On avait pas fait long feu au studio après la superbe prestation de Tiff à la harpe. J’avais encore la mélodie en tête alors qu’on se dirigeai vers la sortie des studios. Etant donné que je ne savais pas conduire et que, de toute façon, ma voiture était encore garée devant chez Nell, Tiff m’avait proposé de me ramené chez moi ce que, bien sûr, j’avais accepté. J’ai des thunes désormais mais payer à chaque fois le taxi pour un déplacement, ça allait revenir cher à la longue.

Alors, j’avais pas dit « non », surtout si c’était pour passer des minutes supplémentaires avec Tiffany.

Dans la voiture, j’avais posé ma tête contre le carreau alors que Tiff avait démarrer. Je regardais le paysage, les yeux à moitié ouvert. J’étais crevé mais je me sentais incapable de dormir. Je n’arrivais toujours pas à me sortir de la tête les événements de la veille. Sans compter cette histoire de taupe. L’idée que l’un des Los Diablos… Des gens que j’avais côtoyé pendant des années… Puisse nous avoir trahi m’était insupportable. A moins que ça ne soit comme Reed avait dit. Que l’un d’entre eux avait été menacé.

Quelque part, j’espérais que ça soit ça et pas autre chose. Parce que si c’était à cause de menace, la trahison pouvait se comprendre. Certaines Los Diablos avaient une femme et des enfants. Je comprenais que, pour eux, leur famille passe avant le gang.

C’était moi qui avait les Los Diablos comme famille… Ce n’était pas le cas de le majorité des Los Diablos même si chacun y était attaché, à ce gang.

Mais je crois que le pire, ça serait de découvrir qu’Alvaro est le coupable. Je ne le voyais pas nous trahir pour le plaisir mais l’idée qu’il ait pu être menacé par Fleming sous mon nez m’était insupportable.

Bref, tant que je ne saurais pas le coupable, ça va me hanter. Tout comme ce qui était arrivé à Sky allait me hanter aussi jusqu’à-ce que j’ai des nouvelles de son état. Je savais que Nell ne manquerais pas de me tenir au courant.

Du coup, j’étais resté particulièrement silencieux pendant le trajet, jusqu’à-ce que je me rende compte qu’on était arrivé et que Tiff s’était garé devant mon immeuble. Je regardai vers la bâtiment. Et je ne savais pas pourquoi, l’idée de m’y retrouver seul ne me faisait pas plaisir. Il y avait bien Irish… Mais il ne parlait pas aux dernières nouvelles.

Je fixai Tiff.

-Est-ce que… Tu veux monter un moment ?

Notre relation avançait progressivement. On se laissait le temps et on jouait un peu aussi. Mais je crois que je suis en train de me rendre compte que, du temps, je n’en ai peut-être plus beaucoup.

Tout dépendra de Sky.

Je soupirai.

-J’avoue que je n’ai pas tellement envie d’être seul. J’ai envie d’être avec toi, en fait.

Parce que je l’aimais… Au point que j’étais en train de me dire que de ne rien lui dire pour mon appartenance aux Los Diablos était peut-être dangereux. Pas pour moi mais pour elle. Parce que si on se mettait réellement ensemble,  il allait, de toute façon, fallait que je lui dise.

Mais je devais être sûr que c’est vers là qu’on allait.

-Enfin, si toi, tu en as envie.

J’avais dit ça en me dérobant à son regard. Comme si j’avais peur qu’elle lise tout ce que je lui cachais dedans.

@ Billy Lighter

La journée avait été chamboulée par la nouvelle de Finan. Les nouvelles, je devrais dire car s’il avait commencé par nous en annoncer une très mauvaise, il avait aussi révélé avoir eu le Ok de Samantha Mancini pour faire de nous un groupe officiel.

Cela avait suffit à redonner la bonne humeur à notre petit trio bien que nous fussions sous le joug de plusieurs incertitudes et qu’il nous faudrait faire preuve de patience avant de pouvoir vraiment commencer à travailler ensemble.  Seulement, notre motivation et entrain était débordante, ce ne serait donc qu’une question de temps avant de pouvoir nous lancer, et bien le faire.

En attendant, Ivar rentra chez lui en sifflant Never Cared, la magnifique pièce de Roadtramp que j’avais joué à la harpe et moi, je pris mes trucs, prête à rentrer puis je proposais à Finan de le raccompagner, me doutant qu’il avait dû venir en taxi parce qu’avec son bras, il ne devait certainement pas pouvoir conduire. Il avait accepté mon offre et une fois ce grand gaillard installé dans ma voiture, j’avais fait route jusque chez lui. Finan s’était montré très silencieux pendant le trajet ce qui était fort compréhensible après la nuit qu’il avait passée. Et puis il avait bu de l’alcool avec des anti-douleurs ce qui n’était pas un mélange très safe à mon avis. Il y avait de quoi tomber dans les vapes.

Je me garais et attendis que Finan émerge. Je n’osais pas le brusquer, mettre ma main sur son épaule pour le sortir de ses songes. Il le fit de lui-même, comme un grand garçon, émergeant de son brouillard et me demanda de monter avec lui. J’acceptais et je grimpais avec lui jusqu’à son appartement dans lequel nous fûmes accueillit par son chat, Irish.

- Il est peut-être plus sage que tu ne reste pas seul après tout ce que tu as vécu.

Je préférais veiller sur lui plutôt que de le savoir seul. Il semblait avoir la mort dans l’âme, littéralement. Je pouvais très bien comprendre que ce qu’il avait vécu la nuit dernière était stressant mais au point de donner l’impression qu’il allait craquer d’un moment à l’autre ? Ce devait être le stress qui tombait.

L’appartement de Finan n’avait pas beaucoup changé depuis la dernière fois où j’y étais venue, la même pagaille masculine y régnait. Je me permis de ramasser ce qu’il y avait sur le divan pour le déplacer sur le fauteuil et je m’installais ensuite, lui laissant de la place pour qu’il me rejoigne.

- Tu as mal ?

C’était une question un peu stupide, forcément il devait avoir mal, il s’était fait tirer dessus il n’y avait pas vingt-quatre heures de ça.

Cette mésaventure là avait de quoi ébranler. Quand on ne pouvait même plus marcher dans la rue sans craindre de se faire tirer dessus, c’était à se poser des questions !

- Tu as certainement dû faire une déposition à la police après coup, non ? Est-ce qu’ils ont dit s’il y avait une vague de crime comme celui-là, dernièrement ? J’ai du mal à trouver ça normal qu’on doive sortir et craindre l’inconnu sur qui on va tomber.

Je ne pu m’empêcher de passer ma main dans les cheveux de Finan en disant ça, comme si je cherchais à le réconforter et à me sécuriser.

@ Billy Lighter

Tiffany, pour mon plus grand bonheur, avait accepté de monter dans mon appartement avec moi. Je n'avais pas envie d'être seul et je cherchais à retarder l'échéance du moment où je serais seul avec moi-même. Bien que je pouvais éviter ça en remontant à Malibu mais je n'en avais absolument pas la force tellement la fatigue et la douleur me terrassaient.

Irish nous accueillit et je lui servis un maigre sourire alors que Tiff déclara qu'après ce qu'il m'était arrivé, je ne devrais sans doute pas rester seul.

-Je ne sais pas si c'est plus sage. Mais je n'ai pas envie d'être seul, ça c'est sûr.

Non, ça n’était pas sage... Imaginons que Sky soit déjà morte... Alors en amenant Tiffany ici je la mettais en danger.. . L'idée me fit frissonner avant que je ne me dise que Nell n’hésitera pas à se tenir informée et à me tenir informé...

Je l'espérais, en tout cas.

Tiff déplaça quelques objets qui traînaient sur le fauteuil. Mon appartement était mal rangé. Mais je n'avais plus le temps de ranger...

Elle s'installa et je fis de même prenant place à côté d'elle. Je n'avais même pas ma force d’aller chercher une bière ni quoi que ce soit d'autre.

Tiff demanda alors si j’avais mal. Je soupirais.

-Ouais... Pourtant, c’est pas faute de prendre les anti-douleurs... Mais j’imagine que la douleur va finir par s’estomper avec me temps.

Ma blessure était récente donc j'imaginais que la douleur était logique.

Puis Tiff enchaîna supposant que j’avais du faite une déposition. Elle me demanda aussi si la police m'avait parlé d’une vague de crimes avant de souligner l'insécurité grandissante à L.A.. Tout en parlant, elle passa une main dans mes cheveux. Un geste qui me faisait du bien.

Je fermai deux secondes les yeux avant de les rouvrir.

-Oui j'ai fait une déposition à la police. Ils l'ont prise à l'hôpital.

Et j'avais menti... Tout comme j’avais menti à Tiff tout à l'heure. Une Tiff qui s'inquiétait de l’insécurité qui régnait à LA. Une Tiff que j'aimais... Je savais, en perdant mon regard dans le sien, à cet instant, que je devais faire un choix.

Tout lui dire et espérer pouvoir vivre une vrai relation avec elle. Ou ne rien lui dire et renoncer à elle.

Je n'avais pas vraiment le choix.

-Et non, ils ne m'ont pas parlé d’une vague de crimes.

Parce qu'il n’y en avait pas. Le crime était constant à L.A.. La seule hausse est venue quand Fleming a mis sur les rails les New Soldados. Depuis c’était constant. Je n'avais pas besoin de statistiques pour en venir à cette conclusion.

Je passai ma main dans les cheveux de Tiff.

-Tu sais ce que je ressens pour toi... Et, aujourd'hui plus que jamais, j'ai besoin de savoir si, toi aussi, tu ressens la même chose...

Je lui montrai, dans mon regard, que j’avais besoin d’une réponse sincère quelle qu’elle soit. C’est cette réponse qui allait déterminé si, oui ou non, je me lançais à tout lui dire.

@ Billy Lighter

Après toutes les émotions par lesquelles il avait dû passer, je comprenais très bien que Finan puisse ne pas avoir très envie de se retrouver seul et moi, et bien cela me faisait très plaisir de lui tenir compagnie. De toute façon, je n’avais rien de prévu et même si ça avait été le cas, je n’aurais pas hésité à tout annuler pour rester auprès de lui.

Une fois installés tous les deux dans son divan, je le regardais et lui demandais s’il avait bien mal, ce qu’il me confirma et ce, malgré les anti-douleurs qu’il s’enfilait. Je me retenue de lui dire qu’il devait suivre la posologie, et qu’en plus s’il mélangeait avec de l’alcool, il s’enlignait pour un tout autre genre de problème mais je me retenue jugeant le moment inopportun.

- Oui, elle va s’estomper c’est certain. Déjà après une bonne nuit de sommeil, ça te fera du bien. Tu voudrais que je te fasse couler un bain peut-être ?

Ma question était un peu stupide, en fait, je cherchais le meilleur moyen à ma portée de l’aider à se faire se sentir mieux.

Cette histoire là me faisait peur et me laissait complètement choquée. Le monde devenait fou, il n’y avait pas à en douter ! Peut-être que le tireur était jaloux de Finan, si ça se trouve, il connait son agresseur, il ne l’a peut-être pas reconnu parce qu’il portait un couvre visage. Finan avait fait une déposition à la police quand il se trouvait à l’hôpital et les policiers n’avaient pas mentionner d’autres crimes du genre. C’était un tout petit peu rassurant quelque part, mais pas assez pour que je cesse de m’en inquiéter.

Je passais ma main dans les cheveux de Finan, doucement, pour le réconforter et il prit un air tout de suite plus sérieux et passa lui aussi sa main, dans mes cheveux. Je le regardais dans les yeux et j’allais lui dire qu’il devait absolument penser à dormir mais il me posa une question que je n’avais pas anticipé.

- Je…

C’était le genre de question que je n’aimais pas vraiment, enfin, pas la question comme la situation, non pas parce que je ne ressentais rien pour Finan, bien au contraire. Je pense qu’ici nous pouvons parler d’un coup de foudre au premier regard. Mais nous ne nous connaissions pas depuis longtemps, j’aimais prendre mon temps mais je sentais dans la voix de Finan, je lisais dans son regard qu’il n’était pas question de prendre notre temps, qu’il avait réellement besoin de savoir tout de suite.

- Je ressens quelque chose pour toi, quelque chose de fort, même mais, Finan ? Qu’est-ce qui se passe ?

On m’avait rarement fait une déclaration d’amour en donnant l’impression qu’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. Puis je me mis à réfléchir à toute vitesse, et Ivar s’imposa dans la tête. Finan croyait-il que j’en pinçais pour son copain ? Il est vrai qu’il est mignon et que je m’entende vraiment bien avec lui mais… Ivar ne serait qu’un ami, un excellent ami mais jamais plus qu’un ami. Seulement, à son arrivé au studio plus tôt, il nous avait surpris Ivar et moi alors que nous bavardions. Étions-nous si près l’un de l’autre ? Je pense que j’avais ma main sur sa cuisse… ou était-ce lui qui me touchait l’épaule ? Je ne sais plus… je n’ai pas porté attention à ça, à vrai dire.

- Ivar a retrouvé l’amour de sa vie, qu’il a dit. Il est avec la belle Vanya Kournikova.

Je fronçais des sourcils me sentant réellement stupide et légèrement paniquée à l’idée qu’il puisse croire que j’avais voulu faire du rentre dedans à Ivar ou inversement.

@ Billy Lighter

La douleur était toujours présente mais, tout comme moi, Tiff était convaincue qu’elle s’estomperait. Elle me proposa même de me faire couler un bain. La proposition de fit sourire. Un sourire bien moins maigre que ceux que je serais aux gens depuis que je m’étais pris une balle.

-Pourquoi pas ? Je crois que ça ne peut vraiment pas me faire de mal.

J’en avais certainement besoin après la nuit que j’avais passé. Une nuit blanche qui me donnait l’impression que je n’avais plus dormi depuis une semaine entière.

Mais avant de faire couler quoi que ce soit, Tiff me parla de la police et de l’inquiétude qu’elle avait par rapport à la violence qui régnait à L.A.

Et tout ces questionnements me firent me questionner moi aussi… J’aimais Tiff et si on devait aller quelque part tous les deux, je ne pouvais pas lui cacher que j’étais un Los Diablos. C’était une part trop importante de ma vie pour ça. Un part dont elle devait avoir conscience pour ne pas qu’elle se mette en danger sans le savoir. Tout comme, avant de s’embarquer avec moi elle devait savoir à quoi s’en tenir… Je n’avais pas le choix… Et ça même si ça risquait de tuer notre relation avant qu’elle ne commence.

Ce n’est pas comme si je n’en avais pas l’habitude.

Mais avant, je devais savoir si ce que je ressentais pour Tiff était réciproque. Elle sembla prise de court par ma question. Jusqu’ici, on prenait notre temps. Tiff aimait prendre son temps mais j’avais remarqué hier, que tout pouvoir basculer d’un seul coup. Que, du temps, personne n’en avait vraiment, en fin de compte.

Elle hésita alors que je la regardais toujours droit dans les yeux. Et elle calma qu’elle ressentait quelque chose de fort pour moi. Cette affirmation me fit chaud au cœur et, en même temps, il se noua.

Parce que j’allais devoir dire la vérité. Surtout qu’elle sembla inquiète tout d’un coup. Mais je n’eus pas le temps d’en dire plus qu’elle me parla d’Ivar. Je levai un sourcil. Qu’est-ce que Ivar et Vanya venait faire dans l’histoire. J’étais trop fatigué pour me rendre compte qu’elle pensait que je pensais qu’elle avait des vue sur Ivar.

-Oui, je sais… Et je suis très content pour lui mais…

Mais ce n’est pas d’eux que je veux parler mais d’elle et moi.

-Ce que je veux dire c’est que si on veut former un couple, je dois jouer franc jeu avec toi. Je n’ai pas le choix… Pour ta sécurité, déjà et puis parce que je ne saurais pas faire autrement.

Je me mordis la lèvre et cherchai mes mots avant d’en trouver une partie.

-Je ne suis pas barman… Je n’étais pas barman… Enfin si mais… Ce que je veux dire c’est que je suis un Los Diablos. Le gang de l’Eastside. J’en fais partie depuis 13 ans.

Peut-être que, tout comme Nell, elle allait trouver ça incompatible avec ses principes. Et je pourrais facilement le comprendre.

-C’est en partie à cause de ça si j’ai pris une balle. Parce que, quand on est Los Diablos, on est amené à rencontrer la pire vermine de cette ville. Et dans les pires, il y a Ward Fleming… C’est lui qui m’a tiré dessus parce que j’ai prévenu sa petite-amie qu’elle fréquentais l’un des pires psychopathes de cette foutue ville.

Je fixai toujours Tiff la laissant, déjà, digérer cette informations.

@ Billy Lighter

Je ne pouvais pas vraiment aider Finan, en tous les cas, pas autant que je le pouvais alors je proposais de lui faire couler un bain. Pendant qu’il relaxerait, je pourrais faire sa vaisselle ou fouiller dans son réfrigérateur pour lui faire un ou deux petits plats, selon ce qu’il a ainsi il n’aura pas à se soucier de ça mais Finan a besoin de me parler d’autre chose. C’est quelque chose qui de toute évidence le préoccupe et de pas si facile que ça à lâcher.

Et quand il le lâche enfin, c’est moi qui me sens comme dans une situation pas évidente parce que j’ai l’impression qu’il précipite les choses entre nous parce qu’il a pu avoir peur qu’entre Ivar et moi il y ait plus que de l’amitié.

Mais non, il ne s’agissait pas de ça.

Finan voulait connaitre mes sentiments pour lui en avouant les siens pour moi. C’était précipité, nous ne nous connaissions pas encore beaucoup bien que je susse que nous avions plusieurs choses en commun et le courant entre nous passait plutôt bien, ces choses-là ne prennent pas beaucoup de temps à s’établir. Mais la grande solitaire en moi était plutôt du genre à penser trop longtemps à ses affaires et finir par voir les occasions lui passer sous le nez, vivre sans vraiment les regretter, parce que je n’ai jamais vraiment foncé vers l’humain et encore moins vers l’humain du sexe opposé.

Avec Finan, et même si mon cœur m’envoyait de grands signaux lumineux avec tous les frissons et les étoiles qui venaient avec, je n’aurais jamais foncé tête baissée. Ce qui vient compliquer les choses, c’est notre groupe. Qu’est-ce qui arrivera si notre couple prend trop de place dans notre groupe ? Ou si inversement, c’est le groupe qui prend trop de place dans notre couple ? Il y avait tellement de choses à réfléchir, j’aurais voulu qu’on prenne le temps de vivre chaque étape lentement mais sûrement et voir où cela allait nous mener.

Et ce n’était pas tout… Finan avait tout un tas de révélations à me faire et je reçue chacune d’elle silencieusement, les mains en prières appuyées sur mes genoux, le regard bas. Il n’y avait rien, mais alors là, absolument rien de réjouissant dans ce qu’il me disait. Je découvrais que non seulement il m’avait mentit, mais qu’en plus je me trouvais en présence d’un criminel, rien de moins ! Je connaissais très bien la réputation des Los Diablos.  Je suis fille de politicien, aspirant Sénateur, bien évidemment, toutes ces histoires viennent un jour où l’autre à s’imposer dans une conversation ou une autre.

Du coup, après tout ça, je ne savais plus vraiment quoi penser bien que je comprenais pourquoi il avait menti. Il ne l’avait pas fait dans un but intéressé mais de toute évidence, pour nous protéger, Ivar et moi. Moins l’on en sait, mieux c’est sauf comme il le dit, si nous voulons faire avancer les choses entre nous, je devais être au courant de tout ça pour ne pas finir comme l’autre fille.

- C’est… beaucoup d’informations en même temps, ça, Finan.

Une partie de moi voulait s’en aller et l’autre, voulait rester et je n’étais pas certaine de savoir laquelle des deux était plus forte que l’autre. Je soupirais, passais ma main dans mes cheveux, jouant avec en les ramenant sur le côté puis en les renvoyant vers l’arrière, et je soupirais à nouveau avant de regarder Finan droit dans les yeux.

- Je ne sais pas quoi te dire ! Déjà, avant même que tu me dises tout ça, je trouvais cela précipité que de devoir clarifier tout de suite nos sentiments… mais là… c’est un choc, et pas qu’un petit, tu comprends ?

Je me levais, je voulais partir.

Je me retournais, je voulais rester.

- Tu t’es fait tirer dessus ! C’était carrément un règlement de compte ! Quelqu’un voulait te tuer !

Tout tournait vraiment très vite dans ma tête mais une pensée prenant de plus en plus le dessus sur toutes les autres. Une seule me semblait valoir la peine, une seule à laquelle je devais m’accrocher. Alors je quittais la porte près de laquelle j’avais presque bondit et je me laissais aller contre Finan oubliant presque son épaule blessée et l’embrassais.

- Il faut la vivre à fond, cette histoire !

@ Billy Lighter

Je venais de dire la vérité à Tiff sachant très bien que cette vérité pourrait conduire au fait qu’elle ne partage plus autant que ça les sentiments que j’avais pour elle. Ce que je comprendrais. J’avais déjà entendu le refrain sur les choses inconciliables. Et être un Los Diablos rendait beaucoup de choses inconciliable si bien qu’Alonso me répétait sans cesse que la seule façon pour moi de trouver la femme qui me convenait était de chercher dans nos rangs.

Mais aucune fille ne me plaisait dans nos rangs… Elles étaient gentilles mais je n’en étais pas amoureux. Et je ne voulais pas forcer les choses.

C’est Tiff que j’aimais… Je ne savais. C’était le genre de sentiment que je savais reconnaitre. Mais je savais aussi que l’amour, parfois, ne suffisait pas. Il fallait aussi pouvoir vivre ensemble… Et souvent, le fait que je sois Los Diablos empêchait ça.

Je ne m’arrêtai pas à cette simple révélation. Je parlais aussi de Fleming et, donc, de la vérité d’hier soir. Le regard de Tiff s’était baissé… Je savais que ce n’était pas bon signe mais je n’avais pas eu le choix.

Et elle ouvrit la bouche pour dire que c’était beaucoup d’informations à la fois. Je me mordis la lèvre.

-Je sais…

Elle soupira… Joua avec ses cheveux. J’essayais de décrypter chacun de ses gestes avant qu’elle ne me regarde dans les yeux pour me dire que même avant ça elle trouvait ça précipité. Je sais… Je ne suis pas très douer pour faire durer les choses. J’aime passer des étapes… Parfois trop vite…

-Je sais…

Et elle se leva… Je baissai les yeux comprenant qu’elle allait vouloir partir. Et j’étais déjà en train de me dire que mieux valait que ça soit maintenant, alors qu’on en était encore aux prémices de notre relation, plutôt que plus tard. Que ça serait plus facile à digérer comme ça…

Elle déclara alors que c’était un règlement de compte.

-Oui… J’en suis conscient. Et ce n’est pas la première fois que Fleming tente de me tuer.

Je montrais du doigt les cicatrices que j’avais sur le visage.

-Mais cette fois, ce n’est pas moi qui ait vécu le pire… C’est la petite-amie de Ward. Elle s’est fait tiré dessus… Pas par moi… Par un autre Los Diablos qui a raté Ward. Et de ça, je m’en sens énormément coupable. Cette fille était innocente.

Je soupirai avant que Tiff ne fasse marche arrière. Je levai un sourcil mais n’eut le temps de rien dire qu’elle m’embrassa. Je fermai les yeux alors que les battements de mon cœur s’étaient accélérés.

Elle brisa le baiser pour dire, simplement, qu’il fallait vivre à fond cette histoire. Je fus surpris mais ma seule réponse fut de l’embrasser encore plus passionnément cette fois jusqu’à passer ma main valide sous son t-shirt pour caresser son dos. Je ne sais pas combien de baiser du genre on a échanger avant que je ne le bise à nouveau pour plonger mon regard dans le sien. Un regard interrogateur.

-Alors… Malgré tout ça… Tu veux quand même bien essayer ? Je suis pas simplement réellement mort là ? C’est réel ?

Je ne savais pas si c’était réel ou si je m’étais endormi, sans le savoir, et que j’étais simplement en train de rêver.

@ Billy Lighter

Tout ce que je venais d’apprendre était digne d’un roman policier et jamais de ma vie je n’aurais pu soupçonner Finan d’être relié a un gang criminalisé. Ce n’était pas facile à entendre et j’imaginais bien que ce ne devait pas être facile à avouer, pour lui. Je ne l’interrompis pas, je le laissais aller au bout, de toute manière, je ne savais pas quoi dire ni même quoi en penser.

Puis quand il eu terminé, je me levais, prête à partir. Je pensais sur le coup que c’était la chose à faire, nous étions si différents de monde mais en même temps, si près de cœur. Quel dilemme improbable, j’aurais voulu être capable de me liquéfier sous le parquet de bois plutôt que de faire face à la situation.

Le fait est qu’en dessous de ces révélations chocs, se trouvait une magnifique déclaration d’amour qui était réciproque et qui valait la peine d’être vécue. D’ordinaire, je ne précipite rien dans l vie, même, j’ai tendance à tellement étirer le temps que tout se termine avant de n’avoir vraiment commencé.

Les révélations de Finan devaient donc être le petit coup de pouce que j’avais de besoin, une fois dans ma vie, pour faire quelque chose d’absolument dingue et complètement hors norme, compte tenue d’où je venais. J’avais envie de foncer et c’est ce que je fis en revenant vers Finan et en l’embrassant après lui avoir dit qu’il fallait donc vivre cette histoire intensément.

Il me fit rire, contre ses lèvres alors qu’il s’interrogeait à voix haute à savoir s’il était en vie, était-ce à ce point trop beau pour être vrai ? Il me caressait sous mon haut, dans mon dos et, après un long baiser, je le brisais pour reprendre mon souffle.

- Je vais te laisser te reposer, il vaut mieux. Je reviendrai demain, à la première heure pour voir comment tu vas mais là, tout de suite, je veux que tu te reposes, d’accord ?

Je lui offris mon plus beau sourire et l’embrassais encore avant de me lever et de ramasser mes choses.

- Veille bien sur lui, Irish! Je me fis sur toi !

@ Billy Lighter