J’étais arrivé à la station L.A.ROCKS avant Johnatan. C’était un grand jour pour lui, celui de sa première interview ! J’avais décidé de le mettre face à Jake Snyder. Il me semblait tout à fait approprié pour une première fois. Il n’était pas du genre à chercher la petite bête et se centrait essentiellement sur la musique, le processus de création des artistes, etc. Il n’allait pas parler comme un journaliste people.

Mais il n’était pas aussi facile qu’une SydG, par exemple. S’il n’était pas d’accord avec une idée ou un propos, il le laissait clairement entendre et disait sincèrement les choses qu’il pensait. Cependant, je pensais bien que le journaliste et mon protégé seraient majoritairement sur la même longueur d’onde…

La seule chose à éviter pour Johnatan face à Jake Snyder, c’était de mal s’exprimer, comme il en avait un peu l’habitude, et de passer pour un prétentieux qu’il n’était en fait pas (quand on apprenait à le connaître, on s’en rendait compte). Jake Snyder ne supportait pas les gens prétentieux… J’avais entendu son interview de Maria Watson il y avait de ça des lustres, avant qu’elle ne quitte la ville pour retourner dans son état de naissance, et elle avait eu des propos arrogants. Autant dire que ça s’était fini sur une tension palpable entre elle et Snyder.

C’était un peu pour entraîner Johnatan à parler de la foi qu’il avait dans ce qu’il faisait, sans tomber dans le piège où il aurait l’air d’avoir la grosse tête alors que sa carrière ne faisait que débuter. J’avais bien conscience que ce ne serait pas facile pour lui. Mais il fallait bien commencer par quelque part et se lancer.

J’étais assis à côté du studio à l’intérieur duquel Jake Snyder et ses techniciens étaient en train de préparer le matériel pour l’interview.

Dans la poche de mon jeans, j’avais un petit papier, plié en quatre, que je destinais à Johnatan pour quand il arriverait.

Et je n’eus pas à attendre longtemps. Le leader de Nameless, masqué pour protégé sa véritable identité et sa véritable apparence, arriva dans le couloir et je me levai pour aller à sa rencontre. Il était quelques minutes à l’avance. J’avais déjà remarqué que la ponctualité était une des grandes qualités de Nameless et je ferais d’ailleurs bien d’en prendre de la graine. Même si aujourd’hui, je n’étais pas en retard.

-Salut, Nameless ! Je suis content de te voir ! Tu te sens prêt ?

Je lui fis l’accolade… Bien que son masque lui donne quelques cinq centimètres de plus, Johnatan ne faisant pas plus d’1m70, je le dépassais encore de 5 bons centimètres. Il faisait exactement la même taille que Shran, en fait.

Quand je m’écartai de lui, je sortis le petit papier de ma poche et le lui tendis pour qu’il puisse y lire ce que j’y avais écrit à la main.

-C’est pour toi… C’est un extrait du poème If de Rudyard Kipling… Je pensais que pour ta première interview, tu devais avoir ces mots en tête… Même si Jake Snyder n’est pas ce genre de journaliste mais bon… Lis et tu comprendras.

Sur le papier, il était écrit, en lettres majuscules parce que j’avais toujours écrit très mal en cursives :

SI TU PEUX SUPPORTER D’ENTENDRE TES PAROLES
TRAVESTIES PAR DES GUEUX, POUR EXCITER DES SOTS,
ET D’ENTENDRE MENTIR SUR TOI LEURS BOUCHES FOLLES
SANS MENTIR TOI-MÊME D’UN MOT… […]

TU SERAS UN HOMME, MON FILS.

Je haussai les épaules, feintant une certaine nonchalance alors qu’il était très important pour moi que Johnatan comprenne ces mots.

-Garde le papier en poche. Il te portera chance, j’espère.

Puis Jake Snyder passa la tête par la porte, clope pendant à la bouche et sourit.

-Salut et bienvenue. Vous pouvez entrer, Nameless… Tout est prêt.

Je tapai d’un geste encourageant sur l’épaule de Johnatan.

-Allez, à toi de jouer.

Aujourd'hui, c'est le grand jour. La première interview, j'avais demandé à mes coéquipiers s'ils souhaitent venir avec moi. Ils ont tous refusé, jugeant que j'étais le leader de Nameless et que c'était à moi et moi seul de défendre ce projet. Je suis Nameless depuis le départ et ce sont eux qui m'ont rejoint et ils estiment que de ne pas être à côté de moi serait que bénéfique. Ça me donnerait une certaine liberté.

J'avais fait ça bien, Julia m'avait acheté un nouveau parfum odeur menthe que j'avais appliqué dans mon cou et sur mes poignets à petite dose afin de ne pas tuer tout le monde.

J'avais rendez-vous avec Jacob Snyder, j'écoute de façons régulières son émission et j'avoue que j'aime son approche, il n'est pas là pour me descendre, mais au contraire essayer de comprendre les choix et il laisse aussi parler les gens, enfin, c'est ce que je ressentais.

J'étais arrivé avec ma tenue déjà prêt, d'ailleurs ça m'a valu une petite fouille à l'entrée du bâtiment mais rien de dramatique, quand ils ont entendu et vu que c'était moi, ils m'ont laissé passer. J'arrivais dans le couloir et je vois Brent au loin. Je lui fais une accolade. Il me dit qu'il est content de me voir et me demande si je suis prêt.

Salut Brent ! Moi aussi, je suis content de te voir, après sur le fait d'être prêt j'en sais trop rien, mais de toute façon, je vais me jeter à l'eau et on verra ce que ça donne !

Puis, quand Brent se recule, il fouille dans la poche de son jean et me donne un papier. Je le lis attentivement et je remarque que c'est un poème. Je prends le temps  d'analyser le sens de chaque mot pour découvrir ce que Brent souhaite me faire comprendre.

Si je comprends bien ce que tu essayes de me faire passer comme message, je dois rester calme quand on critique mon travail et je dois être sincère quand on me pose des questions pour passer à l'étape supérieur ?

Je plis délicatement le papier que je mets dans ma bure et je regarde Brent pour voir si j'ai bien compris ce qu'il voulait me dire.

Soudain, monsieur Snyder sort de la pièce et nous salue, m'invitant à entrer. Brent me tape sur l'épaule et je lui rends, avant de serrer la main du journaliste, une bonne poignée de main comme je sais les faire pour essayer de transmettre la joie que j'éprouve à faire cette interview. Serte, je stresse un peu parce que je me connais, mais en même temps, ça ne peut pas me faire de mal.

Aujourd’hui, je recevais l’étrange et intriguant Nameless. C’était Brent Hughes qui m’avait contacté pour me demander si c’était possible de lui faire passer une interview pour mon émission Let There Be Rock !… Et j’étais vraiment emballé par l’idée et honoré qu’il me choisisse pour ce qui serait la première vraie interview de l’artiste. Pour le manager, c’était une occasion de donner de la visibilité à son groupe.

Pour moi, c’était l’occasion de rencontrer quelqu’un de nouveau et pour lequel j’avais beaucoup de questions.

Parce que jusqu’ici, personne ne savait rien de Nameless, si ce n’était qu’ils étaient capables de jouer beaucoup de choses, beaucoup de styles. Leur premier album, >Arrival, en était un bel échantillon, comme s’ils avaient essayé de tâter le public pour voir quelle direction prendre à l’avenir, ce qui plairait le plus au gens.

Beaucoup avait critiqué cet album éclectique. Moi, je trouvais que c’était une manière intéressante de procéder.

J’allais avoir l’occasion d’en parler avec le principal intéressé. Car le leader du groupe viendrait seul, sans ses musiciens… Ce qui était un peu un soulagement pour moi. Pas que je n’aimais pas recevoir de groupes entiers. Mais c’était vachement plus facile d’avoir un seul interlocuteur. Pour le grand stressé que j’étais, c’était un bon point.

Puis, à plusieurs, il est parfois difficile d’accorder la parole à tout le monde de façon équitable.

Aujourd’hui, Nameless parlerait au nom de son groupe tout entier.

Tout était pratiquement prêt… J’attendais que Charly et Jimmy, mes deux techniciens, dont l’un était bègue et l’autre aveugle, mais que j’avais tenu à avoir dans mon équipe parce que je ne voyais pas pourquoi leurs soi-disant handicaps les empêcheraient de faire un boulot intéressant, me donnent leur feu vert pour aller chercher mon invité du jour.

J’allumai une cigarette et en tirai une première bouffée quand mes deux amis me dirent que c’était bon.

Je me levai donc et au moment où je passai la tête par l’embrasure de la porte du studio, j’entendis la voix reconnaissable entre mille de Brant Hughes qui semblait briefer son protégé.

-Critiquer ton travail, à moins que ce ne soit constructif, ou déformer tes propos. Ces choses peuvent arriver, malheureusement… Mais rester calme et sincère, c’est exact. Tu as tout compris. Et je sais que tu peux le faire.

Ma clope pendant au bec, je saluai alors l’artiste, qui était venu masqué, ce qui ne m’étonnait pas le moins du monde. Ce masque, j’avais déjà bien compris que c’était la marque la plus flagrante de Nameless. Mais j’aurais des questions à lui poser là-dessus aussi.

On se serra la main. Il avait une poigne ferme, mais pas ce genre de poigne qui cherche à faire mal pour montrer qu’il voulait jouer au plus fort. Non, une poigne tout simplement sincère, franche, que je lui rendis.

Je l’arrachai alors gentiment à Brent Hughes et le fis entrer dans le studio.

-Installez-vous. Le casque est pour vous, si vous savez le mettre par-dessus le masque. Sinon, on peut aussi faire sans.

Je désignai mes deux techniciens qu’on pouvait voir derrière une vitre qui séparait la régie du studio.

-Je vous présente Jimmy et Charly. Ils se chargent de la prise de son.

Ils firent signe à travers la vitre, puisqu’ils pouvaient nous entendre grâce aux micros qui étaient déjà branchés.

Je regardai Nameless.

-Vous avez des questions avant de commencer ? Je crois savoir que c’est votre première interview officielle, donc il ne faut pas hésiter.

Je m'étais préparé pour ma première interview. Je n'avais préparé aucune réponse prédéfinie, c'est mon cœur et moi-même qui va parler. Je ne voulais rien faire de corporate et de faux, j'avais été honnête face à Sørensen et je voulais continuer là-dessus.

J'étais arrivé quelques minutes avant l'interview pour être prêt à temps et avoir le temps de discuter avec Brent. Ce dernier m'avait donné un papier avec écrit dessus un bout de poème. J'essaie de comprendre ce que voulait me dire Brent. Et il me dit que j'avais compris ce qu'il voulait me dire et qu'il avait confiance en moi.

Merci Brent. Je vais faire de mon mieux.

Puis monsieur Snyder sort de sa salle et m'invite à y entrer. Je lui sers la main fermement et il me le rend.

Il m'invite à m'asseoir et à mettre le casque, sauf si le masque me gêne. Je le tire au maximum et le pose sur la tête. Ce qui est bien avec le masque, c'est qu'il est très fin et que les sons ne son pas trop atténués.

Tout va bien. Il ne sert pas trop le masque et en plus, il est fin, donc j'entends bien.

Puis monsieur Snyder me montre derrière la vitre deux personnes qui travaillent pour lui. Je les salue.

C'est un plaisir de les rencontrés.

Puis il me demande si j'avais des questions, et que je pouvais poser autant de questions que je voulais, vu que c'était ma première interview.

J'ai envie de voir ce que ça donne une interview en vrai. Je ne veux pas me spoiler. Donc, je vais y aller à l'aveugle, vous aurez mes réactions les plus franches et les plus sincères.

Je fis entrer Nameless dans le studio. Il semblait relativement détendu, ce qui me permit d’être plus relax moi aussi. Pourtant, je savais qu’il devait être un peu stressé de faire sa première interview autant que moi je l’étais de parler à quelqu’un de nouveau. Le changement, ce n’était pas mon truc et les relations avec les gens n’étaient pas toujours mon fort non plus. Mais il fallait absolument que je travaille là-dessus.

C’était l’occasion, justement.

Je me doutais bien que Nameless allait venir avec son masque. C’était parfaitement logique puisque ça faisait partie de son personnage. Mais je me rendis vite compte que comme ses expressions étaient cachées, il me manquait comme un canal de communication parce que je ne pouvais pas voir son visage. Je ne savais pas s’il souriait ou pas…

Sauf qu’heureusement, sa voix était très expressive, ce qui faisait que je pouvais quand même sentir un petit sourire dans son ton et sa sincérité quand il mit le casque sur son crâne. Apparemment ça allait nickel.

Je souris, ma clope toujours entre les lèvres.

-Ok parfait, nickel.

Je lui présentai alors mes deux techniciens et il se dit ravi de les rencontrer. Au premier abord, le jeune homme avait l’air sympa… Enfin… Etait-il vraiment jeune ? Ou était-ce juste sa voix qui me le faisait croire à tort ? Pas facile de le savoir avec le masque. Ce serait peut-être une question à poser. Je savais qu’il ne fallait pas creuser sur son identité, que ça ne servirait à rien parce que c’était un peu le principe de Nameless, mais son âge ne le révélerait pas au grand jour, si ?

On verrait bien…

Avant de commencer, je lui demandai s’il avait des questions à poser sur le comment allait se dérouler l’interview, mais il voulait se garder la surprise.

Je tapai la cendre de ma cigarette dans mon cendrier déjà bien remplis. D’ailleurs, le studio empestait la cigarette, mais moi, je ne le sentais même plus. Puis je la replantai avec mes lèvres avant de mettre mon casque à mon tour.

-Très bien, on va pouvoir commencer alors.

Charly me fit un décompte de derrière sa vitre, avec ses doigts, partant de cinq jusqu’à zéro. Alors, je me lançai.

-Salut à tous ! Vous êtes sur L.A.ROCKS avec Jake Snyder pour Let There Be Rock !. Il est 19h et on va entamer la soirée avec ça !



J’écoutai la chanson que j’avais déjà entendue un bon millier de fois depuis que je savais que je devais interviewer Nameless. J’aimais vraiment cette chanson qui était efficace et allait droit au but, sans fioriture.

Quand la chanson se termina, je repris, au micro.

-C’était Arrival du tout nouveau groupe Nameless. Et c’est le leader de ce groupe, qui porte le même nom, que j’ai l’honneur d’accueillir ce soir ! Nameless, bonsoir et merci de nous accorder cette interview.

Je marquai une pause, lui laissant le temps de saluer les auditeurs puis repris :

-Vous êtes le nouveau petit mystère de L.A. ! Et on commence à vous entendre et à parler de vous un peu partout. Je pense ne pas me tromper en disant que ce sont vos masques qui intriguent tout le monde. Quelle est l’histoire de ce masque ?

Monsieur Snyder m'avait fait rentrer dans le studio, j'étais détendu et je voyais que lui aussi, c'est déjà positif. Il y avait un peu de trac quand même parce que je n'avais jamais fait d'interview, mais si je me mettais la pression, j'allais faire n'importe quoi, et puis si Brent m'a mis devant cet homme, ce n'est pas pour m'envoyer au casse-pipe ce qui me rassure aussi.

Il me demande de mettre le casque si je le pouvais, mais que ce n'était pas bien grave. Je le mets et il me va nickel malgré le masque. Je lui disais que c'était bon.

Il me présente les deux personnes avec qui il travaille, je lui fais savoir que j'étais content de les rencontrer. Puis il me demande si j'avais des questions. Je disais que non, que je voulais garder la surprise et être le plus sincère possible. Du coup, il m'annonce que l'on allait pouvoir commencer, il se lance et présente l'émission. Il fait passer Arrival pour l'ensemble des auditeurs.

Puis vient le début de l'interview, il présente le groupe, puis me présente et me remercie d'avoir accepté l'interview.

Bonsoir monsieur Snyder bonsoir à toutes et à tous, c'est avec un grand plaisir que je me présente ici pour cette interview !

Je pose mes coudes sur le bureau et croise mes mains tout en regardant Snyder droit dans les yeux. Il me dit que nous étions le nouveau petit mystère de L.A et qu'on commence à passer un peu partout. Il dit que le masque fait parler et que ça intrigue les gens et il me demande d'où vient ce masque.

J'espère que ce n'est pas juste pour le masque que les gens nous écoutent ! Non plus sérieusement, oui, le masque aide à ce que l'on parle de nous, mais ce n'est pas le but premier. Ce masque m'a été offert par mon père, il y a plusieurs années, parce qu'au début, j'avais peur de la scène. Et disons que je le porte pour lui rendre hommage, car sans lui, je ne serai pas là aujourd'hui. Mais il est vrai qu'on s'en sert aussi pour entretenir le mystère autour de nous.

Comme Nameless n’avait pas de question, qu’il voulait se garder un peu de surprise, je me lançai avec un léger sourire aux lèvres, ma clope se consumant entre mes doigts. Je m’adressai d’abord à nos auditeurs avant de passer la première chanson de l’album de mon invité, puis, une fois la chanson terminée, j’annonçai à notre public que Nameless était face à moi, en chair, en os et en masque.

C’était légèrement perturbant de ne pas pouvoir voir ses expressions, mais heureusement, sous le masque, sa voix laissait deviner un jeune homme assez enjoué… Un peu de trac, peut-être, mais une certaine curiosité de découvrir ce qu’était une véritable interview.

Et il ne cachait pas son plaisir d’être là. Tant mieux !

Parce que parfois, les stars viennent parce qu’elles n’ont pas le choix et me tire la tronche tout au long de l’interview alors que je leur donne l’occasion de s’exprimer…

Et qui plus était, je ne pensais pas être le pire des journalistes. Moi, ce qui m’intéressait, c’était la musique et tout ce qu’il y avait autour, pas qui ils mettaient dans leur lit… ça, ça ne m’intéressait pas le moins du monde.

Puis je n’allais quand même pas mettre Sørensen au chômage !

Bref, après nos salutations, j’embrayai directement sur ce qui était le plus flagrant chez Nameless et qui faisait que les gens se posaient beaucoup de questions sur lui : son masque. Simple effet marketing ou véritable histoire ?

Il s’avéra que c’était une vraie histoire… Une histoire d’héritage et d’hommage, en quelque sorte, car ce masque, il le tenait de son père qui lui avait donné afin qu’il puisse affronter sa peur de la scène.

-Ça, c’est une histoire intéressante. Votre père avait donc déjà dans l’idée, assez tôt, que vous deviendriez musicien ? Depuis quand faites-vous de la musique et écrivez-vous seul ou avec votre groupe ?

Après que monsieur Snyder a lancé l'émission et salué les auditeurs, je me lance et les salue aussi et dis que ça me fait vraiment plaisir d'être là.

Après l'introduction, il me lance sur le masque et me demande si c'est marketing ou s'il avait une autre histoire. J'admettais que c'était une vraie histoire, l'héritage de papa et l'hommage que je lui porte en mettant le masque à chaque représentation. Il me demande si mon père avait, dès mon plus jeune âge, eu l'idée de me faire faire de la musique.

Disons qu'il m'a mis très tôt une guitare dans les mains. J'ai eu ma première guitare à l'âge de cinq ans et je me suis mis à chanter il y a une dizaine d'années.

Je me penche un peu plus en avant.

Pour ce qui est du processus créatif, pour ce premier album la plupart des textes sont écrits depuis au moins dix ans pour certains, sinon musicalement parlant, on travaille tous ensemble, on essaye pleins de choses et on voit ce qui se passe, si ça sonne bien, on valide. Mais là, pour le prochain album, on va bosser tous ensemble, même sur les textes.

L’interview avait commencé et j’avais lancé Nameless sur sa particularité la plus marquée : son masque. C’était en fait un héritage. Il y avait donc bien une véritable histoire, assez belle d’ailleurs, derrière ce qui pouvait ressembler à du simple marketing. En l’écoutant, j’en déduis que son père, qui l’avait aidé à vaincre sa peur de la scène, n’était malheureusement pas parmi nous. Il l’avait exprimé de façon assez claire pour que je ne pousse pas le vice à demander quand et comment. Je savais que ce genre de question pouvait faire mal tout comme je savais que c’était la première interview de Nameless et je ne voulais pas qu’il se croie tombé dans la fosse aux lions directement.

Ce que je voulus savoir, par contre, c’était si son père le voyait musicien dès son plus jeune âge. Ce n’était apparemment pas tout à fait le cas, même si le papa avait un peu forcé les choses dans cette direction en l’initiant à la guitare dès ses 5 ans.

Je souris à l’évocation de ce souvenir. Je ne pouvais pas voir les expressions de Nameless, mais je l’imaginais avec un regard un peu nostalgique de cette époque de l’innocence.

Par contre, quand il affirma chanter depuis dix ans, je haussai les sourcils mais le laissai continuer. Et il affirma que les chansons de son premier album avaient aussi été écrite il y avait dix ans. Mais pour leur prochain album, ce ne serait pas pareil.

-Donc toutes les chansons du premier album ont été écrites par vous seul, il y a dix ans ? Parce que je crois savoir que le groupe qui vous entoure aujourd’hui est issu de Los Angeles. C’est en tout cas ce que j’ai entendu dire.

Je le regardai, vraiment curieux.

-Est-ce que ce serait pousser la curiosité trop loin de vous demander juste l’âge que vous avez ? Parce qu’à la voix, vous me semblez jeune. Et dix ans, ça fait déjà un bout de temps ! Si vous avez dans la vingtaine, vous auriez écrit toutes ces chansons ou presque durant votre adolescence…

L'interview avait commencé par l'histoire du masque, savoir si c'était un côté marketing ou s'il y avait une histoire derrière le masque. Je lui parle de l'histoire derrière le masque. Je laisse comprendre que mon père n'est plus de ce monde. Maintenant, je peux en parler, mais je n'en ai pas vraiment envie.

Il me demande si mon père voulait que je sois musicien. J'ai parlé du fait qu'il m'avait mis une guitare entre les mains à l'âge de 5 ans. Puis je parle du fait que je chante depuis 10 ans maintenant. Il semblait surpris, mais me laisse finir, je parle du prochain album qui sera écrit par tout le monde et non par moi seul. Il conclut que les chansons on toutes été écrite il y a dix ans par moi-même, car d'après ces infos, tous mes équipiers sont  de Los Angeles.

Pratiquement toutes en effet, hormis "Arrival" que j'ai écrite dans le taxi en arrivant à Los Angeles et "Je vous aime je dois partir" que j'ai écrit dans l'avion toutes les autres chansons on été écrites durant mon adolescence et le début de ma vie active, mais j'ai pu mettre des notes et d'autres instruments grâce aux autres membres. À la base, ça devait être un one shot, mais ils m'ont plu et du coup, on est resté ensemble.

Il me fixe et semble vraiment curieux. Et en effet, il l'est. Il me demande quel âge j'ai.

Jeune ça dépend des points de vue, mais j'ai 25 ans. Et oui, la plupart des chansons on été écrites durant mon adolescence, la période pendant laquelle généralement on râle pour tout, on n'est jamais content, enfin ce genre de choses, j'évacuai par la musique.

Nameless répondait à mes questions sans être avare en informations. C’était assez agréable d’avoir en face de soi quelqu’un qui semblait ravi de parler de son travail, de ses créations.

C’est ainsi que j’appris que la chanson que je venais de passer, Arrival avait été écrite durant le trajet en taxi qui l’avait mené à Los Angeles. Quant à Je vous aime, je dois partir, il l’avait écrite juste avant dans l’avion. Le reste datait de son adolescence.

Je hochai la tête…

-Impressionnant, vraiment impressionnant !

J’étais sincèrement bluffé. Tout était allé très vite pour Nameless dont le groupe avait fini par se former tout naturellement. Au départ ce n’était que pour un one shot, mais ils s’étaient entendus.

Il me fit rigoler quand il déclara que ses chansons avaient été écrites à l’âge où on râle sur tout et n’importe quoi. En effet, Nameless n’avait que 25 ans. De mon point de vue, c’était jeune… Mais quand même légèrement plus vieux que les chanteurs qui débutent en générale à L.A. comme des Eddy Cort ou autre.

-25 ans, c’est jeune sans l’être, en effet. Mais c’est probablement parce que vous n’êtes pas originaire de L.A., sans quoi vous auriez peut-être été repéré plus vite et donc plus jeune.

Je regardai Nameless, essayant vainement de voir un sourire derrière le masque. Impossible, évidemment.

Alors je continuai.

-Je crois savoir que vous venez d’Europe. Vous avez eu raison de venir à Los Angeles, la preuve, vous êtes devant moi aujourd’hui, à parler musique. Mais je pense que tout le monde aimerait savoir : pourquoi Los Angeles ? Et pas… New York, par exemple ? Et comment avez-vous été repéré ?

J'apprécie vraiment ce qui se passe. L'interview était agréable et on parle musique et un peu de mon background, pas de questions qui me mettent mal à l'aise ou ce genre de choses.

Je lui parlais des chansons que j'avais écrites, je lui parle de l'origine de chacune.  Je le vois même bluffer par ce que je viens de dire. Il faut dire que l'aventure Nameless a passé à la vitesse supérieure à partir du moment où j'ai posé les pieds à Los Angeles.

Il me demande mon âge et quand je lui dis que j'ai 25 ans. Je ne savais pas si c'était jeune ou vieux. Il me dit que c'était parce que je n'étais pas d'ici et que j'aurais été repéré plus rapidement.

Surement, disons que la différence de culture entre l'Europe et les États-Unis est tellement différents, vous n'avez pas peur de donner leurs chances aux jeunes quitte à prendre des risques, alors qu'en Europe il faut être de la famille du patron ou ce genre de choses, ou avoir beaucoup de chances !

Je croise les bras et me mets dans le fond de ma chaise. Il me demande pourquoi Los Angeles.

Encore une fois, c'est en partie à cause de mon père ! Il était musicien étant plus jeune. Il tournait dans les bars. Il avait comme rêve de venir à Los Angeles pour réaliser son rêve, car c'est réputé pour être la terre des opportunités. Il a rencontré ma mère et quand je suis née, il a abandonné sa carrière de musicien pour s'occuper de moi. Et il n'a jamais pu reprendre et... Depuis tout petit, il me fait rêver en me parlant de Los Angeles. Du coup, maintenant que plus rien ne me retenait en Europe, je me suis lancé à l'aveugle ici pour réaliser mon rêve et celui de mon père, et il semble que pour l'instant ça se passe bien.

Puis, il me demande comment j'ai été repéré.

Et bien disons que quand je suis arrivée j'ai décidé d'aller au Stryge Bar et par chance j'ai rencontré Liam Taylor qui a apprécié mes reprises de Bleedinghearth, par chance j'avais une cassette avec une démo, je lui ai donné, il l'a donné à Brent qui à décider de me rencontrer et de me signer.

Nameless avait donc 25 ans, une information que je n’aurais pu deviner à cause du masque qu’il portait et j’étais ravi qu’il réponde à cette question sur son âge qui était de la curiosité pure de ma part.

Je dis alors à mon invité que s’il avait été originaire de Los Angeles, ce qui n’était pas le cas car je savais qu’il venait d’Europe, il aurait peut-être été repéré plus vite. Nameless expliqua alors qu’en gros, c’était une question de culture. Ici, on laissait leur chance aux artistes, qu’ils soient musiciens ou acteur. Je hochai la tête, bien d’accord avec ça.

Mais il m’apprit qu’en Europe, ce qui marchait vraiment pour percer, c’était le népotisme. Je haussai des sourcils étonnés.

-Et bien vous m’apprenez quelque chose. J’ai toujours pensé que les gens avaient plus difficile de percer en Europe parce que le star system n’y est pas très développé, de même que les infrastructures. Los Angeles, par contre, est une machine à fabriquer des stars !

J’avais déjà eu l’occasion d’aller en Europe, pour plusieurs raisons : déjà, en tant que journaliste, pour suivre certaines tournées. Mais aussi et surtout, ce que je gardais bien pour moi, j’étais, comme Nameless, né en Europe, juste à la sortie du camp de Buchenwald le 11 avril 1945, jour de la libération dudit camp.

Mais je n’y avais vécu que quelques jours, le temps qu’on soit sûr que le bébé que j’étais allait survivre… Je ne connaissais donc que très peu l’Europe qui m’avait vu naître, en réalité.

Il m’avait expliqué aussi que Los Angeles avait toujours été le rêve de son père mais qu’il avait abandonné ce rêve à la naissance de Nameless… L’homme s’était donc complètement dévoué à son fils, mettant en lui, consciemment ou pas, ses espoirs en lui.

Je souris à Nameless.

-Où qu’il soit, il doit être fier. Vous êtes en train de réussir plutôt bien, avec un premier album et déjà quelques petits événements à votre actif…

Il y avait eu dernièrement une séance de dédicaces chez Empire Records, mais je n’avais malheureusement pas pu y assister car c’était à la même heure que mon émission. Mais j’en avais eu des échos comme quoi les fans avaient apprécié de pouvoir approcher leur toute nouvelle idole. Nameless était clairement sur une pente montante. Le tout était maintenant pour lui de ne pas glisser.

J’avais aussi voulu savoir comment il avait été repéré et il m’expliqua que c’était Liam Taylor qui avait passé sa démo à Brent Hughes. Je souris, parce qu’il avait parlé de Liam comme si tout le monde pouvait le connaître. Moi, je le connaissais parce que faisant partie de la presse, je pouvais approcher un peu le monde de Lighter. Je resituai donc pour les auditeurs :

-Ah oui, Liam Taylor. Pour ceux qui ne le sauraient pas, il s’agit du garde du corps de Billy Lighter employé, donc, chez MTI.

Je regardai à nouveau Nameless.

-Une belle coïncidence. Et puisque vous parlez de Brent Hughes, nous allons y venir, directement après Our World…

Je fis signe à Charly qui envoya la musique.



Je laissai mon casque pour apprécier la chanson et quand celle-ci prit fin, je relançai :

-Ici Jake Snyder et Nameless pour une interview exclusive. C’était la chanson Our World su l’album Arrival… Alors, Nameless, nous parlions de votre signature chez MTI avec Brent Hughes. On parle beaucoup de lui actuellement car sur toute sa carrière de manager depuis 1960, il n’a jamais eu autant de grands talents chez lui… Il a fait sortir trois albums coup sur coup. Le vôtre, celui de Livia et celui du nouveau duo Nelligan… Vous n’avez pas peur de vous faire, pardonnez-moi l’expression, bouffer par la star Livia ? Que Brent n’ait pas de temps pour vous faire grandir ?

Je savais que la manager avait accompagné son protégé jusqu’ici aujourd’hui. C’était déjà une belle preuve de son implication. Mais ça, le public de Nameless l’ignorait.

J'avais expliqué que pour moi, en Europe, on n'a absolument pas la même culture. Ils sont frileux en Europe, alors qu'aux États-Unis, ils donnent leurs chances aux jeunes. Mais je lui disais aussi que, de mon point de vue, si tu n'es pas le fils du patron ou alors avoir un coup de chance ultime, tu ne perces pas. Il était surpris que je dise ça, il me disait que d'après lui, le star system n'était pas développé et que les infrastructures n'étaient pas développées non plus.

Il est vrai aussi que nous sommes en retard en Europe là-dessus, ce qui n'aide pas non plus, mais voilà, pour percer en Europe, il faut connaitre du monde ou avoir de la chance en plus de tout ça, donc c'est vraiment compliquer. Ce n'est pas faute d'avoir travaillé pour me montrer quand j'y étais, mais vu que je ne faisais que des reprises à l'époque parce que je n'avais personne pour jouer avec moi régulièrement, je suis arrivé ici en une semaine j'avais un groupe et on commençait à jouer les morceaux d'Arrival.

Je lui expliquai l'origine de Nameless et de pourquoi j'étais venu jusqu'ici pour faire de la musique, il me dit que mon père devait être fier de moi de là où il était.

Je l'espère, il a toujours été derrière moi et je pense que c'est encore le cas aujourd'hui, mais oui, je pense qu'il est fier et je pense que j'ai réussi à rassurer ma mère sur le fait que je pouvais vivre de la musique.

Puis il vient à me demander comment j'avais été repéré, je parlais de ma rencontre avec Liam, je le fais sourire quand j'en parle parce qu'il s'est senti obligé de préciser que Liam était le garde du corps de Billy, je souriais sous mon masque parce que c'est vrai que j'ai eu oublié que ce n'est pas forcément le cas de tout le monde.

Il me dit que ça tombait bien que je parle de Brent parce que après avoir passé la chanson "our world" on allait en parler. On écoute la chanson et je me mets même à faire du air guitare pendant le morceau, puis quand il eut fini, on en revient à ma signature avec MTI et le fait que Brent soit sous la lumière des projecteurs puisqu'il a sorti trois albums les uns derrière les autres. Il me demande si je n'ai pas peur que Brent nous délaisse pour Livia.

On à eu cette discussion et non, il m'a rassuré et il prendrait tous sont temps pour s'occuper de nous tous, c'est lui qui vous a contacté pour que je sois ici ce soir, c'est lui qui a organisé la séance de dédicaces, donc non je ne pense pas que Livia va faire de l'ombre à tous les groupes qui travaillent avec Brent, on pourra même apprendre de cette dernière même qui sait ?

Nameless était bien d’accord pour dire que l’Europe était un peu en retard pour ce qui était de fabriquer de vedettes. Mais il répéta encore que le népotisme était important qu’il fallait connaître du monde et qu’il avait travaillé là-bas pour se faire connaître et que ça n’avait pas marché (mais comme il faisait surtout des reprises, peut-être que là était le plus gros problème). Tandis qu’à L.A., en une semaine, il s’était presque retrouvé sur les feux de la rampe !

Je me frottai le menton, réfléchissant.

-A L.A. aussi, il faut connaître du monde et le népotisme est important… Cependant, il reste de la place pour les artistes qui, comme vous, apparaissent de nulle part. Ce qu’il faut surtout, je pense, c’est une grande part de chance en plus du talent.

En tout cas, son père pouvait être fier de lui. Il était sur la bonne route pour réaliser leur rêve commun. Il confirma et évoqua sa mère qui devait être rassurée qu’il puisse vivre de sa musique.

Je souris puis envoyai la chanson suivante, histoire de bien mettre mon invité en valeur. Celui-ci se mit à faire du air guitar sur sa propre chanson et je le regardai faire, un peu perplexe, tout en m’allumant une nouvelle cigarette. Je n’étais pas un grand expressif… Je ne faisais jamais de gestes inutiles et même si j’allais à beaucoup de concerts et les appréciaient, danser, crier, siffler ou autre chose pour montrer mon contentement n’était vraiment pas mon truc.

J’étais quelqu’un de très discret… Trop peut-être… Et même la joie de vivre naturelle de Carolyn ne pouvait rien y faire.

La discrétion était ancrée dans mes veines comme une question de survie.

Bref, tout ça pour dire que j’étais toujours assez… quoi ?... étonné ? Perplexe ? Devant les gens qui n’hésitaient pas à se donner en spectacle hors scène… Même si là, pour son air guitar, il n’y avait que moi et Charly qui pouvions le voir… Jimmy étant complètement aveugle ne s’en rendant même pas compte de là où il était.

On reprit l’émission, moi ma clope entre mes lèvres et Nameless les mains à nouveau calmes. Puisqu’il avait évoqué son manager, Brent Hughes, j’embrayai sur le sujet. Brent était, pour l’instant, à la fois dans les tops du mois de Tom Tucker, mais aussi dans les critiques les plus acerbes d’autres journalistes comme Axel Moriarty.

Moi, j’avais un avis plutôt neutre. J’attendais de voir. Et pour l’instant, le manager aux cheveux étrangement blancs s’en sortait bien avec trois albums édités en deux mois dont un de la célèbre et jeune chanteuse Livia. Je posai donc la question à Nameless de savoir si son manager allait gérer tout ça puisque c’était la plus grosse critique qu’on lui faisait : lui qui n’avait jamais porté ses artistes au-delà du local, allait-il réussir à en porter trois au rang mondial ?

Nameless fut alors plein de bons mots pour Brent avec qui il avait eu une discussion sur le sujet… Et il énonça ce que Hughes avait déjà fait pour lui.

-Ok ! Vous ne vous sentez donc pas délaissé. Quant à apprendre de Livia, je suppose que ça devrait aller dans les deux sens. Après tout, elle est plus jeune que vous, elle a juste été connue plus tôt.

Le sujet Brent Hughes était donc bien moins polémique que certains journalistes voulaient le laisser croire. Il faisait comme il avait toujours fait, en fait, il traçait son chemin, sans rien demander d’autre que de produire la musique qu’il aimait.

-Parlons un peu de vous, maintenant… Sans rien dévoiler sur votre identité, bien évidemment. Mais les gens aiment connaître les centres d’intérêt de leurs idoles. Avez-vous des hobbys, en dehors de la musique, par exemple ?

Quand je disais qu'à mes yeux, il était plus dur en Europe de devenir artiste. Parce que j'ai travaillé pendant dix ans pour me faire voir, alors qu'aux États-Unis, j'ai mis une semaine pour être embauché.

Il me dit qu'ici aussi, il faut de la chance, mais il me dit qu'il reste aussi de la place pour des gars comme moi.

J'avoue que l'on ne m'avait pas vendu Los Angeles comme ça, on m'a toujours dit qu'on pouvait réaliser nos rêves ici et je l'ai fait donc je n'ai peut-être pas perçu la chose de la même manière qu'en Europe.

Puis, on enchainait sur la rencontre avec Brent. Il lance une autre chanson de notre album avec "Our World" et j'en profitais pour faire du air guitare.  Puis il vient à me demander si Brent n'allait pas nous délaisser parce qu'il avait signé Livia. Je lui répondais que non et je fais la liste de toutes les choses qu'il a faites pour moi. Puis je disais qu'avec une artiste comme Livia, on pouvait apprendre d'elle nous aussi. Mais monsieur Snyder me dit qu'elle pourrait aussi apprendre de nous, elle est bien plus jeune que nous, mais elle a été connue plus tôt que nous.

Il est vrai qu'elle pourrait apprendre de nous, on apprend toujours des autres, c'est bien pour ça que j'écoute attentivement tout ce qu'on me dit et après, je fais le tri. Mais si elle a besoin de conseils, ce sera avec plaisir. Tous comme tous nos auditeurs et auditrices, si on à l'occasion de se rencontrer !

Il veut ensuite parler un peu plus de moi sans dévoiler mon identité. J'hochais la tête comme pour lui indiquer que j'étais OK avec ça. Il me demande si j'ai des hobbys en dehors de la musique.

J'adore le sport automobile, c'est quelque chose que j'aime regarder et j'avoue que depuis que je suis arrivé ici, j'ai pu regarder pas mal d'épreuves qui se passent par ici et même là-dessus, c'est différent de l'Europe, et c'est tout aussi plaisant. Sinon j'aime le... J'ai peur de dire une bêtise parce que vous avez le Soccer et le football, je ne sais plus lequel se joue avec les mains, mais moi, je suis un grand fan de celui qui se joue au pied !

Nameless comparait l’Europe et les USA pour ce qui était de progresser dans le monde de la musique. Il était vrai que les mentalités étaient très différentes… Et en même temps, pas vraiment. La seule différence, c’était qu’ici, il y avait toujours de la place pour des petits jeunes qui commençaient, même s’ils ne connaissaient personne d’important. Le tout était d’avoir de la chance, de se trouver au bon endroit au bon moment et l’histoire de la découverte de Nameless par Liam Taylor le prouvait.

Mais autrement… Connaître du monde était quand même toujours un atout. C’était comme ça qu’il y avait de véritables dynasties à L.A., comme dans le cinéma, par exemple, avec les North, Christopher, Hank et Robin…. C’était aussi par népotisme et quasiment de droit divin que Jimmy Reed était devenu la tête pensante de BSC après la mort de son père. Pour ne citer qu’eux.

Mais comme le disait Nameless, ce n’était pas le L.A. qu’on lui avait vendu et ce n’était pas ce L.A. qu’il avait expérimenté. En même temps, il avait signé avec celui dont on disait qu’il était un éternel outcast : Brent Hughes… Alors forcément…

J’avais passé Our World avant de reprendre l’interview là où on l’avait laissée… Je lui demandai alors si ça allait, justement, avec Brent Hughes et il semblait vraiment satisfait du travail de son manager qui lui organisait des événements et tout, sans lui laisser, apparemment, penser qu’il s’occupait plus de la jeune Livia qui, elle, avait déjà une renommée qui dépassait de loin les frontières de L.A.

Il voyait même le bon côté des choses en disant que lui et son groupe pourraient apprendre d’elle. Moi, je trouvais que ça pouvait aller dans les deux sens. On peut toujours apprendre de quelqu’un qui que ce quelqu’un soi…

Et Nameless était bien d’accord avec ça. Non seulement il écoutait, mais il n’était pas contre donner des conseils de son propre chef. Je trouvais qu’il avait une bonne mentalité, ouvert et tout.

-Moi-même, je devrais en prendre de la graine.

Mais j’étais trop renfermé sur moi-même… Trop psychorigide… Et, il fallait l’avouer, trop effrayé… Tout le temps effrayé. Une peur qui pouvait me rendre violent comme quand Daniele Ricci, dans le lobby d’un hôtel en Belgique lors d’une tournée, avait fait une blague odieuse sur les juifs… ça m’avait valu une nuit en cellule, d’ailleurs.

Je secouai légèrement la tête pour chasser ce souvenir de mon esprit et posai la question de ses hobbys à mon invité, sur un ton plus léger.

Il aimait le sport automobile et me fit rire quand il hésita sur le terme à employer pour désigner le football tel qu’il était joué en Europe.

-Ici on dit « soccer »… Mais j’ai moi-même tendance à dire « football » parce que, déjà, ce sport est arrivé sur cette planète avant le football américain et, comme vous le dite, le « foot-ball » doit se jouer avec les pieds, sinon, le nom n’a plus de sens.

Il y avait aussi le fait, tout simplement, que ma mère étant Allemande d’origine, elle disait aussi « football » pour « soccer »… Et j’en avais pris l’habitude.

-Un grand fan de sport, donc !

Je tirai sur ma cigarette.

-Revenons en un peu à la musique et à votre carrière. Est-ce que vous avez un but en particulier, un rêve que vous pourriez réaliser en tant que Nameless ? Comme de jouer dans un endroit spécial ou quelque chose comme ça ?

J'ai comparé les États-Unis et l'Europe. Mais quand il m'a dit que le L.A qu'on m'a vendu n'était pas la réalité, je lui dis que c'est impossible pour moi d'être objectif.

On enchainait avec la chanson "Our World" et le fait que Brent lui n'ait d'yeux que pour Livia. Je le rassure en faisant la liste de tout ce que Brent avait fait pour moi. Et que j'avais eu la discutions avec lui à propos de tout ça et qu'il m'a rassuré. Et en plus l'avantage, c'est qu'on peut apprendre d'elle, mais comme me disait que monsieur Snyder, elle pourrait apprendre de nous, je lui disais que j'étais à l'écoute et que je prenais en compte tout ce qu'on me dit, il me dit qu'il devait faire pareil.

ça aide pas mal, à mes yeux. On apprend tous les jours, même sans le voir. La vie est un chemin que l'on trace nous-mêmes avec tout ce qu'on apprend.

Puis, on vient à parler de mes hobbies, je lui parle de course, de voiture et de football, enfin soccer ici.

Un grand fan de sport, en effet, mon club favori est le Blackpool FC. Enfin voilà, c'est l'une des choses que j'aime.

Puis, il vient à me parler du rêve qu'on pourrait réaliser ou une salle qu'on aimerait faire.

Hummm c'est une excellente question. Je dirais que jouer en France et en Angleterre, ce serait vraiment exceptionnel, sinon en rêve ? Je dirais pouvoir rendre un maximum de gens heureux et inspirer et les aider à s'accrocher à quelque chose qui les aide tous les jours !

En écoutant Nameless, j’avais bien l’impression que ce gars de 25 ans avait plus de maturité que moi sur certaines choses. Ou tout du moins, une meilleure mentalité. Il disait qu’on apprenait tous les jours. Je savais que c’était vrai, mais encore fallait-il, pour apprendre, se confronter au monde, parler avec les gens. Or, si j’étais assez avenant en interview, parce que c’était prévu, je n’étais pas vraiment le genre à aborder les gens pour de nouvelles rencontres.

« La vie est un chemin que l’on trace nous-même avec tout ce qu’on apprend. » Je laissai passer un court silence, le temps d’intégrer cette phrase. Sans me rendre compte qu’en fait, Nameless était justement en train de m’apprendre quelque chose.

La vie n’était pas seulement un combat pour la survie. Ça, c’était mon cerveau qui se faisait des films.

Je ne commentai pas, cependant, gardant cette petite phrase pour moi comme pour l’observer de plus près plus tard… L’analyser et, peut-être, l’intégrer.

En attendant, je lui posai la question sur ses hobbys. Il aimait le sport automobile et le football. Je tirai sur ma clope en souriant. Tout en Nameless sentait l’Européen… Et ça me dépaysait un peu parce que je n’avais pas souvent l’occasion d’en rencontrer.

Puis, je lui demandai quels étaient les endroits où il voudrait jouer, quels étaient ses rêves. Et la réponse me fit sourire, parce qu’elle était ni réellement ambitieuse, ni modeste. Un juste milieu.

-Je pense que comme vous êtes lancés là, la France et l’Angleterre seront bientôt abordables pour vous.

Je le regardai dans les yeux.

-Et pour le reste, rendre les gens heureux, les inspirer et les aider, je dirais que la musique sert à ça. Vous êtes donc sur la bonne voie sur tous les niveaux, mais ce n’est que mon humble avis.

Je regardai un instant mes notes avant de lancer une autre question.

-Vous avez dit plus tôt que votre groupe, Nameless, qui est composé de vous et de trois autres musiciens dont nous tairont les noms pour garder le mystère, a été construit en une semaine. Est-ce que ce groupe va rester comme ça, ou va-t-il y avoir des ajouts, un nouveau musicien par exemple ? Ou des chœurs ?

J'étais entrain de faire de la philosophie. En effet, je lui faisais part de ma vision de la vie. Il semblait réfléchir à ce que j'ai dit.

Puis il me demande ce que j'aime, je lui parle du fait que j'aime les sports mécaniques et le football.

Il me demande où est-ce que je voudrais, jouer et quels étais mes rêves. Je lui parle du fait de jouer en Angleterre et en France. Il me dit que vu comme on est parti il pense que ça sera faisable rapidement.

Je vous remercie, on travaille dur pour y arriver !

Puis il me regarde dans les yeux avant de me dire que pour ce qui est d'aider les gens, les inspirer et les rendre heureux, on était bien parti.

Quand mes parents ont malheureusement quitté ce monde, la musique m'a sauvé la vie, je me suis accroché à ça et voilà, j'ai réussis à sortir la tête de l'eau et je suis en face de vous.

Il pose ses yeux sur ces notes avant de me demander si le groupe va rester comme ça ou si on va faire bouger les choses. Je crois les bras et m'avance à nouveau un peu plus près du micro.

Et bien, j'ai le plaisir d'annoncer en exclusivité ici que Nameless aura une choriste et claviériste dans son groupe à partir du prochain album !

Nameless disait travailler dur et je n’en doutais pas. Il était à peine arrivé à L.A. que son premier album avait suivi peu après. Selon moi, s’il continuait comme ça, Nameless pouvait aller loin et ses rêves, qui restaient réalistes, seraient un jour à la portée de sa main !

Il souhaitait aussi inspirer les gens et être une bouée de sauvetage, si on voulait, pour ceux qui en auraient besoin. Il disait lui-même avoir été sauvé par la musique après la mort de ses parents. J’avais déjà entendu ce genre de discours, notamment de la bouche de Sniper que la musique avait maintenu en vie, même quand il était au 36ième dessous.

La musique avait ce pouvoir. Je le savais. Quand j’étais angoissé, j’écoutais, moi aussi, de la musique.

Je lui souris.

Pour terminer, je lui demandai si son groupe était définitivement formé ou si nous pouvions nous attendre à d’autres surprises. Et en effet, Nameless avait encore des cartes dans son jeu.

-Une choriste et claviériste ! La seule femme dans Nameless alors, sauf si je me trompe à cause des costumes et des masques.

J’avais bien l’impression que jusqu’ici, les membres de Nameless étaient tous des hommes, mais avec leurs déguisements, je pouvais me tromper.

-Et bien je pense que nous pouvons terminer cette interview sur cette annonce. Nameless, merci de nous avoir accordé un peu de votre temps. Au plaisir de vous revoir en concert et d’entendre votre prochain album, alors !

Je laissai Nameless saluer les auditeurs avant de clôturer.

-C’était Jake Snyder pour L.A.ROCKS. Et on va se quitter sur une dernière chanson de Nameless, Je vous aime, Je dois partir. Schüss !

Après avoir fait part de mon envie de faire mieux, de continuer de travailler pour faire plaisir aux gens, de les aider, de les inspirer. D'après monsieur Snyder si on continuait comme on le faisait, on y arriverait. Je le remercie.  Je parle de la disparition de mes parents et du fait que la musique m'a sauvé la vie.

On termine l'interview avec la question de savoir si le groupe allait rester comme ça ou pas. J'annonce qu'il y aura une claviériste et une choriste qui va nous rejoindre pour le prochain album. Il me dit que c'est la seule fille du groupe d'après ces informations.

Tout à fait, on voit le groupe comme quatre frères qui font de la musique. Et du coup, maintenant, on a aussi une sœur !

Je souffle un rire. Il me dit qu'on va finir l'interview. Il me remercie de lui avoir accordé du temps et qu'il a hâte de nous entendre pour notre prochain album et en concert.

J'ai passé un excellent moment, je suis prêt à revenir quand vous le souhaitez ! Et j'espère que la suite de Nameless plaira à un maximum de gens ! Merci beaucoup d'avoir écouter et à très vite !

Il lance la chanson "Je t'aime je dois partir" pour terminer. Quand cette dernière fut terminée, j'attends les signes des techniciens pour retirer mon casque et je regarde le journaliste.

Merci beaucoup, monsieur Snyder j'ai pris un vrai plaisir à venir ici !