Sky Fleming.

C’était toujours son nom. Pour combien de temps encore ? Telle était la question. Elle clamait qu’elle n’avait pas encore eu le temps de divorcer. N’empêche que le fait qu’elle ne l’ait pas encore fait ne jouait pas en sa faveur.

Et tant qu’elle serait Sky Fleming, j’aurais l’impression qu’elle est toujours à moi.

Elle le sera toujours. Elle ne pourra rien contre ça.

Je croisai rarement le regard de Sky pour la simple et bonne raison qu’elle osait rarement me regarder. Je continuais de jouer avec mon alliance alors qu’Anderson posa une question dont la réponse m’intéressant.

Le corrompu juge Dorsley me laissa l’occasion de l’entendre. Sky déclara alors n’avoir plus aucun sentiment amoureux pour moi. Ça me fit, instinctivement, pencher légèrement la tête sur le côté.

Était-ce vrai ? Difficile à dire… Si elle disait qu’elle m’aimait toujours toutes ses accusations n’auraient plus aucune valeur… Et ça la foutrais mal devant ce qui semblait être son nouveau petit ami qui, au passage, était aussi devenu le nouveau batteur de The Warriors. Sky aurait-elle eut du mal à se rappeler que si elle avait perdu Eden c’était en partie à cause de Quinn ?

On dirait qu’elle a la mémoire courte.

Et moi, est-ce que j’en avais toujours des sentiments pour elle ? D’une certaine façon, oui. Elle sera toujours lié à moi. Elle sera toujours à moi.

Tout ce que je touche, se transforme. Un peu comme le juge Dorsley quand les dollars de Reed l’ont touché. Il s’est transformé en véritable poison pour le procureur et pour tous les témoins passant à la barre.

Et moi, je me délectais de ça.

Anderson mis alors en avant que le fait que Sky n’avait jamais vu Riley et ne pouvait, donc, pas affirmer que la Riley présente ici était celle dont parlait Sky. Un fait que personne ne pouvait, en effet, confirmé vu que Sky n’avait jamais vu Riley.

Anderson parla alors de doute raisonnable au juge. Un juge qui n’en demandait, sûrement, pas tant.

Et c’est là que l’interrogatoire prit fin.

Anderson revint à mes côtés et déclara que si je finissais libre, je devrais mieux choisir mes femmes.

-L’amour ne se contrôle pas, Maitre.

C’est ce que je répliquai à son oreille. Et je ne mentais pas. Je ne contrôlais pas ça.

Je ne l’avais pas contrôlé pour A.J.

Je ne l’avais pas contrôlé pour Sky.

Le juge Dorsley finit, quelques temps après, par nous libérer le temps que le jury délibère.

On vint me menotter à nouveau et je me tournai vers Dosley que je saluai d’un signe de tête. On m’amena ensuite à une cellule située dans le palais de justice. C’est là que j’allais attendre.

Je me couchai sur la couchette et j’attendis.

Patiemment.

Je savais que c’était mes dernières heures d’attentes avant ma liberté. Il n’y avait aucun suspens pour moi. Pour les autres non plus. La plupart devaient se dire que j’allais griller sur la chaise électrique bien que le juge Dorsley avait dû semer le doute pendant l’audience. Mais ils seront bien surpris quand ils verront que je suis libre.

J’avais hâte.

Les heures me parurent longues.

Mais on finit par venir me chercher et, encore une fois, je fus le dernier à entrer dans la salle et à m’asseoir près de mon avocat quand on m’eut enlevé les menottes.

On fit entrer le jury.

Le juge déclara qu’ils avaient un verdict. Le jury confirma.

L’huissier, debout, demanda au premier juré de se lever. Quand il fut debout tout le monde se leva.

Le verdict était unanime.

Tout ce beau monde, si bien payé. Ça en fait des âmes corrompues dans une salle.

Le huissier repris la parole.

-Pour le chef d’accusation numéro un, la mise en examen pour violence conjugale contre la personne de Sky Fleming. Quel est votre verdict?

Le juré, impassible, répondit :

-Non coupable.

Et de un.

-Chef d’accusation numéro deux, la mise en examen pour voie de faits graves et séquestration sur la personne de Riley Raphaël.

-Non coupable.

Et de deux.

-Chef d’accusation numéro trois, la mise en examen pour proxénétisme aggravé.

-Non coupable.

Et de trois.

-Chef d’accusation numéro quatre, la mise en examen pour trafic de drogue.

-Non coupable.

Et de quatre.

-Chef d’accusation numéro cinq, la mise en examen pour bande organisée.

-Non coupable.

Et c’était le dernier.

Je levai le poing en signe de victoire. Me tournant légèrement vers les Quinn, Sky et autre Riley… J’avais gagné. Ils avaient tout perdu.

J’entendis du bruit dans la salle. Des gens quittèrent les lieux outré par le verdict.

Le juge Dorsley remercia le jury.

-Monsieur Edward Fleming, vous êtes non coupable pour tous les chef d’accusation. Votre libération est à effet immédiat.

Il tapa avec son marteau.

Je me tournai vers Anderson et lui serrai la main.

-Je vous l’avais dit. Je n’avais rien à me reprocher. Beau travail.

Il méritait bien un petit compliment.

L’amour ne se contrôle pas.

Ce furent les mots d’Edward Fleming. Avait-il vraiment aimé ces femmes ? Je n’en savais rien. J’avais eu l’occasion de souvent le voir, en prison, pendant toute la procédure. Et même si mon rôle d’avocat de la défense m’avait forcé à décrédibiliser le bilan psychiatrique de mon client, je n’étais pas certain qu’il soit pour autant capable d’amour…

Tout du moins, pas d’amour tel que le commun des mortels le concevait.

Etait-il coupable ?

Oui. Peut-être pas de tout ce qu’il était accusé, mais il n’y a pas de fumée sans feu… Une partie de ce qui s’était dit ici devait être vrai. Après tout, même si elles n’avaient pas attiré ma sympathie, autant Sky que Riley avaient fourni des photos des sévices subis…

S’étaient-elles fait ça toute seules ? Toutes les deux ? Juste pour prendre Ward dans un piège ?

Je frottai mon visage.

Je n’en savais rien. Ni Ward, ni les témoins ne m’avaient convaincu… Quelque part, pour moi, Ward restait dans une espèce de vide entre coupable et non coupable.

Ce qui, en droit, se traduisait par un non-lieu… Non ?

Quelque chose comme ça, oui.

Le jury se retira… Et tout le monde se retrouva dans la salle des pas perdus du palais de justice.

Je me tins bien à l’écart, dans un coin. Certes, un esclandre ne servirait certainement pas les cas de Sky Fleming, Riley Raphaël et Finan Quinn… Cependant, je savais que j’avais largement dépassé les bornes, que j’avais fait un très mauvais avocat dans le sens strict du droit pénal. Je n’avais respecté aucune règle dans un effort que je pensais vain d’éviter à Ward Fleming d’être exécuté sur la chaise.

Mais sincèrement ? Je ne pensais pas gagner.

Et pourtant, plusieurs heures plus tard, alors que le soleil se couchait sur L.A., je me tins debout pour écouter le verdict.

Non coupable.

Un.

Non coupable.

Deux.

Non coupable.

Trois.

Non coupable.

Quatre.

Non coupable.

Cinq.

J’avais gagné. Et ma mâchoire touchait presque terre. J’entendis le bruit du marteau que l’on frappe. Et je ne revins réellement à moi que quand je fus secoué par la poignée de main de Ward Fleming. Libre à effet immédiat.

-Heu… Merci…

Je quittai le palais de justice pour me retrouver sous les flashes des photographes. Encore sous le choc, je protégeai mes yeux de mon bras. A ma place, n’importe quel avocat se serait pavané devant le parterre de journalistes…

Pas moi.

-Maître Anderson ! Maître Anderson ! Edward Fleming est désormais libre ! Que pouvez-vous nous dire sur la libération du fils du Boucher de Los Angeles ?

Je secouai la tête.

-Je ne ferai aucun commentaire.

Et je me faufilai jusqu’à ma voiture… Et démarrai… Avec sur le cœur un étrange sentiment de culpabilité.

Quand Anderson m’interrogea sur mes sentiments pour Ward, mon cœur se serra et il me fallu tout mon self-control pour lui répondre que je n’en entretenais plus. Ce n’était pas la vérité et il le savait, Ward le savait et fort probablement même que Sigurd le savait lui aussi. Je ne pouvais tout simplement pas clamer haut et fort être encore amoureuse de mon violent de mari et vouloir faire marche arrière ! Ça ne se faisait pas, je ne le pouvais pas.

En dedans de moi, ma colère grimpais devant l’inertie du juge qui accueillait toutes les objections du procureur avec un rejet simpliste, comme s’il balayait une simple poussière sous le tapis de la justice. Il l’avait fait avec le psychiatre, il l’avait fait avec Riley et avec Finan et il le faisait maintenant avec moi au point où cela me paraissait évident que quelque chose n’allait pas !

Depuis que j’étais entré dans ce putain de commissariat que tout le monde me répétait que je faisais la chose à faire, qu’il était impossible que Ward s’en sorte indemne, que tout ce qui pesait contre lui était aussi gros que le cul d’un éléphant dans un magasin de porcelaine et là, un juge qui ne connaissait visiblement rien à rien venait foutre en l’air tout ce que tout le monde avait tenté de faire.

Le pire fut quand Anderson tenta de me discréditer au sujet de Riley. En fait, il n’essaya pas, il parvenu à mettre un doute qu’il disait raisonnable. Riley avait pourtant elle-même affirmé avoir couché avec mon mari, il lui fallait quoi de plus ? J’avais entendu cette conversation téléphonique pendant laquelle Ward se souciait de la retrouver, j’avais vu les traces sur son corps, des marques que je ne lui avais pas faite, quoi qu’il en dise !

Mais ça n’avait pas suffi.

Je quittais à barre confuse, en colère et désillusionnée alors qu’on annonçait la séquestration du jury le temps de leur délibération. Alors que je retournais vers Sigurd, mon regard croisa celui de Finan et je crois que, sans prononcer un seul mot, il comprit tout ce que je pensais. C’était foutu et si j’avais raison, nous serions dans la merde avant même de le comprendre.

Sigurd tenta de me rassurer en disant que bientôt, tout serait terminé et Ward serait enfermé pour toujours. Je le regardais pendant de longue secondes sans parvenir à prononcer un seul mot. Il n’y avait rien à dire, je savais que ça n’irait pas en ce sens. Peut-être que j’avais vécue assez longtemps avec Ward pour détecter ce genre de vent chaud qui menaçait de tout balayer sur son passage.

- Ouais.. Allons-y avant que je ne vomisse…

J’avais vraiment besoin de prendre l’air, j’étouffais dans cette salle bondée à craquer. En sortant de la salle, c’est face à face avec Riley Raphaël et son petit ami que je me retrouvais. Je la regardais sans savoir si j’avais envie de lui démonter la tête ou de la serrer dans mes bras. Je ne fis que de me retourner vers Sigurd pour le prendre pas le bras et contourner tous ces gens qui s’en allaient prendre l’air ou se ruer sur un téléphone pour donner les dernières nouvelles.

L’attente me sembla interminable, elle dura des heures ! Des heures pendant lesquelles j’étais resté silencieuse à envisager toutes les possibilités. Si Ward sortait de prison, tout serait à refaire. Je ne me sentirais plus jamais en sécurité nulle part alors que je commençais tout juste à revivre. Je recommencerais à craindre pour Heaven, je ne voudrais plus la sortir de notre appartement, jamais !

Puis vînt le moment de retourner dans la salle d’audience, les jurés avaient un verdict. Ce fut beaucoup trop rapide à mon goût.

Dans la salle, l’air y était tout autant irrespirable et ça ne s’arrangea pas quand Ward revint s’installer auprès de son avocat pour la lecture du verdict. On nous fit nous lever pour accueillit le juge puis se rassoir à nouveau alors que le juré numéro un déclamait les chefs d’accusations et ce sur quoi ils s’étaient entendus.

À chaque énoncé, c’était comme un coup de poignard qu’on m’enfonçait dans le cœur.

Non coupable.

Non coupable.

Non coupable.

Non coupable.

Non coupable.

Ward était complètement blanchi de tous chefs d’accusation et repartait du tribunal en homme libre. Je restais immobile, sur mon siège, les mains en prière et tremblantes. Dans la salle, des interloquassions de stupeur et d’incompréhension se firent entendre et bien vite la cacophonie des gens prit le dessus sur le silence protocolaire.

- Tu crois encore en la justice ?

Je posais la question tout haut, à moi, à Sigurd à n’importe qui qui m’aurait entendu. Je me levais, parce que nous n’avions strictement plus rien à faire ici, mais avant de partir, je retirais mon alliance, ce que j’aurais dû faire depuis longtemps, et la laissais sur le banc.

Sky semblait en colère… Elle semblait avoir perdu quelque chose dans cet interrogatoire de la part d’Anderson. Je pouvais la comprendre… Sans compter que le juge semblait sérieusement avoir un parti pris. Ainsi, je ne pouvais, quand elle me rejoignis, que la serrer dans mes bras et la rassurer.

Je la sentais fébrile. Je la sentais dépourvue du moindre espoir. Moi, j’espérais que le jury ait retenu l’essentiel et pas les tentatives de déstabilisations d’Anderson. Je voulais garder espoir. J’étais sûr que dans les 12 personnes qui allaient décider du sort de Ward, au moins une majorité aura été touché par le témoignages des témoins.

La juge libéra tout le monde sauf les jurés. Je proposai à Sky de prendre l’air. Je crois que ça lui ferait du bien. On étouffait dans cette salle pour un tas de raisons.

Elle accepta déclarant qu’il fallait sortir avant qu’elle ne vomisse. J’hochai de la tête et on marcha vers la sortie avant de se retrouver face à face avec Riley et son petit ami qui avait presque une tête de plus de moi. Il y eut un temps de flottement où on se figea tous sans rien dire…

Je ne savais pas quoi dire… Je ne savais pas quels étaient les sentiments de Sky vis-à-vis de Riley. Sûrement des sentiments contradictoire.

Sky finit par se retourner vers moi et me prendre par le bras avant qu’on ne sorte de la salle. Puis du palais du justice.

L’attente fut longue. Et, avec le stress, je me sentais incapable de manger quoi que ce soit.

Ce n’est que quelques heures après qu’on fut à nouveau tous appelé dans la salle. Elle se remplis petit à petit jusqu’à-ce que tout le monde soit là. Ward arriva le dernier et prit place à côté d’Anderson.

On se leva et ce fut… Le début d’un horrible cauchemar…

Un, deux, trois, quatre, cinq… Non coupable, à chaque fois… Malgré les témoignages. Malgré les preuves en photo… Ward venait d’être blanchi de tout crime.

Je n’en revenais pas. J’en tremblais presque. Sky, elle, tremblait complètement. Elle aussi n’en revenait pas.

Le reste de la salle non plus.

Seul Ward semblait savourer sa victoire d’un poing lever et d’un regard vers nous.

J’entendis Sky me demander si je croyais encore à la justice.

-Non…

C’est ce que je soufflai. Non. Non, après ce que je venais de voir, je ne croyais plus en la justice.

Plus du tout.

Sky se leva. J’en fis de même. Elle avait sûrement envie d’aller s’enfermer quelque part. Parce qu’après ce verdict, il n’y aura certainement plus qu’un sentiment qui l’animera : la peur.

Et ça sera contagieux.

Elle déposa son alliance et la laissa sur le banc. Un geste spontané et fort.

Je pris sa main. Il fallait qu’on sorte d’ici… Par une porte dérobée si possible.

J’avais été la première des nobody à être interrogée par le procureur, puis par l’avocat de Ward Fleming. Par nobody je parle de nous qui ne sommes pas des spécialistes de la santé mentale, des policiers ou des enquêteurs. Juste Monsieur et Madame tout le monde qui ne voulaient rien d’autre que la condamnation du pire psychopathe que la terre ait pu porter.

Déjà quand j’avais regagné ma place, je doutais du résultat de ce procès. Je m’en était mentalement remise aux témoignages de Finan Quinn et de Sky Fleming pour soulever le miens et donner plus d’impact à nos voix parce que moi, comme l’avait très bien démontré Anderson, je n’étais qu’une prostituée droguée jusqu’à la moelle.

Rien n’avait été simple pour Finan et Sky mais je me répétais qu’ils avaient tout dit au procureur et que tout le monde avait entendu la même chanson, en tous les cas, le refrain ne sonnait pas faux ! Ward était coupable et méritait la prison à vie.

Tout le long, j’avais tenu la main de Zeke, la serrant plus fort de temps en temps parce qu’Anderson démolissait l’inébranlable au point où je me demandais si nous n’aurions pas dû être défendu par Anderson plutôt que par le procureur de l’État de Los Angeles.

Pendant le témoignage de Sky, je baissais les yeux quand elle affirma qu’avant aujourd’hui, elle n’aurait pas su dire que son mari couchait avec moi parce qu’elle ne m’avait jamais rencontré mais que, comme je l’avais moi-même confirmé un peu plus tôt, elle pouvait donc le dire sans se tromper. Anderson retourna les paroles de Sky pour faire ce qu’il appelait un doute raisonnable.

- Mais pourquoi il fait ça ? Je l’ai dit tout à l’heure !, demandais-je en chuchotant à Zeke.

Je tournais la tête vers l’arrière pour croiser le regard de l’agent du FBI, celui qui m’avait pour la toute première fois interrogé. Il semblait bouillir de rage, sur le point même d’exploser de colère.

Puis il nous fallu sortir de la salle, tous, le temps que les jurés délibères mais on nous conseilla de rester tout près de la salle de cours. Était-ce bon signe ? Peut-être que les jurés ne s’étaient pas laissé influencer par Anderson comme cela semblait être le cas du juge. En tenant la main de Zeke, je marchais vers la sortit d’un pas lent, comme si c’était moi et non Ward qui faisait face à la peine de mort puis je stopais net quand, en tournant l’angle de la porte, je me retrouvais face à face avec Sky Fleming. Cela ne dura qu’une toute petite seconde mais j’eu le temps, dans ma tête, de lui demander pardon, de lui dire que nous avions été toutes les deux manipulées et amoureuse du mauvais mec mais qu’aujourd’hui marquait le jour de notre renaissance. Je me trompais peut-être mais, pendant cette petite seconde, je cru que de son côté, elle imaginait mille et une façon de me faire payer l’infidélité de son mari.

Je fus soulagée quand elle tourna des talons pour s’en aller avec celui qui devait être son nouveau mec.

Je n’avais pas envie de sortir du tribunal. Je ne voulais pas m’éloigner trop même si nous en avions pour des heures. Elles passèrent toutefois assez rapidement et on dû regagner nos places pour l’énoncé du verdict.

Et il ne fut pas comme nous l’espérions pour ne pas dire qu’il était pire que tout ce que nous avions pu imaginer. Ward était blanchi de tout chef d’accusation !

- C’EST DES CONNERIES !

En dedans de moi ce fut comme tous les os que Ward m’avait brisé se cassèrent à nouveau et que toutes mes plaies guéries s’ouvraient simultanément. Je regardais Zeke alors que le juge martelait pour calmer les gens dans la salle qui, tout comme moi, s’insurgeaient de pareil verdict.

Je me levais pour me faufiler hors de la salle, hors de question que je reste une minute de plus ici, l’air était devenu irrespirable. Mais, en sortant, je croisait Finan et sa femme qui ne digéraient pas, visiblement eux aussi, ce qui venait de se produire.

- Il n’y aura pas de troisième fois…

Nous avions tenté par deux fois de mettre hors d’état de nuire Ward Fleming. La première fois avec mon plan infaillible qui nous avait pété en plein visage puis cette seconde fois avec la justice qui ne nous avait en rien aidé.

Non, il n’y aurait pas de troisième fois !

Après le témoignage de Riley deux autres témoins s'étaient présentés à la barre. D'abord Finan Quinn que je connaissais bien. Il avait dû me voir et penser que j'étais toujours le fameux Keenan O'Connor. Je ne savais pas bien quelles étaient ses relations actuelles avec les Los Diablos mais qu'importe. Je connaissais les risques de mon exfiltration subite.

Riley tenait ma main alors qu’Anderson malmenai Quinn. Il tentait de faire croire au jure qu'il n'y avait aucune différence entre Finan et Ward alors que les deux hommes avaient bien peu de chose en commun. Mon cousin n’avait aucun sens morale alors que Quinn en avait un. Peut-être même un peu trop pour un Los Diablos ce qui lui a valu son lot d'ennuis.

Ce fut, ensuite, à la femme de Ward de se faire maltraiter... Le juge Dorsley ne cessait de répéter les objections du procureur... C'était râlant et ça me laissant dans la bouche un goût amer d'injustice.

Sky fut questionnée sur ses sentiment mais aussi sur Riley... Anderson souleva un doute raisonnable ce qui me fit pincer les lèvres.

Rien ne tournait à notre avantage.

Riley s'exclama. Mon visage se ferma et je chuchotai :

-Il joue sur le fait que vous ne vous êtes jamais vues…

Le pire c'est que ça pouvait fonctionner et ça m'enrageait.

Anderson termina là son interrogatoire et on fut invité à sortir durant la délibération des jurés.

On sortit mais avant d’atteindre la sortie, on se retrouva face à Sky et à celui qui était désormais le batteur de The Warriors. A croire que le monde était réellement minuscule.

Je regardai une fille puis l'autre ne sachant pas si Sky allait démolir Riley sur place ou non... Finalement, on passa tous notre chemin sans un mot.

Et l'attente commença. Une attende de plusieurs heures qu'on passa dans le tribunal.

Jusqu'à ce qu'on soit rappelé à l'intérieur.

C'est là que le verdict aurait lieu. Je me tenais à côté de Riley.

Et quand le premier jurés annonça les véridiques qui semblaient tout droit sorti d'un cauchemar, Riley s'exclama et tout en même temps je lâchai un :

-Putain!

De frustration

Ward venait d'être blanchi de tout... Absolument tout. Il allait pouvoir sortir de ce tribunal et recommencer sa vie et ses crimes comme si de rien n'était.

Je secouai la tête encore sous le choc.

Riley croisa mon regard avant de se lever quand le juge ramena le calme dans la salle où tout le monde était abasourdi par le verdict.

Je suivis Riley hors de la salle et à la sortie, on croisa Finan et Tiffany qui cherchaient, eux aussi, à s'enfuir de ce qui était devenu une tribune pour que Ward puisse fêter sa victoire.

Riley lança à l'Irlandais qu'il n'y aurait pas de troisième fois. Il était évident qu'elle parlait des vaines tentatives de mettre Ward hors d'état de nuire. Une fois par la voie légale. Une fois pas la voie illégale.

Ceci étant dit, il était temps d'aller nous terrer à San Fernando Valley le temps que tout se calme.

Après être revenu vers Tiff, j’avais un mauvais pressentiment. Celui, déjà, de ne pas avoir été à la hauteur mais aussi, que seul le procureur semblait vouloir la peau de Ward. Alors, quand Sky se dirigea vers la barre, je sentais que les choses n'allaient pas être simples pour elle.

Et elles ne le furent pas. Déjà parce qu’Anderson l’attaqua directement sur ses sentiments actuels envers Ward ainsi que sur  le fait qu'elle n'avait pas encore lancé la procédure de divorce. Mais le pire fut sans doute quand il acta que, comme Sky n'avait jamais vu Riley, il y avait un doute raisonnable quant au fait que ça soit la même...

-C'est pas vrai...

C'est ce que je soufflai exaspéré par tout ce crique. Parce que c'était ça..  un crique. Et le seul qui s'en délectait, c'était Ward.

Ça aurait dû être le procès qui actait la fin de son règne de terreur. Mais ça semblait être tout autre chose qui se jouait ici.

Après le passage de Sky, je croisai son regard. Je vis bien qu'elle avait le même sentiment que moi...

Quelque chose n'allait pas.

On fut invité à sortir et attendre. Je pris la main de Tiff mais je restais silencieux. J'étais soucieux et j'imaginais que Tiff l'avait bien senti.

Je n'avais pas envie d'aller dehors... Je faisais les cent pas dans les couloirs du tribunal...

L'attente dura quelques heures. Puis on fut rappelé.

-Je ne le sens pas...

C'est ce que je dis à Tiff alors qu'on s'était mis debout quand le premier juré fut appelé à s'exprimer.

Je tenais la main de Tiff...

Puis, le verdict tomba...

Non coupable, cinq fois... Coupable, zéro fois...

Ward Fleming, le pire psychopathe de Los Angeles, était libre.

-Non!!

C'est ce que je lançai complètement choqué par un tel verdique. Même les accusations pour proxénétisme n'avait pas été retenues... Rien. Il était blanchi de tout.

J'avais envie de vomir.

Tout le monde s'indignait alors que Ward jubilait.

-Il faut que je sorte.

Je dis ça à Tiff et l’entraînai vers la sortie. J'en avais largement assez entendu.

Avant de sortir on se retrouva tout près de Riley et de Keenan... Elle déclara qu'il n'y aurait pas de troisième fois. Il ne me fallait pas un dessin pour que je comprenne qu'elle parlait de se débarrasser de Fleming.

-Pour moi non plus

Ils s'en allèrent tous les deux. Je me tournai vers Tiff.

-On rentre... Ce monde, pour moi, c'est totalement terminé.

C'était ma dernière action. Ma dernière façon d'essayer de régler certaine chose de mon passé de Los diablos.. Ça avait échoué. J'en avais fini avec tout ça.

Finan avait été malmené par Anderson tout au long de son témoignage, tout comme Riley et le psychiatre l’avaient été mais il eu droit lui, à beaucoup plus de question. Anderson relevait le passé de Finan comme si c’était lui qui se trouvait sur le banc des accusé alors que nous étions ici aujourd’hui pour assister à celui de Ward Fleming. Je me retenu de me lever pour m’exclamer que mon mari avait déjà eu son propre procès et qu’il avait eu sa propre sentence !

Des moments où je dû me parler intérieurement pour me calmer et m’empêcher de me lever et de commettre un outrage au tribunal, je ne les comptais plus. J’avais du mal à comprendre comment les choses se passaient dans la tête du juge qui accueillait toutes les objections du procureur comme un caillou dans sa chaussure alors que les écarts d’Anderson passaient comme du beurre dans la casserole !

Après Finan, ce fut au tour de Sky de se faire cuisiner. Je lui en voulais toujours d’avoir voulu me jouer dans la tête mais d’un autre côté, pouvais-je réellement lui en vouloir avec tout ce que je savais maintenant. Elle me semblait toute frêle, toute fragile alors qu’elle témoignait avec aplomb, un aplomb qui se démonta quand ce fut le tour d’Anderson de prendre la parole.

- Celui-là me donne envie de vomir !, murmurais-je à Finan.

Il faisait son travail, nous ne pouvions pas le blâme de vouloir bien le faire n’en demeurait pas moins qu’il tirait fort sur l’élastique de la patience collective dans la salle. Nous entendions souvent des grognements et des interlocutions de mécontentement après chacune de ses interventions. Qui plus est, il jouait habillement sur les mots pour créer d’autres maux.

- Chien galleux !, grognais-je alors qu’il supposait que nous  ne pouvions affirmer hors de tous doutes raisonnables que la Riley dont parlait Sky était la même que celle présente dans la salle. Il se fou de notre gueule !

Après le témoignage de Sky, nous fûmes autorisés à quitter la salle, le temps de la délibération des jurés. Je proposais à Finan d’aller manger un bout, question de nous remettre un peu de mine dans le crayon parce que moi, après tout ça et bien que je n’avais pas eu la lourde tâche de témoigner, je me sentais vide. Après ça, vînt le moment tant attendu de retourner au palais de justice. C’était allé vite, il me semblait ! Mais j me disais que les jurés n’avaient pas eu le même partit prit que le juge et qu’ils avaient tous vu la même chose que nous.

Je me trompais et royalement !

Ward Fleming fut innocenté de tous les chefs d’Accusations pesant contre lui ! C’était une vrai rigolade ! J’en avais les yeux grands ouverts et ma bouche toute aussi béante ouverte tant je ne comprenais pas ce qui venait de se passer. Je regardais Finan, désillusionnée et je le serrais contre moi, ne voyant pas ce que j’aurais pu faire de mieux.

Dans ma tête, c’était comme les parasites qui passaient à la télé quand la programmation de la journée se terminait. Comment est-ce que le pire des fou de la ville pour ne pas dire du pays avait pu être innocenté de tous ses crimes ?

Finan se leva, il avait besoin de sortir du tribunal et moi aussi. On ne traina pas pour sortir, notre seul arrêt fut alors qu’on se retrouva devant Riley et son petit ami et, tout en regardant Finan droit dans les yeux, elle lui dit qu’il n’y aurait pas de troisième fois. Je n’avais pas besoin de sous-titre pour qu’on m’explique,  je comprenais très bien de ce à quoi elle faisait allusion. Finan confirma que pour lui non plus, c’était fini les combats vains.

- Oui, allons-y !

J’avais envie de me blottit contre lui, à la maison et avec nos enfants pour essayer d’oublier à quel p oint le monde pouvait être laid.