Bordel de merde… C’est la seule chose qui m’était venu à l’esprit quand je me suis réveillé, affalé sur la couchette inconfortable de cette foutue cellule, avec un foutu mal de crâne. Je me redressai doucement pour finir assis en me frottant les yeux.

-Putain de merde…

Foutue gueule de bois. Foutu Amon et son foutu voyage à St-Louis. Ce mec avait filé à Saint-Louis, à croire qu’il avait le flair pour savoir quand un truc grave allait arriver à un groupe. Il avait dû voir le bus de The Lightening se crasher dans un foutu rêve prémonitoire et s’était envolé pour Saint-Louis en conséquence, ratant, par la même occasion LA frasque de l’année. Ouais parce que ce que j’avais fait était BIEN MIEUX qu’un crash… Le mien c’était avec une foutue Ferrari pas un vieux bus de merde.

Ok, je m’emballe mais j’avais mes raisons. Avec un peu de chance, j’allais quand même figurer dans L.A.People mais c’était les articles d’Amon qui faisaient souvent les Unes et avec le crash de The Lightening et toutes les rumeurs autour j’allais certainement finir en deuxième page, voir en troisième... Voir ne pas y figurer du tout si Timmy apprend la chose assez vite et étouffe l’affaire comme d’habitude. Maudits soient Amon, The Lightening et Timmy.

Je me levai doucement, très doucement et vins mollement m’accrocher aux barreaux de ma cellule. Je laissais échapper un long soupire alors que Jordan me libéra enfin. J’étais complètement décoiffé, j’étais blanc comme un mort et j’avais plus envie de gerber qu’autre chose. Ma détention était finie et c’était pas plus mal. Il allait falloir que je trouve un moyen de rentrer… Pour résumer, il me fallait un chauffeur car j’avais plus de permis et plus de voiture ce qui était très embêtant pour rejoindre Beverly Hills rapidement. Restait à savoir quel chauffeur…

Jordan me suivis jusqu’au téléphone qui était sur le bureau. J’avais le droit à un coup de fil comme il me l’avait promis hier. Je pris le cornet du téléphone hésitant longuement et soupirant toutes les trois secondes. A qui téléphoner bordel ? Pas à Timmy ! Ça c’était clair et net. A Eileen ? Je ne sais même pas si elle est déjà retournée sur la tournée ou non donc ça ne servait à rien. Puis elle vivait chez Timmy donc j’avais beaucoup de chance de tomber sur lui si je téléphonais et non sur elle. A un membre de The Burning Fire ? Non, certainement pas ! Enfin, une option vint à mon esprit et un petit sourire en coin réapparut sur mon visage pâle. J’avais un garde du corps depuis hier et il me semblait être l’homme de la situation.

Je composai le numéro de Luke Werner et soupirait une dernière fois jusqu’à ce qu’il décroche.

-Salut Luke. Dit… Euh… Tu saurais venir me chercher au commissariat... Ils m’ont pris mon permis et j’ai plus de voiture… Il me faut quelqu’un pour me ramener chez moi. Je t’expliquerais quand tu seras là… Merci, mec…

Une fois qu’il eut accepté, je raccrochai et me retournai vers Jordan. Je me frottais encore une fois les yeux.

-Dit… Je peux avoir un whisky… Ou quelque chose comme ça… Il y a rien de mieux contre cette putain de gueule de bois… T’façon, je conduis pas donc…

J’étais sérieux. C’est toujours ce que je faisais pour faire passer ce foutu mal de crâne. Un petit verre et c’était reparti.

Ça devenait long et difficile. On avait intercepté Howard Stone en plein milieu de la nuit et désormais, dehors, le soleil devait être en train de se lever. On n'en savait rien, parce que le complexe cellulaire du commissariat se trouvait au sous-sol et qu'aucune fenêtre ne donnait vers l'extérieur. Mais l'horloge indiquait 07:15 heures du matin. Notre service prenait fin dans trois quart d'heure, théoriquement, mais j'avais bien la mauvaise impression qu'on aurait pas encore terminé ce foutu P.V à cette heure-là...

Howard Stone, dans la cellule juste à proximité de notre table de rédaction, s'était endormi assez rapidement. Normal étant donné son état d'ébriété... Et je ne savais pas ce qu'on aurait donné pour être à sa place plutôt que de devoir se concentrer sur des lettres et des termes qui commençaient sérieusement à se mélanger. On pouvait nous demander de patrouiller jusqu'au bout de la nuit sans aucun problème. Mais taper des P.V demandait un tout autre type de concentration...

Du coup, j'en avais perdu le fil du temps et Conrad aussi. On se relayait pour taper parce que cette foutue machine à écrire et ces putains de papiers carbone demandaient à ce qu'on tape très fort sur les touches pour que ça s'imprime correctement. Et ça faisait très vite mal aux doigts et aux poignets. Et on fumait tellement tous les deux que le cendrier fini très vite par presque déborder. Et les 6 heures de détention prévues pour Howard avaient filé, sans qu'on les voie passer. Mais comme il dormait et se remettait de ce qu'il avait ingurgité la veille, ce n'était pas fort grave...

Ce n'est que lorsque je l'entendis jurer dans sa cellule que je levais la tête qui était lamentablement appuyée sur mes bras croisés posés sur la table alors que Conrad était de nouveau en train de taper. Je lisais vaguement ce qu'il écrivait, essayant de garder les yeux ouverts. Je les frottai en me redressant et regardai vers notre prisonnier qui avait une tête de déterré encore pire que la nôtre.

Il allait falloir que je me lève, ça allait me faire du bien.

Je me repris une clope et me levai, laissant Conrad continuer, et me dirigeai vers la cellule que j'ouvris directement, invitant Howard à sortir, en me rendant compte de l'heure qu'il était et du délais qui était dépassé. Son arcade avait l'air de pas aller trop mal, mais pour le reste, il était pâle et probablement atteint d'une gueule de bois carabinée.

-Ça va ? Tu veux ton coup de fil?

C'était désormais à nouveau un homme libre d'aller et venir comme bon lui semblait. Et il m'affirma vouloir son coup de fil. Je le guidai donc jusqu'au téléphone accroché au mur du complexe cellulaire, juste à côté de l'entrée. Je n'avais pas besoin de lui coller aux basques, mais nous étions toujours dans l'enceinte du commissariat qui n'était pas autorisée au public (contrairement à l'accueil et à la salle d'attente) et, pour une question de sécurité, je me devais de rester avec lui. Évidemment, je n'avais plus le droit de le menotter.

Il passa son coup de fil, appelant apparemment un ami pour qu'il vienne le chercher. Je n'écoutais pas vraiment, regardant plutôt Conrad dont le rythme de frappe devenait de plus en plus lent... Une fois son coup de fil terminé, le batteur se tourna vers moi et me demanda un whisky, disant qu'il n'y avait rien de mieux contre la gueule de bois. Je souris, tout en faisant « non » de la tête.

-T'es incorrigible, toi, hein ?

Je lui fit signe de me suivre.

-Viens, on va remonter attendre ton pote dans la salle d'accueil. J'ai un meilleur remède que le whisky.

Cela me permettait de ne pas le garder dans cette partie-ci du commissariat. Ce n'était pas la place d'un homme libre.

Puis, m'adressant à Conrad.

-Vient avec, vieux... Laisse un peu cette saloperie deux minutes. Une pause et un peu d'air nous fera pas de mal.

Mon binôme ne se le fit pas dire deux fois et fit exactement ce que j'avais fait quelques minutes plus tôt, s'allumant automatiquement une clope en se levant.

-Vais finir par choper des hémorroïdes...

Je rigolai aux mots de Conrad puis m'adressai à Howard.

-Tu t'en fous, toi. T'as dormi comme un bienheureux... Tu vois ce que tu nous fait subir avec tes conneries...

Je disait ça sur le ton de la plaisanterie... N'empêche, Conrad avait quand même pas tort : j'avais mal au cul, à force. Quant à la fameuse arrogance de Howard, elle semblait complètement H.S., il avait juste une tronche de déterré.

On arriva dans la salle d'accueil et je fis couler du café bien fort. Au passage, on croisa quelques collègues qui revenaient de leur propres patrouille. Certains, les plus jeunes, ne se cachait pas de s'exclamer en voyant Howard avec nous, allant lui serrer la main, lui demandant un autographe. De quoi soigner son ego, je suppose... Putain, nous qui avions passé une bonne partie de la nuit à le lui zigouiller, son ego... Et en plus, ils s'en venaient mal pour lui quand on leur disait pourquoi il était là, affirmant au batteur qu'il était mal tombé en ayant à faire à nous... Mais putain, les gars ! On était sympas. Justes, mais sympas...

Je filai une clope à Howard ainsi qu'une tasse de café.

-J'espère que ton pote va pas tarder...

Qu'est-ce que c'était bon d'avoir un jour de repos, je pouvais faire ce que je voulais sans être dérangé par qui que ce soit. Devant ma télé, avec une bière dans la main, en train de regarder un vieux film à l'eau de rose, mais drôle. Il pleuvait à verse ce jour-là, je n'avais franchement pas envie de sortir. Malheureusement, alors que je voulais passer la journée chez moi, je fus vite rattrapé par la réalité, c'était loupé pour être tranquille... Mon téléphone se mit à sonner, curieux, je n'attendais aucun coup de fil. Soupirant, j'éteignis la télé et pris mon téléphone. Ah, c'était Howard qui m'appelait. Je décrochais mon téléphone. Il voulait que je vienne le chercher au commissariat. Attendez une minute... Au commissariat ? Mais qu'est-ce qu'il avait fait pour se retrouver là-bas, lui ? Faudra qu'il m'explique. Mais bon, comme je n'étais ni sa mère ni son manager, je n'allais pas lui faire la morale, ni le laisser pourrir en cellule. C'était mon protégé après tout.

Ouais ? Ah tiens Howard. Évidemment que je peux venir te chercher, je fais rien en ce moment. Je ne sais pas ce que t'as fait pour te retrouver chez les flics, mais j'espère que ce n'est rien de grave. Ne t'inquiète pas, je me mets en route. Je ne vais pas te laisser au commissariat. J'arrive.

Avais-je dit en déposant ma bière sur la table basse du salon, face à la télévision. Je me levais et pris les clés qui étaient resté dans la poche de ma veste. Je claquais la porte et la fermais à clé. Direction le commissariat. Howard allait devoir m'expliquer deux, trois choses là. Qu'est-ce qu'il avait fait pour ne plus avoir son permis, celui-là ? Je ne mis pas longtemps pour arriver chez les flics, je me garais au parking et descendis de ma voiture. Je rentrais dans le commissariat et cherchais l'accueil. Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes que j'aperçus Howard avec un flic, apparemment. Je ne le connaissais pas lui. Je m'approchais d'Howard et de l'homme dont l'identité m'était inconnue.

Bonjour, monsieur. Tu va bien, Howard ?

Disais-je avant de regarder mon protégé. Oh oh.. Il était pâle, je me demandait s'il n'allait pas gerber dans ma voiture. Il avait du boire beaucoup pour ça. Enfin bref, j'attendait que mon protégé et le flic me réponde, avant de repartir avec Howard. Pas la peine de dire au flic que je suis son garde du corps. Cela ne le regarde pas, puis même, je ne voulais pas que tout le monde le sache, et puis en plus, il s'en foutrait, je pense...

Je suis pas incorrigible… J’essaye juste de trouver une solution logique à mon problème actuel. C’est pas forcément pareil. Je haussais les épaules, râlant un peu qu’on me donnait pas mon foutu whisky. C’est une boisson comme un autre… C’est vraiment pas un marrant ce Jordan…

Le flic me proposa d’aller dans la salle d’accueil où il me donnera un remède meilleure que le whisky. Quoi ? Du gin ? Si c’était de l’eau, ça allait sérieusement me décevoir et ça ne risquait pas de changer grand-chose à tous les maux que me faisait cette gueule de bois.

-Ah ouais ? J’attends de voir ça...

Je soupirais, persuadé que son remède n’allait pas me convenir. Jordan proposa, ensuite, à son collègue de faire une pause et venir avec nous. Bordel, ils étaient vraiment toujours en train de taper ce foutu truc depuis qu’ils m’avaient arrêté ? Mais il y avait quoi de si long à écrire ? Quel boulot de merde. Evidemment, Jordan n’avait pas dû insister et son pote fit une petite remarque humoriste avant de se lever de sa chaise. Je souris légèrement, les yeux toujours dans le vague. Jordan se retourna vers moi pour me dire à quel point j’avais bien dormi pendant qu’eux faisait le sale boulot. Je haussais les épaules.

-Bah, fallait pas m’arrêter…

Une évidence, non ? Même la gueule de bois ne pouvait pas vraiment troubler ma désinvolture.

On se pointa dans la salle d’accueil. Les rayons de soleil hivernaux traversaient par les fenêtres peuvent qu’on était bien le matin. Je plissais les yeux, la luminosité de la pièce n’améliorait pas vraiment mon mal de crâne. Je m’appuyais contre un mur pendant que Jordan alla vers la machine à café. Des flics entrèrent alors dans le commissariat et certains d’entre eux s’avancèrent vers moi en s’exclamant. De quoi me rendre un peu le sourire. Ils me serrèrent la main, me demandèrent des autographes que je faisais avec une main qui tremblait à cause de mon état actuel. Ils demandèrent à Keller et Greenly pourquoi j’étais là et quand les autres flics me plaignirent mon sourire en coin réapparut.

-Je me disais aussi que vous étiez pas tous comme eux… Manque de bol, que voulez-vous.

A mes mots, j’envoyais un regard à Jordan qui voulais dire : « Sans rancune, hein, mec ! ». Il s’approcha de moi pour me filer une cigarette et un café. Je grimaçai devant le café. Il est pas sérieux ? C’est ça son remède ? Ça va me faire gerber, rien d’autre… Je pris la cigarette. Pas le café.

-Tu déconnes, là ? De l’eau j’aurais compris… Mais du café, j’ai du mal…

J’allumai ma clope avec mon briquet, vu qu’on avait rendu mes affaires (sauf mon pauvre permis). Jordan était, apparemment, pressé que je me casse. Il n’était pas le seul.

-Je sais même pas te dire combien de temps il va prendre… Je sais pas où il habite… Je le connais depuis hier...

Faute de whisky, je tirais comme un malade sur ma cigarette. Je ne causais pas et ne bougeais pas trop de peur de dégueuler au milieu de la pièce. Finalement, Luke fis son apparition pour mon plus grand bonheur. Il salua Jordan.

-J’ai connu des jours meilleurs.

Je passais une main dans mes cheveux décoiffé avant de sourire à Luke.

-T’a fait vite, c’est cool. Barrons-nous d’ici. Je t’expliquerai tout dans la voiture.

Ouais, je voulais vraiment me barré d’ici. Cette endroit me rappelait à quel bien j’avais merdé grave en faisant le con un des seuls jour où cet enfoiré d’Amon était hors de Los Angeles. Je me retournai vers Jordan.

-Je dois encore faire quelque chose, où je peux me barrer avec mon pote Luke ?

On sait jamais…

Howard Stone pris la clope que je lui tendais, mais pas le café qu'il regarda d'un air dégoûté. Je haussai les épaules, gardant le café pour moi.

-T'inquiète, c'est jamais perdu...

De mon point de vue, c'était le remède à tous les maux. Et c'était bon tout le temps. Cela faisait partie de nos nombreux rituels à Conrad et à moi. Souvent allié à la clope, il y avait le café de début de service, le café de milieu de service, le café de l'ennui, le café d'après intervention, etc. Une fois l'uniforme remisé dans l'armoire, là, on troquait le café pour une bonne bière fraîche, ensemble, chez l'un ou chez l'autre, avant de rentrer tranquillement se coucher... C'était le genre de petit plaisir simple qui nous restait...

Mais apparemment, pour Howard, ça ne fonctionnait pas pour la gueule de bois...

Les autres revinrent de patrouille, remontant le moral de Howard et s'amusant à nous faire un peu chier. Bah, c'était pas si méchant, bien qu'ils nous faisaient passé un peu pour deux emmerdeurs... Mais finalement, l'avis de Howard sur nous, on s'en branlait un peu. Par contre, j'aurais bien voulu que son ego reste encore un peu au 36ème dessous encore un peu... Ça pouvais pas lui faire de mal de redescendre un peu sur Terre de temps en temps. Mais ça semblait être peine perdue.

Je pensai alors tout haut en disant que j'espérais que son pote n'allait pas tarder. Et je ne fus pas le moins du monde surpris quand Howard m'affirma qu'il ne savait pas vu qu'il ne connaissait le gars en question que depuis la veille... Combien de fois on avait pas entendu ça... Quand on était pas pratiquement sûrs que nos targets étaient parfois récupérés par leurs dealers... Sans qu'on puisse rien y faire...

Mais le gars qui fini par se pointer alors que j'avais presque terminé la tasse de café que Howard n'avait pas voulu n'avait rien d'un dealer. Il n'avait d'ailleurs rien d'un pote de Howard Stone... Je m'étais plutôt attendu à voir débarquer un type du style Cash Izbel, nonchalant et à côté de ses pompes. Et bien pas du tout. Il était grand et particulièrement alerte et frais à cette heure pourtant très matinale.

Pas de doute. Ce mec était son garde du corps. J'en étais sûr. Aussi sûr que parfois, je reconnaissais, en me baladant en ville, des collègues, même si ceux-ci étaient hors service, rien qu'à leur façon de se tenir et d'observer leur environnement. Parfois aussi grâce aux chaussures tactiques fournies dans la masse d'équipement qu'ils portaient même en civil, ce que je faisais moi-même.

Il était entré dans la salle d'accueil, très poli, correct. Et demanda directement à Howard comment il allait. Je lui avais rendu la politesse en le saluant.

-Bonjour.

Je les laissai alors converser un peu tous les deux et Howard semblait pressé de se tailler d'ici... Il me demanda s'il avait encore quelque chose à faire. Conrad apporta les document à signer et le batteur s'exécuta. Une fois qu'il eu terminé, j'enchaînai.

-Tu recevras une convocation au tribunal, probablement.

Je posai ma tasse sur un meuble où étaient posés des magazines pour les gens qui devaient parfois attendre ici d'être pris en charge par un inspecteur.

-Et je veux plus voir ta tronche, sauf au dos d'un album ou sur scène, c'est clair?

Je lui souris.

-Allez... Casse-toi... Mais réponds aux convocations, ok ? Fait pas le con...

Je me tournai ce Luke que je pensais bien être le garde du corps du batteur.

-Et vous, ne le laissez pas conduire...

Allez, maintenant, tout le monde dehors, qu'on puisse finir ce foutu P.V et rentrer dormir... Parce que lui, s'il était déjà dehors et presque libre comme l'air, nous, on était toujours prisonniers de son cas... Cherchez l'erreur...

J'étais arrivé tôt au commissariat pour sortir Howard de là. J'allais le ramener chez lui pour qu'il se repose et décuve un peu. Le flic, dont je ne connaissais pas le prénom, n'avait apparemment, pas dormi de la nuit, vu les cernes qu'il avait autour des yeux... Bien évidemment que je n'allais pas laisser mon protégé conduire, je ne veux pas avoir un accident et je pense qu'il a bien compris qu'il avait fait une connerie. De toute façon, il n'était franchement pas en état de tenir un volant. Je ne pue m'empêcher de faire une grimace, lorsque le flic annonça à Howard, qu'il recevra une convocation au tribunal. S'il le souhaite, je l'accompagnerai et le soutiendrai. Je regarde de nouveau le policier et mon protégé, on se trouvait toujours à l'accueil. D'autres flics qui étaient apparemment en patrouille, rentrèrent au moment même ou je répondais à ce flic.

Aucun risque, vu son état, je préfère ne pas lui laisser le volant.

Je ne sais pas pourquoi, mais je trouvais que ce flic n'avait pas l'air commode. Mon regard se tourna de nouveau vers mon protégé en fronçant les sourcils. Je n'allais pas tarder à savoir ce qu'il avait fait, pour ne plus avoir son permis. Heureusement que j'étais disponible à n'importe quel moment de la journée pour le batteur, en fait, je m'arrangeais toujours pour lui venir en aide, quelle que soit la situation. Puis vint le moment ou le flic nous invita gentiment à sortir du commissariat. Je ne voulais pas rester des heures enfermés la dedans, donc tant mieux qu'il nous chasse. Ça puait la transpiration et je détestais ça au petit matin... Une fois dehors, Howard me suivait jusqu'à ma voiture. Je mis le contact une fois devant le volant, tout en questionnant mon protégé.

Dis-moi si je me trompe, mais ce flic n'a pas l'air commode.. Au fait, qu'est-ce qui s'est passé?

Demandais-je en attendant sa réponse, avant de démarrer.

Luke était là et on allait pouvoir partir d’ici. Pas que j’aimais pas signer des autographes aux flics qui passaient, au contraire, mais parce que j’avais clairement envie de prendre une bonne douche et de boire mon petit verre de whisky pour faire passer cette gueule de bois.

Je me retournai vers Jordan pour voir si j’avais pas encore l’une ou l’autre chose à faire avant de pouvoir le barrer définitivement de cet endroit. Greenly m’apporte un papier à signer. Bah, pour moi, ce n’était qu’un autographe de plus… Je m’exécutai en soupirant alors, qu’ensuite, Jordan m’expliqua ce qu’il allait m’arriver après tout ça. J’allais devoir passer au tribunal. Un énième soupire sortis de ma bouche. L’allait falloir que je paye un foutu avocat… Keller ne voulait plus voir ma tronche dans ce commissariat.

-Promis.

Mon ton était las mais je ne comptais réellement pas revenir ici de sitôt. Les couchettes des cellules sont inconfortables… Je pouvais maintenant y aller et la dernière recommandation du flic était de répondre aux convocations.

-Ouais, ouais, t’en fait pas. J’y répondrais.

Je faisais peut-être beaucoup de connerie mais j’étais pas un délinquant. J’avais suffisamment de thunes pour me payer un bon avocat et m’assurer la peine la moins lourde.

Jordan causa, ensuite, à mon garde du corps et lui conseilla de ne pas me laisser conduire. Ce n’était pas l’intention de Luke apparemment et je soupirai. Bordel, j’avais l’impression d’être un adolescent qu’on venait de punir…. Et c’était vraiment désagréable.

On finit par sortir du commissariat. Enfin ! C’était pas trop tôt ! J’allais pouvoir retrouver Aria. Je m’installai à l’avant alors que Luke mis le contact. Avant de démarrer, il avait deux ou trois trucs à me dire. Je haussais les épaules.

-C’est pas qu’il est pas commode. C’est juste qu’il n’est pas fan des traitements de faveurs pour les rockstars… Il m’en a fait baver du coup…

Je soupirais et mis mes bras croisé derrière ma tête qui me faisait toujours souffrir atrocement.

-J’ai fait un excès de vitesse… Les flics m’ont poursuivi et deux motos de flics m’ont barré la route. J’ai freiné et ma voiture a heurté un poteau de signalisation. Ma Ferrari est déclassée…. Les flics m’ont arrêté et j’ai passé la nuit en cellule… Voilà…

Je soupirais encore une fois, regardant Luke avec un regard innocent. Bon, ok, j’avais un peu minimisé ce qui s’était passé…  

Ah ok je comprenait mieux l'état de mon protégé et comment le flic avait réagi... Ben en même temps, je me met a la place du flic aussi. C'est pas tous les jours qu'ils doivent arrêter des rock stars pour excès de vitesse... Je ne lui laisserai pas le volant, en tout cas, pas aujourd'hui, ça c'était sur et certain. Vu que c'était encore le matin, j'allais ramener Howard chez lui mais après? Qu'est-ce que je pourrai bien faire? J'en savais rien et préférait ne pas y penser.

Ah ouais d'accord. Dis-moi, c'est la première fois que tu te fais arrêté pour excès de vitesse ??

Ben ouais, je ne connaissait pas encore assez bien mon protégé pour ça.  Il fallait qu'on discute un peu plus longtemps pour se faire confiance. En fait, j'avais fait sa connaissance que depuis quelques jours seulement. Ainsi, je pensais que le flic n'était pas commode, mais je m'étais trompé, apparemment. Personnellement, je n'aimais pas beaucoup les policiers qui s'acharnaient sur les stars pour leur prendre leur fric et inventer des histoires farfelues. Mais bon, passons.

Qu'est-qu'il a fait exactement?

Soupirais-je en regardant la route. Une fois qu'on sera chez lui, j'espère qu'il se reposera. Et s'il le souhaite, je resterai quelques heures avec lui, puis après, je rentrerais chez moi. Ce qui était bien, c'est que j'habitais pas loin de mon protégé.

J’étais bien mieux mis dans la voiture de Luke quand dans la cellule où j’avais passé la nuit. Et même si j’étais toujours un peu frustré (pour ne pas dire beaucoup), j’étais déjà d’un peu meilleure humeur.

En quelques mots (et en minimisant toute l’affaire), j’avais raconté à mon garde du corps ce qu’il s’était passé hier soir et ce qui avait conduit à ce que je passe la nuit en cellule de dégrisement. Luke se demandait si j’avais déjà été arrêté pour excès de vitesse. Et comment ! Mais jamais je n’étais tombé sur Jordan Keller et son collègue et c’est ça qui changeait tout par rapport aux autres fois.


-Ouais, je me suis déjà fait arrêter pour excès de vitesse plusieurs fois. Sauf que les autres fois, dès qu’on voyait qui j’étais on me laissait partir contre un autographe…

Et les autres fois je n’étais pas forcément complètement bourré et je ne faisais pas non plus forcément des tours en plein Downtown à 250km/h sans but (hormis celui de faire la Une de L.A.People demain). Mais ça c’était que des détails…

Tout ça pour dire que c’était à cause de Keller que j’avais passé une sale nuit parce que ce type avait bien trop d’éthique pour me faire un traitement de faveur. J’avais pas eu de chance jusqu’au bout aujourd’hui et j’en soupirais encore en parlant à Luke. Et, voyant que j’en voulais un peu à Jordan pour ça, mon garde du corps, qui entre temps avait démarré la voiture, me demanda tout naturellement ce qu’il m’avait fait. Je haussai les épaules.


-Rien de spécial, en fait. C’est juste que j’ai l’habitude que les flics me foutent la paix. Mais là, il a fait comme si j’étais un mec normal et il m’a foutu en cellule. Et c’était pas confortable…

Je soupirais encore me frottant les tempes pour essayer de faire partir le mal de tête.

-Enfin, je suis tombé sur le mauvais flic quoi.

Je fais un regard de petit malheureux espérant que ça suffise pour que Luke ait pitié de ce qui m’était arrivé.   

Je m'attendais à ce qu'il me réponde ça. Ce n'était jamais agréable de passer un moment en cellule, mais alors une nuit, je n'imaginais même pas... Personnellement, cela ne m'était encore jamais arrivé ou alors c'était il y a très très longtemps... Je soupirais et répondais à Howard.

Ouais, logique. Mais je t'ai sorti de là assez vite, non ? J'espère que tu as bien compris la leçon maintenant. Ah ben ça, je l'avais remarqué quand je suis venu te chercher. Ce flic, bien que je ne l'aie vu qu'une seule fois, il ne m'inspire pas du tout confiance.

Je gardais mes mains sur le volant, je ne voulais pas avoir un accident, manquerait plus que ça. Je roulais à une vitesse raisonnable. Alors comme ça, il s'était déjà fait arrêter pour excès de vitesse... Eh ben, ça promet... M'enfin. Tout est bien qui finit bien, comme dis le proverbe. Je n'avais pas fait attention qu'on était arrivé devant la villa d'Howard, tellement on parlait. Je me garai au parking et arrêtais le contact. Je regardais à nouveau Howard.

Et voilà, on est arrivés. Tu veux que je reste un peu ou tu préfères être seul ?

Ben ouais, autant demandé avant de faire une connerie...

On parlait de ma mésaventure qui avait fini en cellule pendant toute la nuit. Une foutue nuit… Mon garde du corps espérait que j’avais compris la leçon et je fis la moue comme un gamin. Ouais, j’ai surtout compris qu’il fallait que je m’assure d’où était Amon avant de faire une connerie… Sans me laisser le temps d’approuver ou d’en placer une il me donna ses impressions sur Jordan. Keller ne lui inspirait pas confiance.

-Je crois qu’il est ce qu’on qualifie de « bon flic ». Pas de traitements de faveur, tous égaux…

Je soupirais encore une fois. Jordan et son collègue étaient intransigeants mais, je suppose quand dans un sens, ils étaient justes. J’étais pas con, je savais que me laisser tout faire sous prétexte que j’étais une rockstar n’avait rien d’éthique. Mais bon, si on pouvait en profiter autant je faire… Après tout, moi non plus j’avais pas forcément d’éthique…

Pendant le reste du voyage, j’avais regardé droit devant afin d’éviter de vomir dans la caisse de Luke. Cette gueule de bois était un enfer… Si j’avais eu l’occasion de boire un bon whisky dès le matin je ne serais pas dans cet état-là à l’heure qu’il est. Mais bon, là encore, Keller avait été intransigeant.

On finit par arriver devant ma villa. Mon garde du corps gara la voiture me demandant si je voulais qu’il reste ou non.

-Ouais, reste un moment, on ne sait jamais que je devrais repartir. Je vais aller prendre une douche et faire un peu de batterie… Tu peux regarder la télé, si tu veux.

Je sortis de la voiture pressé de pouvoir aller boire un coup et prendre une bonne douche.