J’ai vu le jour en Irlande. Mes parents étaient tous les deux musiciens. Ce n’était pas leur métier principal parce qu’hélas faire de la musique folk dans des pubs ne payait pas toujours bien… En journée, ma mère était couturière et mon père travaillait dans une boulangerie.

Jusqu’à-ce que mes parents décident, quand j’avais 2 ans, de changer d’air. Ils adoraient l’Irlande mais ils avaient envie de découvrir le monde. Ils ont tout vendu pour se payer de quoi aller jusqu’à Los Angeles, une destination dont ils rêvaient. Ils savaient qu’une fois là-bas, les choses ne seraient pas faciles. Mais ils savaient aussi qu’ils seraient capables de travailler pour arriver à avoir une vie décente.

Dès notre arrivée, mon père a réussi à trouver un job dans un pub Irlandais. Il y travaillait comme barman. Alors que ma mère, elle, m’élevait à la maison. Ils n’ont pas arrêté la musique. Ils faisaient de temps en temps des représentations à l’endroit où mon père travaillait, la musique folk étant dans le thème de l’endroit.

On était heureux comme ça… Tout du moins, du peu que je me rappelle de cette période, on était heureux…

Mais le destin a voulu que les choses changent. Et elles ont changé brutalement une soirée de 1955. J’avais cinq ans et mon père m’avait emmené avec lui au travail, ce qu’il faisait de temps en temps pour que ma mère puisse faire des soirées avec ses amies. La soirée s’est bien passée, j’adorais suivre mon père à son travail et profiter de la musique du pub.

Seulement, une fois qu’on fut rentré, ma mère n’était pas revenue… Elle n’est, d’ailleurs, jamais revenue… Mon père et la police ont fait tout leur possible pour essayer de trouver sa trace. C’est mon père qui me l’a dit… Mais jamais ils n’ont pu savoir si elle était partie sans laisser d’adresse ou si on l’avait assassiné... Aucun corps n’a été retrouvé laissant le mystère entier encore aujourd’hui.

Cet événement a complètement détruit mon père. Il s’est mis à boire... Il n’avait pas l’alcool méchant… Disons qu’il avait l’alcool mou. Il restait la plupart du temps dans le fauteuil à cuver ou à boire. Et si, autrefois, il y avait de la musique partout dans la maison, maintenant, c’était le silence total…

Et notre vie s’est vite dégradée… Mon père a perdu son boulot à cause de son alcoolisme. Et il restait la plupart du temps à la maison n’étant même plus motivé pour travailler si bien qu’on fut vite expulsé de notre petite maison de South L.A…. Mon père nous trouva un autre logement dans l’Eastside alors que j’avais 7 ans. Forcé de trouver un travail pour manger, mon père à enchainer les petits jobs qu’il finissait par perdre parce qu’il était en retard au travail ou parce qu’il était trop bourré que pour faire ce qu’il avait à faire.

Moi, j’essayais de vivre normalement… Mais l’argent manquait tellement qu’à 12 ans, je dû quitter l’école pour faire des petits jobs et aider à nous tenir à flot. Je faisais ça pour nous et parce que j’aimais mon père. A cette époque, j’espérais secrètement qu’il remonte la pente.

Mais il ne l’a jamais remonté. L’alcool a fini par le tuer alors que j’avais 13 ans. J’ai fini dans un orphelinat… J’ai détesté cet endroit dirigé exclusivement par des religieuses. Il n’y avait aucune musique… Rien… Mais je me suis pris d’affection pour les autres enfants qui sont devenu, avec les années, comme des frères et sœurs pour moi. J’ai pu, aussi, retourné à l’école ou j’ai pu me remettre à la musique.

Mais mon destin changea à nouveau une fois mes 18 ans atteint. Je dû partir de l’orphelinat laissant mes amis derrières. J’ai pu retrouver un logement mais il me fallait de quoi payer et le petit job que j’avais trouvé comme vendeur de journaux était loin de faire l’affaire… Mais ce boulot avait au moins la qualité de me laisser du temps libres. Un temps libre que je consacrais à la musique et… Aux mauvaises fréquentations. Les Los Diablos.

C’est dans un bar que j’ai rencontré l’un d’entre eux. Alonso. On a fait connaissance un soir de débauche où je claquais le fric que j’avais récolté en pinte. Je lui ai fait part de mes problèmes d’argent et il m’a offert un job : dealer pour lui. J’ai accepté. Et Alonso m’a donné plus qu’un job, il m’a donné une famille et ça même si je dénotais en temps qu’Irlandais au milieu des latinos. Les Los Diablos sont devenus, rapidement, pour moi, les membres de ma famille. Il y avait un genre de code d’honneur implicite qui consistait à veiller les uns sur les autres. Rares étaient ceux qui ne respectaient pas ce code implicite. J’avais 20 ans quand je les ais rejoins et, à partir de là, ma vie a complètement changé.

Je dealais… Mais ça me donnait assez d’argent pour avoir un petit appartement sur l’Eastside et de consacré des heures à la musique mais aussi à divers sports que j’appréciais depuis mon adolescence comme les sports de combats. J’étais entrainé au point qu’Alonso me prenait avec lui pour certaines missions plus délicates. Il savait qu’il pouvait compter sur moi en toute circonstance.

C’est durant cette période que j’ai commencé à composer des chansons. J’ai voulu essayer des choses nouvelles inspiré de ce que j’entendais dans mon bar favori : les Stryge Bar. J’étais autant fan de folk que du métal qui sortait des guitares de Roadtramp. Mais j’étais aussi attiré par des styles qui semblaient allier les deux. C’est de tout ça que je m’inspirais pour créer un style qui collait parfaitement à l’ambiance du Stryge. Un Stryge où j’ai pu, dernièrement, faire des petites représentations avec ma guitare et ma voix. Il faut dire qu’avec les années à jouer les piliers de comptoire, je m’y étais fait pas mal d’amis.

Et, il y a peu, sur un coup de tête… J’ai décidé de tenté le coup et d’envoyé une démo aux maisons de disques du coin. J’avais peu d’espoir que ça aboutisse mais j’étais sûr, au moins, de ne pas avoir de regrets.