Je suis né au Kansas, d'un père garagiste et d'une mère barmaid. Je suis un fan de rock depuis le tout début de mon adolescence. Pour mes dix ans, mon père m'avait offert un tourne-disque et quelques 33 tours! Encore aujourd'hui, cela reste le plus beau jour de ma vie, à la fois parce que je pouvais écouter en boucle mes titres préférés que j'avais découverts sur les radios pirates, mais aussi et surtout parce que j'avais conscience des mois d'économie que mon père avait mis pour m'offrir ça!

Je passais tout mon temps avec mon père, parce que ma mère en fait... Je sais pas... Déjà, elle était tout le temps au bar, même quand elle ne travaillait pas. Elle et mon père ne semblaient plus s'aimer depuis longtemps sans que j'arrive à en déterminer la cause. Ils semblaient juste las l'un de l'autre. Ils restaient ensemble parce qu'ils avaient besoin l'un de l'autre pour s'en sortir financièrement. En gros, ils n'avaient pas le choix.

Je n'étais pas très doué à l'école et je préférais de loin travailler au garage avec mon père à réparer des bagnoles. C'est là que j'ai appris la mécanique ainsi qu'à souder et à monter et démonter des moteurs et des carcasses de voitures.

Mon père fini par mourir d'on ne savait pas trop quoi, et ce deux ans après que ma mère se soit taillée en Californie avec une bande de motards parce qu'elle était tombée amoureuse de l'un d'eux... D'après ce qu'on avait vaguement compris dans le mot qu'elle nous avait laissé sur la table de la cuisine. Mais elle n'avait pas laissé d'adresse, ni de numéro de téléphone.

J'avais 22 ans quand mon père est mort. Mais la maladie l'avait bouffé pendant un an. Pendant ce temps, j'avais pris le garage en main et je ne m'en sortais pas trop mal, m'occupant de mon père le reste du temps.

Sa mort fut la seule chose qui pu venir temporairement à bout de ma joie de vivre. Je ne voulais pas rester là, dans cette maison où on avait écouté tant de disques ensemble alors que ma mère était on ne savait où... Le moindre recoin de cette baraque me faisait penser à mon père. Même dans le garage, je ne pouvais empêcher mes larmes de couler sur mes joues.

Alors j'ai tout vendu... Et je suis parti... En Californie. J'avais envie de retrouver ma mère, que je tenais quelque part pour responsable de la mort de mon père, mais surtout du fait que, me retrouvant seul, je n'avais pas pu faire face et j'avais été obligé de vendre le garage.

Tout ce que j'ai gardé, c'est sa voiture, une Chevrolet Impala de 1967 (dans laquelle, d'après les dires de mon père, j'avais été conçu), et mes affaires que j'avais entassé dans le coffre. L'argent de la vente de la maison et du garage me permis de vivre sur la route un petit temps. Jusqu'à ce que j'arrive en Californie.

Je n'y ai jamais trouvé ma mère. Enfin, pas jusqu'à maintenant. Faut dire que je n'ai pas vraiment cherché non plus, car à peine arrivé, je trouvai sans problème du travail dans un garage.

J'y restai jusqu'à mes 28 ans. Un matin, en ouvrant le journal, je tombai sur une annonce d'un groupe qui s'appelait The lightening. Ils venaient de sortir un disque que j'avais déjà acheté et la version cassette de l'album tournait en boucle dans ma voiture. C'était une annonce avec le logo de MTI, et donc tout ce qu'il y avait de plus officiel. Ils cherchaient quelqu'un pour monter la structure d'une scène assez conséquente et cela précisait que la polyvalence serait un atout!

Ok! Je me jetai sur l'occasion et allai me présenter, au building de MTI, m'attendant à être reçu par The Ligtening eux-mêmes! Je présentai mon C.V. fait à l'arrache à un petit gros qui commençait à perdre ses cheveux, à l'accueil. Il jeta à peine un coup d'oeil sur la feuille, il fait de même avec moi, et m'annonça que j'étais engagé.

Mais aucune trace de The lightening. Pas grave. J'étais quand même content.

J'appris à monter et démonter quelques fois la structure de la scène avant que la tournée américaine ne commence. Et ce n'est que lors du premier concert que je pus apercevoir The lightening de près! Et voir Billy Lighter à l'oeuvre. Je finis, grâce à mon caractère quelque peu culotté, à me rapprocher d'eux, créant un lien si pas amical, au moins agréablement professionnel.

Et je compris assez vite que Billy Lighter n'était pas facile à vivre, mais que si on savait comment le prendre, il était le plus sincère des mecs qui faisaient du rock sur terre... Malgré tout ce que les magazines pouvaient raconter sur lui...