Je ne trouvais Victor absolument nulle part ! Il avait filé à l’anglaise alors que j’appréciais la fin du concert de The Army. Les gars avaient été sensationnel et je m’étais tellement perdue dans le regard d’Evan, à un moment donné, que j’en avais oublié de regarder si Victor était toujours là !

Il ne l’était plus et j’avais dû quitté Dany prématurément pour aller à sa recherche. Mon cœur battait très vite. Et si quelqu’un l’avait enlevé ? Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Je savais que dans ce genre de bar, il n’y avait pas que des gens fréquentables… En théorie, je ne pouvais même pas emmené Victor ici mais j’avais réussi à obtenir l’autorisation d’entrer autant pour moi que pour me petit frère en brandissant le fait que j’étais Victoria Hunter, la chanteuse. Il n’en avait pas fallu plus pour convaincre le vigile de me laisser profiter du concert de The Army avec Victor qui, lui, avait insisté auprès de mes parents pour venir.

Et maintenant, je me retrouvais là à chercher après lui ! Et si je ne le retrouvais pas ? Je n’allais pas m’en remettre ! Mes parents n’allaient pas s’en remettre ! Et je ne me le pardonnerais jamais.

-Vous n’avez pas vu un petit garçon ? Il a 9 ans. Il n’est pas plus grand que ça.

Je mimais la taille approximative de Victor.

-Il est blond. Des yeux bleus… Vous l’avez vu ?

Les gens que j’avais abordé hochèrent négativement de la tête. Je pris un air inquiet. C’était la sixième personne qui affirmait ne pas avoir vu Victor. J’espérais qu’il n’était pas sorti du bar… Si c’était le cas, j’allais prendre beaucoup de temps à le retrouver.

Et Dany qui n’est même pas venu m’aider ! Il avait filé dans sa loge sans même s’inquiéter un tant soi peu de mon angoisse. Je savais qu’il était enfant unique mais je pensais qu’il aurait un peu plus de considération que ça, si ce n’est pour Victor, pour moi ! A cet instant, il devait sûrement fêter ce concert avec The Army alors que, peut-être, mon petit frère est en danger de mort !

J’emmerde Dany !

C’est ce que je pensais, furieuse et angoissée, en m’approchant du bar.

-Barman. Vous n’avez pas vu un petit garçon d’environs 9 ans? Il est blond… Dites-moi que vous l’avez vu…

Il affirma n’avoir absolument rien vu. Je lui demandai s’il pouvait aider à chercher mais il affirma avoir du travail. Il semblait désolé de ne pas pouvoir m’aider. Je soupirai. J’avais les larmes aux yeux. Je tremblais. Personne ne semblait l’avoir vu et je commençais à me faire les pires filmes dans ma tête.

J’étais adossée au bar. Les larmes coulaient sur mes joues et mon cœur battait très vite alors que tout le monde, devant moi, faisait la fête. J’étais désemparée.

Où était-il, bon sang ?!

J’étais sorti de la loge de Daniele avec mon cerveau embrumé qui se refaisait la conversation qu’on venait d’avoir. Est-ce que j’avais tort de faire mon travail à ma façon ? Est-ce que, pour réussir, je devais devenir impitoyable comme Daniele ? Faire des promesses en étant pas sûr de pouvoir les tenir ?

Je voyais bien en quoi la méthode de Daniele était payante et en quoi, pour les artistes, c’était attrayant de s’entendre dire qu’ils allaient avoir la fortune et la gloire en un rien de temps. Mais sincèrement… je ne me voyais pas travailler comme ça. Pour Daniele, c’était facile, il avait déjà lui-même la fortune et la gloire… Moi, j’étais un gars local, qui voulait faire connaître des groupes pour leur musique et pas pour l’argent…

Mes pensées s’envolèrent assez vite quand j’eus la chance de croiser The Army qui chahutait dans le couloir, en direction de leur loge. Je pris le temps de leur serrer la main et de les féliciter moi-même. Mais j’avais quand même du leur rappeler qui j’étais. En même temps, ils semblaient aussi bourrés que je ne l’étais alors je ne me vexai pas.

J’arrivai à nouveau dans la salle du Crazy Ginger où les gens s’étaient dispersés pour noire des verres, discuter, flirter. Du regard, je cherchais une belle tignasse blonde tout en me disant que si je ne trouvais pas Victoria, j’irais me faire encore quelques Martinis au bar.

Et ce fut justement au bar que je la trouvai, adossée et le visage mouillé de larmes.

Je m’approchai d’elle… on se connaissait déjà pas mal pour avoir souvent discuté quand on se croisait…

-Hey… Mais Victoria, qu’est-ce qu’il se passe ?

Je pris doucement son visage entre mes mains et écrasai ses larmes de mes pouces.

-C’est Victor ? Daniele m’a dit que tu l’avais perdu…

Je la lâchai, laissant retomber mes mains le long de mon corps et regardai autour de nous. Où que soit le gamin, il n’était pas tout près.

Je souris à Victoria.

-Reste ici, je vais aller le chercher. S’il te voit, il risque de se cacher. Tandis qu’il ne s’attendra pas à ce que ce soit moi qui lui tombe dessus.

Je me penchai sur le bar.

-Barman ! Servez à Victoria ce qu’elle veut à boire sur mon compte.

Puis, à Victoria.

-Je vais te le retrouver, ne t’inquiète pas. Attends-moi ici.

Bon, j’avoue que le beau geste était un peu intéressé, mais ce n’était pas pour autant que je ne m’inquiétais pas vraiment pour le gosse. Il n’était même pas censé être dans ce genre d’endroit !

Titubant un peu, je me mis à slalomer entre les gens, à la recherche de Victor Hunter.

Mon regard embrumé de larmes se posait un peu partout dans l’espoir de pouvoir voir la petite tête blonde de Victor. L’angoisse commençait à prendre le dessus. Je me faisais les pires films dans ma tête jusqu’à-ce que Brent Hughes se place devant moi me demandant ce qu’il se passait. Je ne réussis pas à parler tout de suite ma voix était bloquée dans ma gorge par mes sanglots silencieux.

Je fermai un peu mes yeux alors que Brent essuya mes larmes. Je commençais à bien connaitre Brent. Assez pour savoir que c’était un homme très gentil. C’était rare qu’il y ait des gens aussi gentil dans la jet-set. Brent l’était. C’était un homme simple avec qui il était facile de discuter.

Je tentai de me reprendre pour essayer de lui expliquer ce qu’il se passait mais il semblait déjà au courant pour la disparition de Victor. Dany le lui avait dit. Mon regard s’assombri l’espace d’un instant. Dany a le temps de parler à tous ceux qui se trouvent au Crazy Ginger mais il ne semble pas avoir un seule minute pour m’aider à retrouver Victor ? Il me décevait. Mais qu’est-ce que j’aurais pu espéré de plus d’un type qui n’aime pas les enfants ?

Je répondis d’une voix tremblante à cause des sanglots.

-Oui. Victor a filé un peu avant la fin du concert. Je ne l’ai pas vu partir. J’aurais dû faire plus attention. J’avais promis de le surveiller. Maintenant, je n’arrive pas à le retrouver. J’ai peur que quelqu’un l’ai emmené ou qu’il soit parti.

Mon voix de brisa.

-S’il lui arrive quelque chose, qu’est-ce que je vais faire ?

Brent déclara alors qu’il allait aller chercher Victor. C’était le tout premier qui me proposait son aide. Il ajouta que si Victor me voyait, il serait bien capable de filer encore plus loin. Brent n’avait, hélas, pas tort. Ça serait totalement le genre de mon petit frère de faire ça. Mon regard fut plein de gratitude. Je n’avais rien demandé à Brent. Il s’était proposé spontanément.

-C’est vrai ? Tu voudrais bien faire ça ? Oh, Brent, merci beaucoup.

J’étais sincèrement reconnaissante surtout que Brent me paya même un verre. J’en avais bien besoin ! Il me demanda, ensuite, de l’attendre ici le temps qu’il retrouve Victor. J’hochai de la tête.

-Merci, Brent.

Je le regardai s’éloigner espérant qu’il puisse retrouver rapidement Victor. Je gardais espoir que, si c’était Brent qui l’approchait, Victor ne se cacherait plus. J’espérais vraiment qu’il était simplement en train de jouer au chat et à la souris avec moi et que rien ne grave n’était arrivé.

Le barman me servit un cocktail et j’essayais de me calmer tout en me disant que Brent allait le retrouver.

Daniele Ricci est un peu un pauvre con.

Moi, c’est ce que j’avais pensé après avoir passé tout un concert à côté de lui alors qu’il semblait vouloir faire je sais pas trop quoi avec ma sœur. En plus, j’arrivais pas à comprendre ce qu’il disait, la plupart du temps. Il parle « bizarre », Ricci. Il a un accent qui fait qu’on comprendre rien à ses mots. Moi, je me demande bien comment les gens faisaient pour arriver à discuter avec lui.

J’avais trouvé le concert un peu nul aussi. Vicky, elle adorait. Mais Vicky, elle adore tout les garçons de son âge. Elle arrête pas de les embrasser. C’est super dégueu. Surtout le bruit que ça fait. Ça fait un bruit dégueu. Burk, burk, burk !

J’avais dit plusieurs fois à Ricci que son groupe valait pas grande chose. Que ça faisait mal aux oreilles. Que je chantais même mieux que Sniper. Mais chaque fois qu’il me répondait, je devais plisser fort les yeux pour comprendre. Enfin, quand il me répondait ! Parce que, la plupart du temps, il m’ignorait.

Et je n’aimais pas ça ! Mon avis compte ! Mes parents disent toujours ça : « Victor, tu as le droit de donner ton avis. Ton avis est important ! ». Bah oui, il l’est plus que celui d’un type qui sait même pas parler Anglais comme il faut…

Du coup, ça m’avait fort fâché ! Au point que, avant la fin de la dernière chanson, j’avais décidé que j’en avais assez entendu et que Ricci n’était qu’un trou du cul. Alors, je me suis barré à travers le bar. Après tout, moi, j’avais insisté pour venir ici uniquement parce que je voulais aller dans un bar ! C’était ma première fois ici. Je savais que je pouvais pas mais, depuis que Victoria était une chanteuse, elle pouvait entrer partout ! Alors, elle m’avait facilement fait entrer ici !

Je voyageais entre les gens. Ils avaient tous un verre en main ! Moi aussi, j’ai soif ! Je voulais boire de l’alcool comme un grand ! Mais j’étais pas stupide, hein ! Je savais que le barman allait pas m’en donner. Il dira : « T’es trop petit, petit ! ». On me disait souvent ça alors que je suis plus intelligent que la plupart des adultes. Maman me dit souvent ça : « Victor, tu es trop intelligent pour ce monde ».

Je sais.

Intelligent au point de savoir que l’alcool se trouve derrière le bar !! Je pouvais bien me servir moi-même, non ? Ouais !

C’est très sûr de moi que je me faufilai derrière le bar prenant bien soin de ne pas me faire repéré par le barman. Il y avait du monde alors le barman était occupé. Je réussi à passer allant dans la réserve à l’arrière à gauche.

Je sifflai devant toute les bouteilles qu’il y avait là.

J’en pris une. C’était du whisky. Je grimaçai. Je savais que ce n’était pas bon. Quand mes parents faisaient des fêtes, je buvais parfois un ou deux gorgées aux verres de mes parents. Et le whisky, ça avait un très sale goût.

Je pris alors de la tequila. Je n’en avais jamais bu alors j’ouvris la bouteille et j’en bus une grosse gorgée. J’y étais allé franchement et je fis une très grosse grimace. C’était dégeulasse !!! Presque aussi dégueulasse que la sale tête de Daryll Rogers !

Je secouai la tête avant d’abandonner cette bouteille pour en prendre une autre. Le liquide était vert. J’aimais bien le verre alors j’en bus une gorgée. Oh… Ça a le gout de banane… J’en bus une autre. C’était pas si mal.

Je bus encore quelques gorgée jusqu’à-ce que je grimace parce que j’avais un peu mal au ventre.

Je reposai la bouteille avant de sortir de la réserve discrètement pour me retrouver dans le bar. C’était bizarre… J’avais l’impression de ne pas savoir bien marcher et j’avais la tête qui tourne.

-Wow…

C’est ce que je soufflai alors que la musique semblait aller très fort. Tout le monde parlait, dansait, discutait, buvait… Moi, je me faisais de temps en temps bousculer parce que tout tournait.

Mince…

Je suis bourré…

C’est ça que ça fait d’être bourré ? Wow. J’ai l’impression de voler… C’est bizarre.

Je savais pas si j’aimais ça ou pas…

Je vis ma sœur, plus loin, au bar… Elle buvait un verre. Alors, je m’éloignais loin de là. Très loin de là. Pour ne pas qu’elle me voit. Parce que, si elle me voyait, on allait sûrement rentrer et je n’avais pas envie.

Je marchais tellement pas droit que je finis par rentrer dans un type. Il était gros et avait une tête de Carlos Ramirez ! Le genre à vendre de la drogue et bouffer des churros !

-Hey, le minus, tu peux pas faire attention où tu marches ? Tu as rien à foutre ici, en plus. Tu devrais être au lit où à téter les seins de ta mère.

Hey ! Il m’insulte là ? Je fronçais les sourcils répliquant d’une voix pâteuse ! Hey !!! Ma bouche est toute engourdie !!

-Hey ! Je vais où je veux ! Tu as rien n’à me dire espèce de gros bouffeur de churros. T’en as bouffé trop d’ailleurs. C’est pour ça que j’ai pas réussi à t’éviter. Tu fais deux fois la taille d’une grosse baleine.

Le type sembla choqué. Très choqué. Et, d’un coup, il me prit par le col assez violemment. Il était fâché.

-Répète un peu ce que t’as dit, sale gosse !

Même plein comme toute la Pologne, je sentis toute la détresse de Victoria qui, appuyée au bar, retenait ses sanglots. Elle s’en voulait de ne pas avoir fait plus attention à son petit frère… Elle se faisait déjà les pires films dans sa tête et s’imaginait ne pas le retrouver. Je la rassurai autant que faire se pouvait avant de lui proposer de chercher moi-même Victor.

Si le petit jouait au chat et à la souris avec sa sœur, il allait mal tomber parce que c’était moi qui allais le ramener par la peau du cul, et il ne me verrait pas venir.

Je connaissais très peu Victor, alors que je commençais, au contraire, à très bien connaître Victoria. Cependant, du peu que j’avais pu voir et entendre le gamin, il ne devait pas être facile à vivre. Il était capricieux et ne se prenait pas pour n’importe qui. M’était avis qu’il était pourri gâté, ce môme… Et par Victoria la première.

Du coup, il lui en faisait voir de toutes les couleurs.

Elle me remercia pour mon aide et pour le verre que je lui offris dans la foulée et je partis donc en quête de Victor Hunter.

Je me disais, en titubant entre les gens, qu’avec sa tignasse aussi blonde que celle de sa sœur, c’était limite s’il ne devait pas briller dans le noir. Je ne pourrais pas le rater. Pourtant, il me fallut un certain temps à tourner dans la foule avant que…

Répète un peu ce que t’as dit, sale gosse !

Il ne devait y avoir qu’un seul sale gosse au Crazy Ginger ce soir… enfin… En dehors de Ricci. Cette pensée, dans mon état, me fit rire intérieurement.

Rire qui s’arrêta instantanément quand je vis Victor aux prises avec un latino énorme qui le tenait par le col de sa chemise à carreaux.

-Hey !...

Je m’approchai, bousculant des gens sur mon passage pour me précipiter sur la scène avant que ça ne dégénère.

-Hey ! Lâchez-le ! Ce n’est qu’un enfant !

Quand j’arrivai vraiment tout près d’eux, le gars lâcha Victor et m’envoya une droite qui aurait pu faire tourner ma tête à 360° si je ne m’étais pas directement étalé à terre, les gens s’écartant autour de nous.

Je portai ma main à ma mâchoire, me rasseyant au sol et testant si mon articulation marchait encore.

-Vous êtes cinglé ou quoi ?

Je fis la moue et regardai le latino qui me dominait de toute sa hauteur, vu que j’étais à terre. Je me relevai difficilement et attrapai Victor par la main avant que l’idée ne lui vienne de s’enfuir.

-Quoi que tu aies dit, Victor, excuse-toi !

Mes yeux s’étaient écarquillés quand le gros lard m’avait pris violemment par le col. Je ne m’attendais pas à ça et je crus bien que le gros Carlos Ramirez allait me frappé si bien que je fermais les yeux grimaçant à l’avance en lâchant un :

-Lâche-moi ! Tu me fais mal !

J’avais pas vraiment mal mais j’avais mal d’avance certain qu’il allait m’assommé avec son gros poing. Je n’avais pourtant fait que la balancer des vérités ! Et encore, j’avais été gentil, j’avais pas dit qu’il puait la poubelle ! Parce qu’il pue la poubelle ! Normal, tous les Carlos Ramirez sont nés dans les poubelles au Mexique. C’est ce que dit grand-père en tout cas et je crois grand-père.

Je crus que ma dernière heures était arrivée quand j’entendis une voix dire de me lâcher. Je tournai la tête vers la voix en rouvrant grand mes yeux. La Terre tournait toujours mais je réussi à reconnaitre… Comment il s’appelle déjà ? Ah ouais ! Brent ! Je crois qu’il s’appelle Brent. Je l’ai déjà vu a des galas quand j’avais insisté pour que Vicky me prenne avec elle. Il faisait partie des gens qui trainaient parfois autour de ma sœur pour qu’elle les embrasse… Je me rappelle de sa tête parce qu’il sait pas se coiffer, ce type.

Mais là, je devais avoué que j’étais content qu’il m’empêche le gros lard de me tuer. Sauf que quand Brent arriva à notre hauteur, le gros plein de fajitas envoya son poing dans la tronche mal coiffée de Brent. Dans l’action, il m’avait lâché et j’avais failli, moi aussi me retrouvé le cul à terre parce que j’avais plus d’équilibre. Je secouai la tête. Brent était au sol. Mais il était pas mort. Moi, j’aurais pris le jetons du sale gros lard, je serais mort.

Brent lança au gros lard qu’il était cinglé.

-Ce sale gosse m’a insulté. C’est pas parce que c’est une demi-portion que je dois laisser passer ça ! C’est un petit con. Et les petits cons je les écrase !

Je ne voulais pas me faire écrasé par un vendeur de drogue de 3 tonnes alors, je me retournai près à partir. Mais mes gestes étaient lent tout comme mes réactions. Moi, j’aurais pas dû boire cette boissons vertes. Il doit y avoir des trucs vraiment pas clair là-dedans. D’ailleurs, pourquoi c’était vert ? Ça avait le gout de banane… Une banane, c’est jaune…

Je crois que c’est cet afflux de questions inutiles dans ma tête qui fit que Brent eut le temps de me prendre par la main.

-Hey !!

Ne me touche pas ! Tu as pas le droit de me toucher, toi non plus ! Surtout que ça m’avait fait me retourner dans l’autre sens et que mon ventre aimait pas trop ça. Déjà que tout tourne, ça tourne encore plus…

Je fis une drôle de grimace qui me rappela que tout mon visage était tout mou. Comme si je le sentais plus…

Brent déclara alors que je devais m’excuser. Pourquoi ?

-Pourquoi ? C’est lui qui m’a fait mal en me prenant pas le col. Ma chemise est froissée maintenant. Il m’a traité de minus et m’a dit d’aller téter les seins de ma mère. Je fais pas ça moi ! C’est dégueulasse. Je n’ai fais que répondre à ses trucs pas gentils ! Puis, s’il mangeait moins de churros j’aurais pas eu d’insultes pour répliquer alors tout est de SA faute !

Ma voix était inégale et toute pâteuse alors ça rendait mes excuses un peu plates parce que ma voix suivait pas mon intention.

-Quel sale petit fils de pute !

C’est ce que lança la grosse baleine. Je rétorquai alors :

-Ma mère n’est pas une pute ! Tu confonds avec la tienne !

Mais le gros lard semblait pas content de ce que je venais de dire. Il fixa Brent.

-Fous-lui une fessée à ton gamin, parce que, visiblement, tu ne lui en as pas assez donné.

Il se tourna vers un autre Carlos Ramirez.

-Venez les gars, on s’éloigne avant que je n’écrase le petit morpion et son père !

Il s’éloigna. J’avais eu le dernier mot. C’est normal. Moi, j’ai toujours le dernier mot. Je marmonnai alors :

-Saleté de Carlos Ramirez !  En plus, il croit que tu es mon père… C’est N’IM-POR-TE QUOI !

J’appuyai sur chaque syllabe du mot mais ça donnait rien parce que mes mots semblaient sortir tout bizarre de ma bouche. Comme si des lettres restaient coincés. La boisson de martien m’avait fait perdre le sens de la parole !!!

J’avais pris le poing de l’énorme gars en plein dans la mâchoire. J’avais même pas eu le temps de m’expliquer ! Qu’est-ce que Victor avait fait pour mettre ce type dans un tel état de colère ? Je n’en savais rien, mais je voyais des étoiles, là tout de suite. Il me fallut le temps avant de pouvoir me remettre sur mes deux jambes, surtout avec tous les Martinis que j’avais bus. Et avec le coup que je venais de prendre, je sentais que j’allais avoir mal à la tête et une nausée monumentale, quand je ne serais plus bourré.

J’avais le goût du sang dans la bouche parce que mes dents avaient coupé ma joue à l’intérieur.

Le gros soutenait que Victor l’avait insulté, ce dont je ne doutais pas, connaissant l’énergumène…

Je secouai la tête.

-C’est pas accorder un peu trop de crédit à un gosse, Monsieur ?

Mais il n’en démordait pas. J’avais attrapé Victor par la main, pour éviter qu’il se fasse la malle et je ne le lâchai pas, le tenant fermement malgré ses protestations.

Non seulement, je voulais qu’il reste ici, mais je voulais qu’il s’excuse auprès du mec, pour mettre fin à l’escalade de la violence. Je sentais que la petite main de Victor dans la  mienne était toute molle, qu’il n’avait pas vraiment de force. Et quand il se mit à protester pour ne pas s’excuser, je réalisai qu’il n’articulait pas.

Je le regardai en faisant la moue.

-Je m’en fous de ce que le monsieur a dit. Excuse-toi…

Autant pisser dans un violon, Brent.

J’étais face à deux bornés et j’avais l’impression que j’allais prendre un autre coup quand le gars traita Victor de fils de pute et que le petit répondit du tac au tac. Putain, quelle imagination il avait pour les insultes, c’était incroyable !

-Victor !

Le gars me conseillait de lui mettre une fessée, ce qui me fit lever un sourcil perplexe. D’autant qu’il me prenait pour le père de Victor.

Je marmonnai.

-Je suis pas son père…

A mon grand soulagement, l’énorme latino et ses amis décidèrent de s’éloigner. Tenant toujours Victor par la main, je massai ma pauvre mâchoire avant de m’accroupir devant le gamin pour me mettre à sa hauteur. Il disait que tout ça, surtout le fait qu’on me prenne pour son père, était n’importe quoi.

-Si j’étais ton père, je serais pas fier, Victor ! Tu sais que ta sœur est morte d’inquiétude ?

Je le pris par les deux épaules et le regardai dans les yeux.

-Est-ce que tu n’aurais pas bu de l’alcool, par hasard ?

Ses yeux bleus brillaient clairement d’ébriété.

-Je vais te ramener à Vicky.

Le gros lard avait frappé sur Brent qui s’était étalé sur le sol sous mon regard un peu éberlué. Moi, j’aurais pu mourir s’il m’avait frappé comme ça ! Je vous jure que s’il l’avait fait, il aurait eu la peine de mort ! Moi, je le dis !

Le gros plein de churros disait que je l’avais insulté mais Brent me fit lever un sourcil en disait que le Carlos Ramirez accordait trop de crédits aux dires d’un enfant. C’est pas parce que je suis un enfant que ce que je dis n’est pas vrai ou important. Ma mère dit que tout ce que je dis est important ! Donc, le gros lard a raison d’accorder du crédit à ce que je dis, Brent Le Mal Coiffé !

Bon ! C’est pas tout ça mais je dois filer ! Mais avant que je ne réussis à m’enfuir, Brent m’attrapa par la main m’empêchant de partir ce qui me fit protester. Pourquoi ma bouche est toute engourdie ? C’est embêtant !

Brent voulait que je m’excuse mais je voyais pas pourquoi je devais m’excuser alors que c’est le gros lard qui avait commencé. C’est lui qui m’a insulté en premier alors je vois pas pourquoi c’est moi qui devrait dire pardon. J’expliquai tout ça à ma façon mais tous mes mots sortaient comme s’ils étaient tout mou. Moi, je parle bien mieux d’habitude ! Brent se fichait de ce que je disais. Il voulait simplement que je m’excuse. Je fis une moue avant de lancer un pâteux :

-Non !

Carlos Ramirez insulta ma Maman alors j’insultai la sienne. Moi, je pense que les mères des dealers de drogues sont toutes des putes ! Ma Maman à moi, c’est pas un pute. C’est une prof d’art à Art Center School . C’est pas du tout la même chose ! Brent s’exclama.

-Il a commencé ! Ma mère n’est pas une pute ! Elle est prof d’art !

Le sale gros lard qui sent les fajitas pourries déclara à Brent qu’il devait me mettre une fessée ! Si Brent fait ça, j’allais appelé la police ! Personne ne m’a jamais mis de fessée ! C’est pas maintenant que ça va commencer ! En plus le gros abruti de bronzé, il pensait bien que Brent était mon père. JA-MAIS ! J’entendis Brent marmonné qu’il n’était pas mon père. Si Brent était mon père autant me suicider !

Le gros lard et ses amis dealers finirent par partir. Mais Brent me lâcha pas alors que je disais qu’il était pas mon père. Il se mit à ma hauteur et dit que s’il était mon père, il ne serait pas fier de moi. Bah, heureusement que tu l’es pas alors, Brent Le Mal Coiffé ! Il disait que Vicky était inquiète.

-Pourquoi elle s’inquiète ? Je sais me débrouiller tout seul et j’étais sûr qu’elle allait aller faire des bisous à Daniele dans un coin et je voulais pas voir ça. C’est BEURK !

Mes mots étaient toujours tout mou et j’avais de plus en plus de mal à focalisé mon regard sur Brent. Tout tournait bien trop. Et quand Brent me prit pas les épaules, ça secoua un peu. Hey ! Me bouscule pas trop ! Ça remue tout dans mon ventre.

Il demanda si j’avais bu de l’alcool.

-Oui. Et toi aussi.

Il pue l’alcool. Alors, il n’a rien n’a me dire. De toute façon, il peut pas me faire la morale. C’est pas mon père ou quelque chose du genre. C’est qu’un type que Vicky a déjà embrassé plusieurs fois. Il n’est rien pour moi.

Brent voulait me ramené à Vicky.

-Non ! Si tu me ramène à Vicky, on va rentrer ! Je veux pas rentrer maintenant !

Je me reculai d’un coup violent pour me défaire du contact de Brent. Je tournai d’un coup les talons mais j’avais été trop vite et je perdis l’équilibre pour tomber au sol. Je secouai la tête un peu surpris pas ce qu’il venait de se passer. Je me mis assis au sol avant de froncer les sourcils.

-Tu m’as poussé ! Je le dirais à Vicky que tu m’as poussé ! Elle t’embrassera plus jamais de ta vie comme ça et…

Je me tins d’un coup le ventre. J’eus un haut le cœur. Je failli vomir mais je réussi à ravaler. Je fis une drôle de tête alors que mon tint était devenu tout blanc.

Pour calmer le gars assez gros pour contenir trois Brent, j’ordonnai à Victor de s’excuser. Mais le gamin était bien déterminé à ne pas le faire, alors que je lui tenais la main pour qu’il ne s’enfuie pas encore et disparaisse dans la foule. Il soutenait que c’était le latino qui avait commencé. En réalité, je me foutais royalement de qui avait commencé, je voulais juste calmer les choses et ramener Victor à sa sœur en héros.

Victor avait la voix pâteuse comme s’il était à moitié endormi. Sauf qu’il ne l’était pas, vu qu’il tirait pour s’enfuir. Il était encore plein de vigueur. Je le soupçonnais, par contre, d’avoir vidé tous les fonds de verres qu’il avait trouvés sur son passage.

Et vas-y que « fils de pute » d’un côté, réplique de l’autre. J’étais dans une cour d’école primaire ou au Crazy Ginger ? Je ne savais plus trop, maintenant. Victor protestait en disant que sa mère était prof d’art. C’était vrai… La mère de Victoria était prof d’art, elle me l’avait dit.

Je roulai des yeux et soupirai, sentant mon cœur battre dans ma mâchoire qui devait être un peu enflée, maintenant.

Le gars voulait que je mette une fessée à Victor, croyant que j’étais son père. Pourtant, à part nos yeux bleu (et encore, ce n’était pas le même bleu), je ne ressemblais en rien à un Hunter ! Et sûrement pas à Victor !

Bon… Finalement, le gros latino se rendit compte que la situation était un peu débile et qu’il avait mieux à faire ailleurs avec ses amis qui étaient hilares.

Je me mis alors à la hauteur de Victor en le tenant par les épaules. J’avais vraiment peur qu’il se fasse la malle ! Je lui dis que sa sœur s’inquiétait et il répliqua qu’elle n’avait pas à l’être parce qu’il savait se débrouiller tout seul et qu’il n’avait pas eu envie de voir Victoria bécoter Danielle.

Je fis la moue à cette vision que m’envoyait Victor. Il était hors de question que Daniele ait tous les privilèges ce soir.

-Tu n’as pas à être ici, pour commencer. Quelqu’un pourrait t’enlever ! Regarde la situation dans laquelle tu viens de te mettre !

Ça aurait pu bien mal finir… Et au final, c’était ma tronche qui avait pris !

En regardant le garçon de plus près, j’eus confirmation qu’il était sous l’influence de l’alcool et pas qu’un peu ! Bon, ok, moi aussi mais…

-Moi, je peux, je suis assez grand !

Trêve de plaisanterie, je voulais le ramener à sa sœur. Mais il protesta qu’il ne voulait pas rentrer maintenant et se défit de mon emprise. Je me redressai prêt à courir, mais Victor s’emmêla dans ses propres pieds et tomba à terre. Je pinçai les lèvres pour ne pas éclater de rire.

-Tu es tombé tout seul. Allez, on y va !

Je m’approchai de lui, ne réalisant pas qu’il était presque sur le point de vomir et qu’il était blanc comme un linge. Je le soulevai du sol et le balançai par-dessus mon épaule comme un sac de patates. Puis je me dirigeai vers le bar. Vers Vicky et vers ma récompense.

Brent disait que Vicky s’inquiétait. Pourquoi ? Je sais me débrouiller et elle le sait ! Je suis tout aussi capable d’un adulte. Je le suis même peut-être plus. Mais Brent Le Mal Coiffé disait que je n’avais rien n’à faire ici. Si c’était réellement le cas, les gens nous auraient empêché de passé mais il avait suffit que Vicky insiste pour qu’on puisse entrer. Alors, j’ai le droit d’être ici !

-Si quelqu’un essaye de m’enlever, je m’échapperais. Je suis malin ! C’est ce que ma mère dit ! Et pour le gros lard, c’est lui qui a commencé ! C’est qu’un gros con plein de churros. Ils sont tous pareils ces gens qui viennent du Mexique : des gros cons stupides.

Brent disait que j’avais bu de l’alcool. Je ne niai pas mais lui aussi en avait bu. Il puait fort l’alcool alors c’est sûr qu’il avait bu aussi. Mais il disait que, lui, il pouvait pas que c’était un adulte. Je roulai des yeux. Oh… Je ferais bien de pas trop rouler des yeux, ça me fait mal au ventre et la terre tourne encore plus quand je fais ça…

-Les adultes, ils se réservent toujours tout pour eux.

Et je voulu m’échapper mais je perdis l’équilibre sans comprendre pourquoi. Je finis au sol. J’étais un peu étourdi mais ça ne m’empêcha pas de dire que ma chute était la faute de Brent. J’étais sûr qu’il m’avait poussé. Comment je serais tombé, sinon ?

Mais il disait que j’étais tombé tout seul alors que je faisais mon possible pour ne pas vomir. Je me sentais vraiment pas bien là tout de suite. C’est ce que j’allais dire mais Brent Le Mal Coiffé me souleva d’un coup d’un sol pour me porter comme un sac de patate.

Oh oh…

Mon estomac avait été secoué. Ma tête tournait encore plus. Je gémis alors que les larmes coulaient le long de mes joues tellement j’avais mal et que j’essayais de pas vomir. C’était la honte de vomir ! Je voulais pas vomir !

On se déplaçait. Je ne me débattait pas sauf contre mon vomi. J’étais tout mou, j’avais chaud et je tremblais. J’entendis la voix de Vicky alors qu’on s’était arrêtée. Elle semblait inquiète pour Brent. J’arrivais pas à comprendre parce que ma tête bourdonnait et j’avais les oreilles qui sifflent.

Puis… D’un coup… Je me retrouvai sur mes deux pieds… Je tremblai comme une feuille et je ne réussis pas à tenir plus longtemps. Je me penchai d’un coup en avant pour vomir tout ce que j’avais dans l’estomac sur les chaussure et le pantalon de Brent. Je tenais mon ventre une fois que tout fut dehors.

-Je… Me sens vraiment pas bien du tout…

C’est ce que je gémis, les larmes aux yeux. Je tremblais toujours et la Terre semblait faire des grosses montagnes russes.

C’est toujours très stressée que je buvais le verre que m’avait payé Brent. Je continuais à me faire des films mais j’étais soulagée de ne plus être seule à s’inquiéter pour Victor. Je savais que je n’aurais pas dû le faire entrer ici… Mais il avait tellement insisté ! Comment j’aurais pu lui dire « non » ? Il faut comprendre Victor… Je suis beaucoup plus vieille que lui. A la maison, il n’a pas de frère ou de sœur pour jouer avec lui. C’est normal qu’il ait envie de sortir un peu de temps en temps… Puis, mes parents avaient aussi insisté pour que je le prenne avec parce qu’il le voulait absolument.

Je n’aurais vraiment pas pu refuser… J’aurais dû mais je n’ai pas su…

Maintenant, je m’en mordais les doigts. Et si Brent ne le retrouvait pas ? Si quelqu’un l’avait embarqué et qu’on ne le retrouvait jamais ? Je ne me le pardonnerais jamais ! Je tenais très fort à Victor même s’il n’est pas toujours facile à vivre.

C’est alors que j’allais commander un autre verre que je vis Brent revenir vers moi. Je fus extrêmement soulagée quand je vis qu’il portait Victor sur son épaule. Mon visage s’illumina alors que mon cœur battait plus vite mais pour une toute autre raison.

-Oh mon Dieu, tu l’as retrouvé !

C’est ce que je m’exclamai en faisant les quelques dernières mètres qui me séparaient de Brent et Victor. Sans Brent, j’aurais encore pu chercher longtemps. Il m’avait vraiment sauvé la vie sur ce coups-là.

Une fois à la hauteur du manager, je ne pus que remarquer le coup qu’il avait pris en pleine figure. Il était marqué au niveau de sa mâchoire. Mon visage exprima la surprise alors que je caressai sa joue du côté non marqué.

-Mais ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu as pris un coup ? Qui t’as fait ça, Brent ?

J’étais inquiète. Brent n’avait pas cette marque tout à l’heure, il était, donc, clair qu’il l’avait eue en partant à la recherche de Victor. Je doutais que mon petit frère soit capable de frapper Brent de cette façon… Enfin… Quoi que… Quand il était en crise, je savais qu’il pouvait faire preuve de violence mais aussi, d’une grande force.

Il finit par déposer Victor au sol. Je baissai les yeux sur mon frère. Il était blanc comme un linge. Mon visage fut d’autant plus inquiet. J’allais me mettre à sa hauteur quand il se mit à vomir sur les chaussure et le pantalon de Brent. Je mis ma main devant ma bouche surprise alors que Victor déclara ne pas aller bien. Il tremblait. Je me mis à sa hauteur et passai une main dans ses cheveux.

-Qu’est-ce que tu as ? Tu as bus ?

J’étais désemparée. Je levai les yeux vers Brent.

-Il tremble… Et…

Je fixai le carnage que Victor venait de faire.

-Je suis vraiment désolé pour ça, Brent… Je… On peut te trouver de nouveau vêtement… Je…

Je ne savais pas quoi faire. L’état de Victor m’inquiétait mais je ne voulais pas laisser Brent dans cet état. Pas après tout ce qu’il venait de faire pour moi.

Je soupirai en écoutant Victor affirmer qu’il ne se laisserait pas faire si quelqu’un l’enlevait. Qu’il était malin… Et aussi que ce n’était pas sa faute s’il s’était attiré les foudres du gros latino. Et une petite remarque extrêmement raciste plus tard, je fis la moue.

-Un jour, tu vas t’attirer de véritables ennuis à parler comme ça.

Ça avait déjà été limite il y avait cinq minutes d’ici, mais en grandissant, les gens allaient moins réfléchir à lui mettre des baignes. Frapper un enfant, c’est autre chose que frapper un adulte, ma mâchoire pouvait en témoigner.

En plus, Victor avait clairement bu… Bon, je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir. Que celui qui n’a jamais bravé l’interdit lui jette la première pierre. Seulement, en tant qu’adulte, je ne pouvais pas décemment lui tenir ce genre de discours. Même si, comme il l’avait remarqué, j’étais pas mal éméché, moi aussi.

Il disait que les adultes se réservaient tout.

-Patience… Tu finiras par être adulte et alors, tu feras ce que tu veux.

Limite, j’espérais que ça arrive vite, pour que Victoria n’ait plus à se le coltiner tout le temps, parce qu’il ne devait pas être facile à vivre.

Il essaya de s’échapper, mais, heureusement, il s’emmêla les pinceaux et tomba à terre. Je saisis ma chance et le soulevai du sol pour le porter sur mon épaule. J’allais le ramener à sa sœur parce que j’en avais marre d’essayer de jouer au plus malin avec un enfant de neuf ans.

Je me dirigeai vers le bar, m’étonnant un peu du fait que Victor ne se débattait pas du tout. J’aurais imaginé qu’il allait tambouriner des deux poings dans le bas de mon dos, mais ce ne fut pas le cas. Quand j’arrivai en vue de Victoria, elle se précipita vers nous, abandonnant son verre au bar. Je lui souris puis grimaçai directement. Sourire me faisait mal à la mâchoire.

Victoria était contente de retrouver son frère, mais apparemment, le coup que j’avais pris se voyait. Je penchai doucement la tête du côté où Victoria avait posé sa main.

-Oui, j’ai pris un coup… mais ce n’est rien. Mieux valait moi que Victor parce que le gars avait un poing de la taille de la tête du gamin…

J’hésitai à dire à Victoria que son frère était un sale petit nazi, puis dit quand même :

-Ton frère devrait faire attention à ce qu’il dit. Il provoque les gens.

Je déposai alors Victor, qui me semblait être une vraie loque, à terre. Là, il tituba un peu puis…

Il se pencha brusquement en avant et m’envoya du vomi vert fluo, digne de L’exorciste, sur le pantalon et les chaussures, je sursautai et fis un pas de côté, mais beaucoup trop tard.

-Oh merde ! Victor !

Ça puait la vieille banane rance. C’était dégueulasse. Victoria, aussi surprise que moi, si pas plus, s’inquiéta directement pour son frère. Devant l’air désemparé de Victoria, je me remis à la hauteur de Victor.

-Ça va passer…

Il tremblait et transpirait, mais c’était uniquement parce qu’il avait vraiment abusé. Il n’était pas non plus au bord du coma éthylique. Je souris.

-Ta première cuite à neuf ans…

Je me tournai vers Victoria qui était désolée pour mon pantalon et mes chaussures.

-Ne t’en fait pas pour ça… Demande plutôt un grand verre d’eau au bar.

Quand elle me ramena le verre, je le tendis à Victor.

-Tiens… Bois doucement. Si tu bois assez d’eau, tu n’auras pas trop mal à la tête après.

Brent m’avait fait la morale autant sur ce que j’avais dit au gros lard plein de churros que sur le fait que j’avais bu de l’alcool. Il pouvait bien causer ! Il en avait bu aussi ! Mais il disait que lui était un adulte alors il pouvait. Pfff ! Les adultes ont toujours cette excuse à la con !

Je comptais bien continuer cette fête mais tout sembla basculer quand Brent me souleva un peu trop rapidement et me balança sur son épaule comme si j’étais pas plus lourd qu’un brin de paille. Mon estomac était déjà pas content avant mais ça fut pire. Je voyais encore plus mal et mon cœur battait encore plus vite.

J’allais vomir.

Je me retins toujours sur l’épaule de Brent, incapable de protester ou même de me débattre. J’étais trop occupé à ne pas vomir. J’entendis la voix de ma sœur qui s’inquiétait pour Brent. C’est moi qui vais vomir ! C’est moi qui suis pas bien ! On s’en fiche de Brent !

Puis, il me déposa au sol…

Et je pus pas me retenir plus longtemps de vomir. Je vomis un truc tout vert qui aurait pu faire pensé que je m’étais transformé en alien. Je trouvais ça dégueulasse mais j’étais bien trop mal que pour m’exclamer là-dessus. Je me tenais le ventre. J’avais la tête qui tournait. J’entendis Brent s’exclamer alors que Vicky se mis à ma hauteur demandant ce que j’avais bu. Elle passa une main dans mes cheveux. Je frissonnai

-Un truc vert…

C’était assez évident ça. Et ça puait maintenant alors j’avais envie de vomir encore. Je gémissais alors que les larmes coulaient sur mes joues. Vicky était inquiète. Elle s’excusa à Brent. J’avais l’impression qu’ils étaient très loin tellement leur voix venait de loin. La mienne aussi quand je parlais, j’avais l’impression que j’étais plus loin que mon corps.

Brent disait que ça allait passer… Je n’arrivais pas à répondre. Il disait que j’avais pris ma première cuite à 9 ans. J’eus encore assez d’énergie pour corriger l’erreur :

-8 ans et demi…

Je n’avais pas encore 9 ans… Enfin, je crois… Je ne sais plus bien réfléchir. J’ai 9 ans ? Je tremblai un peu plus. J’avais mes yeux qui commençaient à se fermer tout seul. J’avais l’impression que mon corps voulait absolument que je dorme.

Puis, Brent me tendit un verre… Depuis quand il a un verre en main ? C’était de l’eau. Je clignai deux fois des yeux avant de faire la grimace.

-Non… Je veux pas…

Mais Vicky insista. Je bus deux gorgée avant de laisser échapper le verre à terre. Oups… Il était un plastique donc ça avait pas cassé. Mais je n’avais même pas réagit. Mes yeux continuaient de se fermer tout seul.

-Je veux aller dans mon lit… Je suis fatigué… J’ai mal partout…

C’est ce que j’arrivais à dire alors que les mots qui sortaient devait pas totalement être compréhensible pour tout le monde.

Quand j’avais déposé Victor à terre, il n’avait pas fallu longtemps avant que son estomac se retourne et qu’il m’envoie une giclée de vomi vert fluo sur mes baskets et le bas de mon jeans. Ça eu le don d’inquiéter Victoria qui se jeta sur son frère pour lui caresser affectueusement les cheveux, les dégageant du visage du garçon.

Elle demanda ce qu’il avait bu mais Victor ne savait pas lui-même. Je grimaçai.

-Je pense que c’était du Pisang.

Rien de bien méchant, en gros, même si Victor était vraiment pâle comme un mort maintenant et qu’il se tenait le ventre en grimaçant.

Je demandai à Victoria d’aller chercher un grand verre d’eau, rigolant pour rassurer Victor en disant qu’il aurait eu sa première cuite à neuf ans, ce qui pouvait être un record. Mais il me corrigea en disant qu’il avait huit ans et demi.

-Ohhh… je vois… Monsieur veut avoir le dernier mot.

Je souris.

-C’est bon signe.

Victoria me ramena le gobelet d’eau et je j’insistai, tout comme Victoria, pour que Victor en boive. Il but quelques gorgées avant de laisser échapper le gobelet à terre.

-Rooh, Victor…

Les yeux du gamin se fermaient tout seul…

Je me tournai vers Victoria.

-Je crois qu’il a son compte…

Il voulait aller dormir, enfin, ce fut ce que je crus comprendre. Je me redressai et le pris plus doucement pour le soulever du sol. Puis, je m’adressai à Vicky.

-Je vais vous ramener…

J’avais bu, mais Victoria aussi et puis, je pensais avoir eu le temps de dessaouler un peu, avec tout ça.

Je sentais la tête de Victor dodeliner sur mon épaule.

-J’espère qu’il a fini de vomir…

On se dirigea vers la sortie… Quelle soirée !