C’était clair !